mercredi 22 juin 2016

Benoîte Groult, délit de vieillesse

Par (mis à jour le ) LIBERATION

La romancière française, grande figure du féminisme, est décédée ce lundi soir à l’âge de 96 ans. «Libération» l’avait rencontrée en 2006 pour un portrait, que nous republions.

  • La journaliste et écrivaine Benoîte Groult en 2006 chez elle à Paris.
    La journaliste et écrivaine Benoîte Groult en 2006 chez elle à Paris. Photo Mathieu Zazzo pour Libération
Benoîte Groult, 86 ans, militante féministe et écrivaine, mène un dernier combat, celui de mourir quand elle veut.
Elle peste et proteste, l'oeil gris comme un avis de gros temps sur West Ireland. Tous ces hommes, Jean-Louis Servan-Schreiber, François de Closets, qui prétendent raconter la vieillesse du haut de leurs 65, allez, au mieux, 70 ans... Benoîte Groult, 86 hivers depuis la semaine dernière, les regarde du grand large : «Ils n'ont encore rien vu, ils sont dans l'enfance du grand âge. Il faut vingt ans pour faire un vieux. Exactement comme pour fabriquer un adulte.» On naîtrait vieillard vers 65 ans, dit-elle, et on grandirait jusque vers 85. Après... On commence à penser à appuyer sur la Touche étoile, titre de son dernier livre (1). Comme Mireille Jospin et Claire Quillot, parties quand elles l'ont choisi. Parce qu'au-delà de cette limite, «c'est irréversible et accéléré» : «Tous les ans, on regrette l'année précédente. J'en suis à pleurer sur le paradis de mes 83 ans, c'est dire.» Il faut connaître ses propres limites, symbolisées par l'essentiel. Pour Benoîte Groult, c'est un filet à crevettes. Quand elle ne pourra plus traquer le bouquet sous les varechs du Morbihan, sa vie ne vaudra plus la peine d'être vécue. Même si elle n'a pas fait que ça depuis 1920.
Benoîte Groult fait la promesse de partir vivante. Pas «à demi morte» aux commandes d'un déambulateur, elle qui godille encore dans sa baie bretonne. Elle cite Louis Aragon : «Que s'est-il donc passé ? La vie et je suis vieux», et se fait prosélyte pour l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD ), son ultime objet de militantisme. Arguments : «On a le droit de faire toutes les conneries que l'on veut toute sa vie. Se marier, se tromper, divorcer et même de se suicider. Mais au moment de mourir, terminé la liberté. On devient le jouet de forces adverses dont on n'a rien à faire, la morale, le pape, ou des médecins qui ne veulent pas entraver leur carrière.» Benoîte en veut à la France, comme au temps de la loi Neuwirth en 1967, quand les députés de tous bords s'effrayaient de ces femmes bientôt autorisées à prendre la pilule, qui allaient «se comporter comme des chiennes dans les rues». Ou comme avant la légalisation de l'avortement, autorisé après qu'elle en a subi cinq. «Le refus de la naissance choisie et de la mort choisie, c'est la même idéologie contre la liberté.» Elle prévient : «Mais on finira par y venir pour des raisons économiques qui seront les pires : on ne va plus savoir quoi faire de tous les vieux, les hospices vont déborder et les retraites ne seront plus payées.» La vieillesse est un délit et la mort, le dernier vrai tabou, dit celle qui fulmine contre «notre pays rétrograde», prête à un ultime voyage en Belgique. La mer y est triste certes, mais «euthanasie», belle mort en grec, n'y est plus un gros mot. «Dans ma jeunesse, c'était "vagin", le mot interdit. Dans le Larousse, on trouvait pénis, testicules, même bite et couilles. Mais pas vagin. Nos organes, par lesquels passe toute l'humanité, étaient innommables.»
Quatre-vingt-six ans et toutes ses dents, Benoîte Groult. Et droite comme une plume, la pommette rose. «J'ai fait deux liftings. Pour moi d'abord, car ma peau vieillissait plus vite que moi, je me trouvais l'air antipathique. Et contre tous ceux qui pensaient que les féministes étaient vieilles, moches et mal baisées. Je n'ai rien été de tout ça.» Au mur de son appartement parisien, une grande photo d'elle entre deux hommes, dans un paysage du Kerry irlandais cher à son coeur : François Mitterrand et l'écrivain Paul Guimard. Paul, conseiller du président de 1981 à 1986, était son mari. Pour lui, la vieillesse était un caillou sur une plage déserte. Il est mort à 83 ans d'avoir trop fumé, trop bu, trop vécu. Il disait de leur couple : «Nous marchions du même pas.» Quand Benoîte avait présenté Paul, cinquante-deux ans plus tôt, sa mère s'était écriée : «Un homme beau ! Tu vas souffrir, ma fille.» Elle a souffert. Et même écrit un livre sur la jalousie, le Féminin pluriel, en guise de thérapie. Elle conseille d'écrire des livres plutôt que de suivre des psychanalyses.
