C’est un lieu commun bien partagé
en France : les jeunes maîtrisent de moins en moins bien la langue et, à cause
des écrans, écrivent moins et n’importe comment.
Dans le cadre de notre
partenariat avec la Bibliothèque publique d’information « Lire le monde », nous
avons consacré le 4 avril dernier dans le centre Pompidou, à Paris, une soirée à
cette question : « La vie écrite des jeunes. »
Un français écrit figé depuis deux siècles
Ce sont d’abord deux enseignants
belges, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, qui sont venus présenter un spectacle
mordant, « La convivialité », dans lequel ils s’amusent de la passion française pour
la rectitude de sa langue écrite. Or, comme ils le démontrent avec une grande
justesse, notre langue écrite obéit à des règles compliquées, bien souvent
absurdes, en tout cas difficiles à justifier.
Crayon et cahier -
Pixabay/CC0
Ce qu’a confirmé le linguiste et
spécialiste de l’orthographe Fabrice Jejcic, qui a démonté point à point l’idée
que les jeunes maîtrisaient de moins en moins bien les règles de la langue
écrite. Ce qu’il dénonce, c’est un écart grandissant entre la langue que nous
parlons et celle que nous écrivons. Notre français écrit, créé dès l’origine
pour être élitiste, est figé depuis deux bons siècles. Et c’est à cette aune
excluante que nous jugeons une maîtrise de la langue qui, pourtant, n’a pas
grand chose à voir avec celle de l’orthographe et de la grammaire.
Et toutes les pratiques
scripturales apparues avec les technologies (SMS, tchat, micro-blogging), si
elles montrent des torsions de la langue écrite traditionnelle, sont autant de
preuves qu’il peut exister d’autres manières d’écrire une langue française qui
est très vivante.
Les jeunes écrivent beaucoup
C’est ce que montre la chercheuse
en sciences de l’information et de la communication Elisabeth Schneider, dans sa
magnifique thèse [PDF] sur les pratiques scripturales chez les adolescents.
Les jeunes écrivent beaucoup, même en dehors de l’école. Ils écrivent en passant
du stylo à l’écran, d’une langue soutenue à des idiomes propres.
Et chacune de ces pratiques, si
elle ne démontre pas toujours un souci de l’exactitude grammaticale ou
orthographique, manifeste une maîtrise des contextes, du public visé et des
intentions communicationnelles.
Mais tout ça passe au second plan
d’un discours général – relayé par la doctrine scolaire – qui continue à
considérer grammaire et orthographe comme les deux piliers du français
écrit.
Nous vous invitons à écouter
cette discussion pour en être
convaincu.
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