samedi 31 octobre 2015

Ecrivain, philosophe ou historien ? Foucault en 3D dans la Pléiade

L'auteur de "Surveiller et punir" entre dans la Pléiade. Mais quel Foucault ? Retour sur l'oeuvre de cet auteur triple face qui disait "écrire pour ne plus avoir de visage". Par Frédéric Gros.

Michel Foucault (Sipa/Montage : DR)Michel Foucault (Sipa/Montage : DR)
La philosophie n’est pas très représentée dans la collection de la Pléiade. La philosophie française encore moins: la pensée du XXe siècle s'y résume à Alain, Camus et Lévi-Strauss. Aucun texte théoriques de Sartre ne figure au catalogue, et rien non plus des grandes figures de la «French theory»: Barthes, Deleuze, Derrida, Bourdieu. Crainte du subversif ?
L’entrée de Michel Foucault dans le saint des saints de la littérature française, 31 ans après sa mort, est donc une bonne nouvelle pour ceux qui croient que la théorie est aussi importante que le roman. Ce jeudi 5 novembre 2015 sortent ainsi deux volumes, qui reprennent l’ensemble des livres publiés de son vivant par Foucault, depuis «l’Histoire de la folie à l’âge classique» jusqu’au «Souci de soi», le tome 3 de «l’Histoire de la sexualité».
«Michel Foucault n’a pas inventé une nouvelle philosophie : il a inventé une nouvelle manière de faire de la philosophie», déclare dès la première ligne de son introduction le chercheur Frédéric Gros, qui a dirigé cette publication. En exclusivité, BibliObs publie un long passage de cette préface, où Gros se demande si l’auteur de «Surveiller et Punir» est un écrivain, un philosophe ou un historien. (Réponse : les trois, bien sûr.)
E. A.