Benoîte Groult a écrit sur tout. Les jeunes filles rangées, les femmes rompues, la force de l'âge mûr, et maintenant la vieillesse, dans son livre «testament». Son oeuvre est un livre de toute la vie, la sienne, une rampe pour toutes les générations. A la façon de Simone de Beauvoir, l'humour en plus. Son Deuxième Sexe à elle, écrit à 55 ans et intitulé Ainsi soit-elle, s'est vendu à 1 million d'exemplaires. Dans ses livres, Benoîte Groult mélange ses maris, ses amants et ses réflexions politiques. Elle a raconté l'enfant(e) élevée à Sainte-Clothilde, appelée à devenir femme au travers de modèles édifiants : Bécassine, la sainte Vierge ­ «sûrement l'invention la plus perverse !» ­ et Jeanne la Pucelle. Elle était complexée d'être fille, rabaissée surtout par sa mère, grande bourgeoise parisienne élégante, habillée par son frère le couturier Paul Poiret. La petite fille qui voulait devenir institutrice n'était jamais assez belle, jamais assez brillante pour cette mère (morte en 1967 de la maladie d'Alzheimer), amante de Marie Laurencin à une époque où les amours saphiques faisaient sourire dans le milieu des Groult, artiste et déluré. Le père, décorateur lancé, s'en amusait. La mère ordonnait à ses filles Benoîte et Flora (morte en 2002 de la maladie d'Alzheimer) de ne jamais dépendre d'un homme. Cela a conduit Benoîte à devenir professeure, journaliste à la radio, puis écrivaine, selon sa grammaire féministe. Mais ne l'a pas empêchée de se marier comme une oie blanche au journaliste toulousain Georges de Caunes, dont le grand mérite fut de lui faire comprendre ce qu'est un macho. «Mon chéri, ce n'est pas grave, on va remettre ça», lui a-t-il dit devant le berceau de leur première fille Blandine. A la deuxième, Lison, il était vraiment en colère, et Benoîte se souvient d'avoir pleuré comme Soraya, incapable à la même époque de donner un héritier au trône d'Iran. Georges de Caunes n'a pas connu Constance, fille de Paul Guimard. Les trois filles de Benoîte ont eu trois filles. Flora, sa soeur unique, a eu deux filles. Le premier garçon de la lignée, après trois générations, est attendu bientôt.
Benoîte Groult a beaucoup oeuvré pour féminiser la planète et le dictionnaire des professions. C'est à elle qu'on doit la ministre, l'avocate et la procureure. Elle a calé sur le féminin de recteur car ses détracteurs, académiciens en tête, ironisaient sur les futures «rectales». «Ce sont les mêmes qui ne jurent que par les excès du féminisme. Quels excès ? Pour un mouvement qui représente la moitié de l'humanité oppressée, il aurait pu y avoir beaucoup de zizis coupés.» Benoîte voudrait entendre dire un jour «une belle vieillarde comme on dit un beau vieillard». Car l'injustice poursuit les femmes, «ces vieilles peaux», jusque dans le grand âge, quand la séduction, «malheureusement», n'est plus qu'un souvenir. Elle rêve plus qu'elle ne se bat pour le droit à l'amour féminin après 75 ans, «comme Gregory Peck». Elle ne milite plus beaucoup. Mais serait prête à remonter sur une estrade pour faire élire Ségolène Royal. Et même vivre jusqu'à l'élection présidentielle, par la même occasion. Après, il sera temps peut-être d'appuyer sur la touche étoile.
(1) La Touche étoile, Grasset, parution le 4 avril.
Benoîte Groult en 8 dates
1920 Naissance à Paris.
1946 Naissance de sa première fille.
1952 Mariage avec Paul Guimard.
1975 Ainsi soit-elle, Grasset.
1984 Présidente de la commission de féminisation des noms de métiers.
1986 Rejoint l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).
1988 Les Vaisseaux du coeur.
2004 Mort de Paul Guimard.
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jeudi 9 juin 2016

