Après Dakar, Paris reçoit le 27 octobre prochain le Forum
économique de la Francophonie. Objectif : révéler le potentiel de la langue
française hors de la sphère proprement culturelle.
Faut-il le rappeler ? Avant d'être baptisée «
Organisation internationale de la Francophonie », l'Agence de la Francophonie
s'appelait Agence de coopération culturelle et technique (ACCT). Est-ce
l'époque ou le profil de ses principaux inspirateurs (Léopold Sédar Senghor,
Hamani Diori et Habib Bourguiba) qui a dégagé l'économie de son horizon et de la
perception qu'en a souvent eue le grand public. Une chose est sûre : dans
l'esprit de beaucoup, « Francophonie » rime plus avec « culture » et « art »
qu'avec « économie ».
L'économie, un thème présent mais discret
depuis longtemps
Pourtant, assez tôt, la question économique est
entrée dans les préoccupations des francophones, notamment des hommes
d'affaires. Pour preuve, à côté de nombreuses structures où la langue française
est mise en avant, il y a le Forum francophone des affaires. C'est même lors du
Sommet des chefs d'État francophones en 1987, le 2e, en septembre au Québec,
qu'il a été créé. À ce jour, le Forum francophone des affaires (FFA) est
d'ailleurs la seule organisation économique qui lui soit associée. Celle-ci
fédère des acteurs économiques publics et privés ayant en commun l'usage du
français et vise à développer les relations et les échanges entre eux. Elle
présente une particularité presque cocasse quand on sait combien les
francophones sont convaincus d'être à la traîne des anglophones par exemple. À
la suite d'accords passés dans les pays arabophones, francophones, hispanophones
et lusophones, le Forum francophone des affaires est présent sur tous les
continents. Résultat : il est le premier réseau mondial d'entreprises. Qui l'eût
cru ? C'est dire qu'un gisement existe qu'il s'agit maintenant d'exploiter et de
transformer. À l'image des pays riches en matières premières, la Francophonie se
doit de créer de la valeur en s'appuyant sur toutes les facilités, tous les
ponts que l'usage du français dans de nombreux pays lui offre. Autrement dit,
l'heure est à la mise en oeuvre, celle d'une réflexion pour replacer le français
dans plus de cercles économiques et d'affaires, pour développer une stratégie à
même de donner à l'ensemble des acteurs francophones, pays, entreprises, hommes
d'affaires, une synergie et une cohérence compétitive dans la mondialisation
actuelle. Et la tâche est immense face à l'anglais, au mandarin, à l'espagnol et
à l'arabe, pour ne citer que ces langues.
Un forum qui balaie large
Il faut croire que ce Forum économique
francophone, le 2e organisé par Richard Attias, en a saisi tous les contours
puisqu'il envisage d'aborder la question de la situation du français à partir de
plusieurs angles avec comme finalité la mise en oeuvre d'une stratégie
économique efficace sur tous les continents. Décideurs, dirigeants économiques,
jeunes entrepreneurs sont au coeur des réflexions qui vont être menées. Il en
est de même des secteurs qui vont être traités. L'agriculture, l'éducation avec
tous ses volets différenciés, de la base jusqu'à l'enseignement supérieur, en
passant par l'apprentissage, les contenus audiovisuels numériques, les
industries culturelles…
Un challenge fort avec l'urbanisation
galopante
Parmi les terrains où se jouera le sort de la
Francophonie économique, il y a ceux des villes, des métropoles plutôt,
tellement la croissance urbaine sera forte, notamment sur le continent africain
dont il faut rappeler qu'il sera dans les prochaines années le principal
pourvoyeur de francophones avec près de 54,7 % des locuteurs, devant l'Europe
(près de 37 %) avec en ligne de mire la barre des 350 millions. Comme noté par
la Fondation AfricaFrance lors du forum Partenariats France-Afrique lusophone de
ce 22 septembre à Paris, c'est un milliard d'urbains, soit 600 millions de plus
qu'aujourd'hui, qu'il faudra installer en Afrique. C'est dire qu'un levier est
là qui pourrait stimuler la capacité d'innovation, la productivité et
l'efficacité énergétique dans les espaces francophones, et ce, pour un
développement économique qui prenne en compte le bien-être à la fois des hommes
et de la terre, pour un développement durable. Dans la perspective de la
Conférence climatique de Paris (COP21), du 30 novembre au 11 décembre, cela fait
sens et pourrait déjà inscrire les francophones, ensemble, dans le cercle
vertueux de la lutte contre le réchauffement climatique. Une manière d'inaugurer
dans les faits la Francophonie économique.
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