Foucault 1 : l'écrivain 

Les livres de Foucault sont certes des ouvrages «savants», complexes, des études historiques sans concessions, saturées de références et de citations, parfois difficiles, mais toujours parcourus par une écriture tendue et belle. Foucault s’inscrit dans cette tradition française qui en philosophie (de Descartes à Merleau-Ponty) comme en histoire (de Michelet à Duby) demeure définitivement attachée au «beau style», limpide, précis, élégant.
À cette exigence Foucault a pu ajouter — un temps seulement — la touche littéraire de l’époque, celle de la revue «Tel Quel», de Bataille ou de Klossowski, particulièrement dans ses articles pour «Critique»: un style étincelant, un peu ésotérique, recherchant même parfois la pirouette et l’effet.
Foucault adoptera définitivement un style plus concis, plus percutant et moins métaphorique dans «Surveiller et punir» — mais, en 1969, «L’Archéologie du savoir» avait rompu déjà avec la prose brillante des «Mots et les Choses». C’est qu’alors il entend provoquer plus que séduire, déranger plus qu’éblouir et souhaite s’adresser à un public moins académique, plus large. Les deux derniers livres, corrigés à l’approche de sa mort («L’Usage des plaisirs» et «Le Souci de soi»), surprendront presque, désarmeront par une écriture d’une extrême sobriété, presque blanche, ascétique, refusant cette fois tout effet de style.
Le travail d’écriture n’est jamais pour Foucault un simple jeu rhétorique, une question d’apparat, de mise en forme soignée ou retorse de thèses, d’idées qu’il détiendrait par-devers soi et dont il faudrait parfaire la présentation. L’écriture a constitué d’abord pour ce lecteur de Blanchot un exercice, une discipline physique, une ascèse journalière. Foucault écrit à la main; inlassablement, il couvre des centaines, des milliers de feuilles de format A4 d’une écriture fine, régulière et rapide.
Et surtout il récrit plusieurs fois (et souvent hors de France: «Histoire de la folie» en Pologne, «Les Mots et les Choses» au Brésil, «L’Usage des plaisirs» et «Le Souci de soi» en Californie), selon une technique complexe, des chapitres complets, le livre entier, à la main toujours. Une fois l’ouvrage paru, Foucault prenait soin de détruire la dernière version de son manuscrit, conservant simplement, dans des dossiers impeccablement classés, les notes de lecture dont il pourrait faire usage pour un autre livre.
L’écriture, une épreuve secrète pour Foucault
L’écriture est encore le lieu d’une épreuve plus secrète, une joie sourde mêlée d’angoisse. À la Bibliothèque nationale, sentant la masse colossale des archives le traverser et l’envelopper, il fait l’expérience de ce qu’il nomme un «langage infini». C’est en lisant et en recopiant des fragments, réordonnés dans une architecture originale et complexe, de dissertations de grammaire ou de traités d’économie, de vieux livres de médecine ou d’ouvrages de botanique, qu’il se sent le contemporain immédiat de Borges, Beckett ou Pinget. Il en fera le constat dans «L’Archéologie du savoir» (son livre le plus aride, mais qui touchait au cœur de son expérience de lecteur): la lecture de ces centaines de volumes finit par inspirer une expérience, celle de la masse d’un plan discursif unique, océanique.
On a beau se rassurer en agitant les concepts d’«auteur» ou d’«œuvre», les mots ne se replient ni sur des objets extérieurs qu’ils s’attacheraient simplement à décrire, ni sur des sujets intérieurs dont ils seraient l’expression partageable. Ils ne sont pas des transparences, ils nourrissent la densité insondable d’un Discours inquiétant, inhumain; «dehors» indéfini, ils dessinent un plan qui constitue pour le lecteur-écrivain un«beau danger»: abandon délicieux et un peu angoissant de son identité disloquée par le torrent sans fin des mots des autres.
“J’écris, disait Foucault, pour ne plus avoir de visage”»
Dans ses livres, tellement informés, nourris de références, il ne s’agit jamais de simplement consigner des connaissances acquises, d’établir par recoupement des énoncés solides: le travail de recherche est mis au service de démonstrations ambitieuses et témoigne surtout de la puissance d’une expérience de lecture reconduite, approfondie, détournée par l’écriture. Foucault prend le risque d’indiquer, aux marges (mais peut-être même au centre) de son écriture, une région où l’érudition n’est qu’un prétexte à nourrir une logorrhée indéfinie, où le langage parle tout seul.
Foucault a décidément contribué à la mystique de l’archive. Mais au-delà même du plaisir d’écrire, en se sentant entraîné, jusqu’à l’emportement, par les livres des autres, il y a aussi la joie pure des rencontres: trouvaille de fulgurances inattendues dans des textes inconnus qui désarment l’étude, où se laisse entrevoir l’intensité sans rhétorique de destins singuliers qui n’existent plus qu’à travers ces traces d’encre.
L’expérience littéraire du texte «mineur», sidérant par sa rugosité, conduit même Foucault à délaisser dans les années 1970 les références littéraires prestigieuses pour faire l’éloge du récit qui met en jeu et à l’épreuve une existence, en révèle l’énergie, et qu’il s’agit surtout de donner à lire à l’état brut: mémoires de Pierre Rivière et d’Herculine Barbin, ou lettres de cachet.
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Bonne nouvelle, le livre n’est pas mort

LIBERATION édito
Par Alexandra Schwartzbrod
 
 
 
 
 
 
 
 
Dans une bibliothèque à Paris, le 18 août. Photo Hugo Mathy. AFP
C’est une mini-bonne nouvelle mais, par les temps qui courent, il n’y a aucun mal à se faire du bien : en cette rentrée morose, le marché du livre connaît une légère progression. Si l’on en croit les derniers chiffres de Livres Hebdo, il a enregistré une hausse de 1 % le mois dernier par rapport à septembre 2014 qui avait lui-même été boosté par les ventes du best-seller de Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment. Et, sur l’année, la hausse atteindrait 1,8 %.
Les Cassandre, qui prédisaient une mort lente du livre au profit d’autres produits culturels (séries télé, jeux vidéo, etc.) avaient donc tout faux. Non seulement le secteur résiste, mais il semble se porter plutôt bien. Lit-on pour arrêter de penser aux malheurs du temps ou plutôt pour mieux les comprendre ? Si l’on regarde la tonalité des livres récompensés jeudi par le grand prix de l’Académie française et celle des finalistes du Goncourt, il semblerait que l’actualité internationale, dominée par les suites des révolutions arabes, inspire largement les romanciers et leurs lecteurs. Mais, à la limite, peu importent les raisons de lire, l’essentiel est que ce besoin, cette envie ou ce plaisir demeurent. Il n’y a qu’à voir le monde qu’attirent les salons du livre en différents endroits de France, et parfois dans des villages reculés, souvent avec l’aide de bénévoles, pour comprendre que le phénomène n’est pas conjoncturel.
Cette embellie doit aussi beaucoup aux librairies indépendantes qui, loin de capituler devant le rouleau compresseur Amazon, ont essayé de s’organiser pour offrir aux lecteurs des facilités quasi équivalentes en plus d’un contact humain, particulièrement recherché quand l’offre est abondante et surtout quand l’achat d’un livre découle aussi d’une envie de partager.
Toujours selon Livres Hebdo, l’écho médiatique serait un des facteurs qui pousserait à l’acquisition de livres puisque 13 % d’entre eux auraient été achetés grâce à une mention dans la presse, à la radio ou la télévision. Félicitons-nous au passage d’avoir augmenté la place accordée aux livres dans Libération. C’est bien connu, la lecture nourrit la lecture...
Alexandra Schwartzbrod
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vendredi 30 octobre 2015