Ces «perles» qui pullulent dans les copies de bac

  • Par Figaro Etudiant  Publié le
 
 
Elles font sourire les correcteurs et rassurent les futurs candidats : c’est le retour des perles du bac !
Elles sont liées au stress, à l’incompréhension d’une question ou d’une leçon. Une quarantaine de professeurs ont compilé ces «perles» qui foisonnent dans les copies de bac qu’ils ont la charge de corriger et le résultat est pour le moins... savoureux. Petit avant-goût.

Histoire

«Le président américain a rencontré son monologue français Hollande...»
«Margaret Tadechair n’était pas bien vue par les Anglais.»
«Le régime de Vichy a toujours été très bon pour la santé.»
«Au début on aurait donné à Hitler le bon dieu sans profession.»

Géographie

«Le grand gâchis avec l’Union Européenne ce sont les eurosepticémiques qui dénigrent tout.»
«L’Europe c’est comme le mariage dit mon grand-père, ceux qui sont dehors veulent y entrer et ceux qui sont dedans veulent en sortir.»

Sciences de la vie et de la Terre

«Maintenant on préfère mettre la pédale d’ours pour la construction de nouvelles centrales nucléaires.»
«Avec le GPS, les homosexuels pourront faire des enfants sans se servir des femmes.»
«On appelle bisexuels ceux qui se reproduisent deux fois par an.»

Sciences économiques et sociales

«Si cela continue on sera obligé de privatiser la santé.»
«Le solde migratoire est la somme que l’on donne aux émigrés pour repartir chez eux.»

Philosophie

Sujet: «Que devons nous à l’État?»
- «Cette année, 760 euros.»
- «Grâce à l’État nous avons la protection, la maternité, la vieillesse, la maladie.»

Brèves de copies de Bac 2, éditions Chiflet & Cie. 126 pages, 10 euros.
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mercredi 8 juin 2016

Comprendre la nouvelle option latin en dix chiffres

06/06/16 LA MONTAGNE

LINARDS , SOUVENIRS D'ANTOINE BLONDIN - AZZOPARD Brigitte
LINARDS , SOUVENIRS D'ANTOINE BLONDIN - AZZOPARD Brigitte
L'enseignement des lettres classiques est mis à mal. Voici dix chiffres concernant l'enseignement du latin dans l'académie de Clermont-Ferrand. Pour mieux comprendre les retombées de la réforme des collèges.
Le latin a subi de plein fouet la réforme des collèges, avec la diminutions des horaires et même la possibilité pour les établissements de ne pas proposer cet enseignement. D'où la colère des professeurs. Une option en péril, dont voici les chiffes clefs :
• 20 % des collégiens optent pour le latin en classe de 5e.

