vendredi 18 septembre 2015

Les « fondamentaux », au cœur des nouveaux programmes scolaires

LE MONDE | • Mis à jour le | Par
Des écolières de l'école Jules Ferry à Fontenay-sous-Bois le 1 septembre 2015. Des écolières de l'école Jules Ferry à Fontenay-sous-Bois le 1 septembre 2015. CHARLES PLATIAU / REUTERS

Les historiens de l’école se plaisent à le rappeler, aucun nouveau programme n’échappe à la critique. C’est pourtant l’objectif que s’est fixé le Conseil supérieur des programmes (CSP) qui rend publique, vendredi 18 septembre, la deuxième – et dernière – mouture des projets de programmes de cycle, du CP à la 3e. Les documents définitifs que Le Monde a pu consulter entendent mettre un terme aux polémiques du printemps. Terminées, les thématiques historiques laissées au libre choix des enseignants, au détriment du « récit national ». Bannis, les expressions techniques et le jargon raillé des enseignants eux-mêmes, en particulier en éducation physique et sportive. Dépassé – c’est en tout cas ce qu’espère le CSP – le danger d’un « nivellement par le bas » : si d’aucuns avaient dénoncé en avril une première version simplifiée à l’extrême – pour laisser plus de liberté pédagogique aux enseignants, plaidait le CSP –, les nouveaux programmes se sont étoffés, complexifiés… Ceux de cycle 4 (5e, 4e, 3e), notamment, sont deux fois plus longs que dans la première version.
C’est sur ce degré d’exigence accru que la ministre de l’éducation nationale a d’ores et déjà choisi de communiquer, survalorisant l’accent nouveau mis sur les « fondamentaux ». « La pratique répétée de la lecture et de l’écriture, la discipline exigée par des dictées quotidiennes sont indispensables », affirme Najat Vallaud Belkacem dans Le Monde du samedi 19 septembre. En plus des dix heures classiquement consacrées au français, explique la ministre, dix heures hebdomadaires seront consacrées à des activités quotidiennes d’oral, de lecture et d’écriture.

Ecrire seul un « texte correct » en 5e

A la lecture des nouveaux programmes, notamment ceux de cycle 2 (CP,CE1,CE2), on ne peut que constater la place, majeure, accordée au lire, écrire, compter. Il est ainsi question, page 15, d’« occasions d’écrire très nombreuses [qui] devraient faire de cette pratique l’ordinaire de l’écolier » ; page 19, d’« au moins une séance quotidienne » en écriture ; ou encore, en mathématiques, page 34, d’une « pratique quotidienne du calcul mental [qui] conforte la maîtrise des nombres et des opérations ». Au collège, aussi, une marche est franchie : un élève de 5e doit pouvoir écrire seul un « texte correct » de 500 à 1 000 signes, en 4e et 3e de 2 000 à 3 000 signes.
Pour le ministère de l’éducation, l’enjeu est double : s’éviter un « procès en laxisme », alors que s’engagent les discussions sur la réforme sensible de l’évaluation et de la notation ; et sans doute aussi focaliser l’attention sur des activités – lecture, écriture, calcul – qui parlent à tous, enseignants comme parents, à droite comme à gauche de l’échiquier politique. Un contre-feu ? Dans les rangs du CSP, jeudi soir, on s’étonnait un peu de ce choix de communication, de cette « interprétation ».
Pour le CSP, l’essentiel est ailleurs. Dans la forme du document d’abord. Du début à la fin de la scolarité obligatoire, ce sont des textes uniformisés qui sont offerts à la lecture des enseignants, mais aussi des parents d’élèves – auxquels certains passages, plus abordables, sont désormais destinés, en particulier ceux liés aux « compétences travaillées ». Un quadruple niveau de lecture (par compétences, disciplines, cycles et années) entend concrétiser en douceur la logique du « socle commun ». Les exemples d’activités sont bien plus détaillées qu’auparavant pour les enseignants en manque d’inspiration didactique.

Une place pour les « enseignements pratiques interdisciplinaires »

Sur le fond, aussi, les projets de programmes ont évolué – d’autant que les 40 000 enseignants consultés à leur sujet, avant l’été, les avaient jugés avec sévérité. C’est manifeste en français : si l’on ne trouve pas les listes d’ouvrages ou d’auteurs que certains réclamaient, le CSP propose des « indications de corpus ». En 5e par exemple, sans citer Molière, il est question de « lecture intégrale d’une comédie du XVIIe siècle ».
A ceux qui voulaient voir dans la première version des programmes d’histoire une « survalorisation » de l’islam au détriment de la chrétienté, le CSP propose un nouveau thème d’étude : « Chrétienté et islam, des mondes en contact » – première des thématiques introduites en 5e. La première guerre mondiale, placée initialement en fin de 4e et que les enseignants craignaient de ne pas pouvoir aborder, faute de temps, rejoint « les guerres totales » du XXe siècle, thème lourd abordé en 3e. Le rôle de la chronologie est réaffirmé.
Dans cette deuxième mouture, une place considérable est faite aux EPI, ces « enseignements pratiques interdisciplinaires » introduits par la réforme du collège. Les notions qui s’y prêtent sont identifiées. Ainsi, pour l’EPI « information, communication, citoyenneté », un travail sur le décodage de la propagande est proposé mêlant histoire, français, langues étrangères… Pour le CSP, l’essentiel – la logique par cycle de trois ans et par compétences – est sauf. Reste à savoir comment l’ensemble sera accueilli par la communauté éducative.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/education/article/2015/09/18/les-fondamentaux-au-c-ur-des-nouveaux-programmes-scolaires_4761915_1473685.html#oR95yl4ifPOLWAom.99

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