• 2.932. C'est le nombre d'élèves de l'académie de Clermont-Ferrand qui ont choisi d'étudier le latin dès la 5e. Ils sont 2.546 en 4e et 2.226 à poursuivre jusqu'au brevet.

• 1 heure. C'est le temps d'enseignement hebdomadaire qui sera alloué au latin en 5e, à la rentrée prochaine. Il était de 2 heures avant la réforme.

• 80 % des mots français viennent du latin. Le latin est donc un atout pour enrichir son vocabulaire et mieux comprendre les leçons de français. Il permet également de progresser en culture générale, en langues vivantes, mais aussi d'avoir un avantage lors d'éventuelles sélections, l'apprentissage du latin prouvant un goût pour l'effort et une certaine rigueur.

• +23 %. C'est le taux de réussite au bac des élèves latinistes issus de familles modestes par rapport à leur semblables non-latinistes. En observant le destin de 35.000 jeunes entrés en 6e en 2007, le succès aux examens des élèves défavorisés latinistes était largement supérieur à celui de leurs homologues non-latinistes.

• 35 élèves étudient le grec en classe de seconde dans l'académie de Clermont-Ferrand. 1% des jeunes lycéens français sont hellénistes.

• 44 % des enfants d'enseignants choisissent le latin. Cette option est donc très liée à l'origine sociale. Ils ne sont que 20% chez les enfants d'employés et 15% chez les enfants d'ouvriers.

• L'équivalent de 4.000 postes d'enseignants serait concerné par la disparition à terme de l'option latin, selon certains syndicalistes. Cette réforme permettrait, selon eux, de manière déguisée, d'économiser l'équivalent de dizaines de milliers d'heures.
• 5 % des lycéens étudient le latin. Les plus motivés d'entre eux peuvent le poursuivre à l'âge adulte grâce aux cours du soir gratuits dispensés par l'Arelacler dans plusieurs villes.
• 332 professeurs, dans le secteur public ou privé sous contrat, enseignent ou peuvent enseigner le latin et le grec en collège et en lycée, dans l'académie de Clermont-Ferrand. Ils sont cependant de moins en moins nombreux à choisir cette voie.
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28ème Journée Littéraires: hommage à René Fallet à Jaligny-sur-Besbre

Journées littéraires

Entrée libre
Organisateur : Agir en pays Jalignois
Site internet : http://www.jaligny-sur-besbre.fr/jalignysurbesbre
Courriel : agirenpaysjalignois2@orange.fr
Téléphone de la billetterie : 04 70 20 53 56
Lieu : salle socioculturelle de  Jaligny-sur-Besbre, 03220

Programme: 

Rencontres autour de René Fallet, du livre et de la découverte du Bourbonnais, à travers :
-salon du livre (dédicaces les 2 jours)
-remise des prix René Fallet et prix du Bourbonnais : samedi après-midi
-concert le samedi soir
-randonnées, repas et concours le dimanche
Organisé par Agir en Pays Jalignois.
Renseignements au 04 70 34 69 91.

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Onze citations cultes d'Antoine Blondin

 
 07/06/16 LA MONTAGNE

LINARDS , SOUVENIRS D'ANTOINE BLONDIN - AZZOPARD Brigitte
LINARDS , SOUVENIRS D'ANTOINE BLONDIN - AZZOPARD Brigitte
C'était il y a vingt-cinq ans. Le 7 juin 1991, le romancier et journaliste Antoine Blondin, qui a largement contribué à la popularité du Tour de France par ses chroniques, nous quittait. Ecrivain français le moins prolifique, son oeuvre regorge pourtant de bons mots. Nous en avons sélectionné onze. 
 
• « La guerre est perdue, ce qui n'est pas grave, car vous me direz : une de perdue, dix de retrouvées. »
L'Europe buissonnière, 1949
 
• - Le seul obstacle entre nous
(Phrase qu'il lançait à la cantonade après chaque étape du Tour de France, en s'asseyant à sa table de travail.)
, disait-elle, c'est la boisson.
   - Je boirai l'obstacle, répondais-je
Un singe en hiver, 1959
 
• « Ils ne sont pas dopés, ils sont dupés. »
(à propos des coureurs du Tour de France) Sur le Tour de France, 1979
 
• « Aux signes extérieurs de richesse, je préfère certains signes de richesse intérieure (et puis on paye moins d'impôts). »
Un malin plaisir, 1993
 
• « Quand on meurt de faim, il se trouve toujours un ami pour vous offrir à boire. »
(Lesdits amis d'Antoine Blondin l'évitaient à la fin de sa vie, de peur qu'il ne leur offre un verre.)
 
•« Il respire comme il ment : très mal .»
Un malin plaisir, 1993
 
•« Tu n'es pas n'importe qui : les barmen t'appellent par ton prénom. »
Monsieur Jadis ou l'école du soir, 1970
 
• « N'oublie pas qu'on écrit avec un dictionnaire et une corbeille à papier. Tout le reste n'est que litres et ratures. »
(C'est ainsi que Blondin aimait qualifier le travail de l'écrivain)
 
•« S'il faut de tout pour faire un monde, il faut du monde pour faire un tour.»
Sur le Tour de France, 1979
 
• « Apéro : verres de contact. »
(C'est ainsi qu'Antoine Blondin qualifiait ses apéritifs sur les notes de frais envoyées à L'Equipe, journal avec lequel il collabora pendant de longues années)
 
• Et nous lui laissons même le mot de la fin : "Et maintenant, au goulot !"
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« Les jeunes écrivent mal et peu » : un préjugé démonté

C’est un lieu commun bien partagé en France : les jeunes maîtrisent de moins en moins bien la langue et, à cause des écrans, écrivent moins et n’importe comment.
Dans le cadre de notre partenariat avec la Bibliothèque publique d’information « Lire le monde », nous avons consacré le 4 avril dernier dans le centre Pompidou, à Paris, une soirée à cette question : « La vie écrite des jeunes. »

Un français écrit figé depuis deux siècles

Ce sont d’abord deux enseignants belges, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, qui sont venus présenter un spectacle mordant, « La convivialité », dans lequel ils s’amusent de la passion française pour la rectitude de sa langue écrite. Or, comme ils le démontrent avec une grande justesse, notre langue écrite obéit à des règles compliquées, bien souvent absurdes, en tout cas difficiles à justifier.
 Crayon et cahier
Crayon et cahier - Pixabay/CC0
Ce qu’a confirmé le linguiste et spécialiste de l’orthographe Fabrice Jejcic, qui a démonté point à point l’idée que les jeunes maîtrisaient de moins en moins bien les règles de la langue écrite. Ce qu’il dénonce, c’est un écart grandissant entre la langue que nous parlons et celle que nous écrivons. Notre français écrit, créé dès l’origine pour être élitiste, est figé depuis deux bons siècles. Et c’est à cette aune excluante que nous jugeons une maîtrise de la langue qui, pourtant, n’a pas grand chose à voir avec celle de l’orthographe et de la grammaire.
Et toutes les pratiques scripturales apparues avec les technologies (SMS, tchat, micro-blogging), si elles montrent des torsions de la langue écrite traditionnelle, sont autant de preuves qu’il peut exister d’autres manières d’écrire une langue française qui est très vivante.

Les jeunes écrivent beaucoup

C’est ce que montre la chercheuse en sciences de l’information et de la communication Elisabeth Schneider, dans sa magnifique thèse [PDF] sur les pratiques scripturales chez les adolescents. Les jeunes écrivent beaucoup, même en dehors de l’école. Ils écrivent en passant du stylo à l’écran, d’une langue soutenue à des idiomes propres.
Et chacune de ces pratiques, si elle ne démontre pas toujours un souci de l’exactitude grammaticale ou orthographique, manifeste une maîtrise des contextes, du public visé et des intentions communicationnelles.
Mais tout ça passe au second plan d’un discours général – relayé par la doctrine scolaire – qui continue à considérer grammaire et orthographe comme les deux piliers du français écrit.
Nous vous invitons à écouter cette discussion pour en être convaincu.
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mardi 7 juin 2016

Le lexique de jeunes, un truc de vieux?

LANGAGE D’après le Panel Jeunes « 20 Minutes » Opinion Way, 82 % des 18-30 ans ont le sentiment que leurs idées ne sont pas suffisamment exprimées dans l’espace public. A défaut d’entendre ce que les jeunes ont à dire, les plus vieux peuvent-ils au moins les comprendre ? Un livre, écrit par une ado et un quadra, se penche sur leur langage…
L'adolescence, cette période difficile où les parents deviennent des ennemis.
L'adolescence, cette période difficile où les parents deviennent des ennemis. - S. Cohen / Superstock / Sipa
« Yolo, chiller, perché, duckface…, c’est dépassé. » La sentence est sans appel. Marie-Sophie et Adeline, 17 ans, consultent sans complaisance l’autoproclamé « Guide indispensable pour les parents qui souhaitent communiquer avec leurs ados (et vice-versa) » J’ai le seum (éd. Ipanema, 9,90 €). « 20 Minutes » est allé vérifier que le vocabulaire qui y figure était vraiment celui des ados…

Boloss des Belles lettres : Quand Jean… par kouros603000
Si vous avez plus de 20 ans, vous n’êtes plus dans le game. Mais il reste un espoir. « Personnellement, j’écris “ça va” normalement, et pas “sa va” », commente Adeline. « Et “A la zeub” tu sais ce que ça veut dire, toi ? », lui demande son amie. Ouf, les jeunes ont l’air parfois aussi perdus que les autres face à leurs propres inventions. De quoi faciliter le dialogue.

Ludique et sans prétention

« Nous avons écrit un petit bouquin ludique sans prétention à partir du langage de Violette et en écoutant les conversations autour de nous, réagit David Kuhn, 42 ans, co-auteur de J’ai le seum. Le but n’est pas du tout de jouer au jeune. » Les auteurs assument donc leur côté décalé avec certains mots déjà un peu dépassés et d’autres peut-être utilisés de manière plus confidentielle. Même si l’essentiel du lexique proposé par le livre se retrouve dans le vocabulaire des ados.
Outre le vocabulaire « jeune » commenté par le « vieux » David avec humour, le livre propose une « composition chimique » du keum et de la meuf, une typologie des réseaux sociaux bien utile à ceux qui n’y comprennent pas grand-chose, et un guide SMS, vraiment ringard. « On est volontairement hors du coup dans cette séquence, l’essentiel était de rire », admet David Kuhn.
Dans le livre, une double page est consacrée à Snapchat, le réseau social phare des jeunes.
Dans le livre, une double page est consacrée à Snapchat, le réseau social phare des jeunes. - Ed Ipanema

C’est quoi un « kesti » ?

L’idée de ce livre a germé dans l’esprit de David Kuhn face au constat qu’il avait de plus en plus de mal à comprendre ce que Violette Duplessier, ado de 16 ans, fille d’un ami, racontait. Mais le choix du vocabulaire n’a pas été une mince affaire. « On s’est pris la tête sur les mots à mettre ou pas, confie David. Il y avait des mots que je tenais à mettre et que Violette n’aimait pas, et d’autres qu’elle utilise qui ne me semblaient pas essentiels… » La jeune fille aurait volontiers ajouté : « ma gueule », « je me taille », « kesti »… « Kesti ? », l’interroge David. « Bah oui, un stick à lèvres », soupire l’ado.
Et d’autres mots auraient pu soulever le débat. Au forum des Halles à Paris, le livre entre les mains, Tony, 15 ans, estime que le « fais belek » pour « fais attention » et « beurette » auraient mérité leur place parmi les mots des jeunes. Concertation entre les auteurs. « C’est quoi une beurette ? », ose encore David. « C’est une meuf orange à cause du fond de teint qui va à la chicha », répond Violette du tac au tac.
Mais alors, le contenu de J’ai le seum, dépassé ? « Si on voulait vraiment être à la page, il faudrait écrire un bouquin tous les six mois, estime David Kuhn. Le carnet de notes à la fin nous semblait essentiel parce que le langage n’est pas figé. D’ailleurs, on se comprend moins bien qu’avant parce que Violette a déjà créé un nouveau langage. »
David Kuhn et Violette Duplessier, les auteurs de « J'ai le seum ».
David Kuhn et Violette Duplessier, les auteurs de « J'ai le seum ». - Ed Ipanema
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jeudi 2 juin 2016

70 % des employeurs ne sont pas satisfaits du niveau en orthographe des étudiants

  • Publié le
Attention aux fautes d’orthographe sur les réseaux sociaux! YouTube/©netprof

SONDAGE - Le dernier baromètre du projet Voltaire publié ce jeudi 26 mai rappelle que les recruteurs attachent une grande importance à l’orthographe des candidats.
Avec Internet et le développement du mail, l’orthographe prend un place de plus en plus importante. Le Projet Voltaire, certificat d’orthographe, publie son deuxième baromètre réalisée à partir des statistiques des utilisateurs de l’application, utilisée par de nombreux établissements de l’Enseignement supérieur. Une étude sur l’incidence de l’orthographe sur la recherche d’emploi est aussi publiée, réalisée à partir de la thèse de Christelle Martin-Lacroux, de l’Université de Toulon.
- D’abord, 81% des entreprises considèrent l’absence de maîtrise de l’orthographe comme un obstacle pour retenir la candidature d’un cadre. Et 71% des recruteurs affirment que les fautes d’orthographe sur les réseaux sociaux leur feront perdre des points.
-Et les recruteurs se montrent sévères vis à vis des étudiants: 70% des employeurs considèrent que le niveau des étudiants en compétences orthographiques, lexicales et grammaticales est moyen, voire faible.
Veuillez donc à bien relire vos commentaires, posts et publications sur les réseaux sociaux avant de les partager...
Veuillez donc à bien relire vos commentaires, posts et publications sur les réseaux sociaux avant de les partager...

● Les femmes sont meilleures en orthographe
Projet Voltaire s’est également intéressé au niveau d’orthographe des Français. Premier enseignement du baromètre: les femmes sont plus douées et persévérantes que les hommes. En effet, 45% des femmes maîtrisent les 140 règles d’orthographe courantes, contre 41,5% des hommes. Elles sont aussi plus déterminées dans leur remise à niveau que les hommes puisque 41% d’entre elles sont arrivées au bout du dernier niveau d’entraînement de Projet Voltaire, contre 33% des hommes.

● Les 3 règles les moins maîtrisées

Les trois quarts des Français d’entre eux (76%) peinent à faire la différence entre «à l’attention de» et «à l’intention de» , tandis que seulement 70% des Français maîtrisent les terminaisons «iions» et «iiez» à l’imparfait. Ils sont également 69% à faire la confusion entre «vous dîtes» et «vous dites».
Les trois quarts des Français (76%) peinent à faire la différence entre «à l’attention de» et «à l’intention de». ©Projet Voltaire
Les trois quarts des Français (76%) peinent à faire la différence entre «à l’attention de» et «à l’intention de». ©Projet Voltaire

● Les 3 règles les plus difficiles à apprendre

S’agissant des règles les plus difficiles à apprendre, la palme revient indéniablement au temps du futur et du conditionnel. Vient ensuite la conjugaison du participe passé avec l’auxiliaire avoir , suivi par le choix du temps après la conjonction «si».
Les Français sont nombreux à confondre le futur et le conditionnel. ©Projet Voltaire
Les Français sont nombreux à confondre le futur et le conditionnel. ©Projet Voltaire
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