Écrire sur la route


Les mots au fil de la route …
Je n'ai rien trouvé de mieux pour abolir le temps dans une voiture que de prendre mon ordinateur sur les genoux et d'écrire un texte au fil de mes pensées. Rassurez-vous, je ne suis pas le pilote : j'ai toujours détesté la voiture et conduire est pour moi une affreuse contrainte. Ces heures bloquées dans une carcasse mobile me paraissent interminables, sans intérêt ni saveur.
Alors, je m'isole dans ma bulle, je glisse des mots sur un écran que je vois à peine, tout en écoutant d'une oreille distraite la conversation de mes amis. Je suis un passager indélicat qui cherche à oublier ces heures d'immobilité contrainte en s'évadant vers d'autres horizons. Toutefois je m'autorise quelques interventions pour rester en lien avec ceux qui me conduisent de manière bienveillante.
La posture est quelque peu malaisée. La place vient à manquer, j'ai l'écran à peine replié, l'ordinateur sur les genoux vient se ficher dans mon ventre que d'aucuns diront proéminent. J'ai le cou cassé de tenter vainement de me relire. Pourtant, c'est ainsi que j'oublie ce bitume qui se déroule indéfiniment et sans surprise. Je suis bercé par le feulement des pneumatiques sur le goudron et les cliquetis de mes touches.
Le silence se fait dans l'habitacle ; mes compagnons sont sans doute en pleine rêverie, eux aussi. Les conversations ont un temps cessé d'aller d'un sujet à l'autre, d'une remarque à une suivante sans relation logique. C'est tout l'art de la parole qui rebondit d'un mot à une idée sans logique évidente. La réponse n'est d'ailleurs pas toujours au rendez-vous : le suivant peut partir dans une autre direction ; l'essentiel étant que la voiture reste sur la route.
L'auto-radio peut venir interrompre le jeu de ping-pong langagier. Malgré tout, il est rare qu'il s'impose à tous. Il n'est que prétexte à bruit sonore ou occasion de reprendre une information ou une réplique radiophonique pour relancer une conversation qui s'étiolait. La musique ne fait guère l'affaire, d'autant qu'elle divise bien plus qu'elle ne rassemble les passagers : chacun ayant des préférences qui s'harmonisent difficilement avec celles de son voisin.
Ce sont, une fois encore, les comportements de nos congénères automobilistes qui fédèrent, l'espace d'une infraction, la discussion dans l'habitacle. Preuve s'il en était besoin que la route demeure un espace hostile, dangereux et incertain. Les passagers, tout comme le pilote, sont aux aguets, à l'affût de l'imprévisible, la menace tapie au coin du chemin. Seul l'écriveur se moque de ce qui se trame devant son nez …
Ma voisine s'est endormie ; le soleil vient m'éblouir et provoquer des reflets désagréables sur l'écran. Tout le long de cette route défile un paysage monotone, sauvé toutefois par les couleurs chatoyantes de l'automne. Les glissières de sécurité me rappellent que nous sommes sur l'autoroute : ce curieux espace où règne la monotonie. Je m'ennuie, je me désespère d'arriver enfin alors que le long trajet ne fait que débuter.
Le pari de l'oubli de soi n'est pas toujours au rendez-vous de l'écrit. Ce texte n'a pas effacé la distance ni le temps. Il eût fallut entrer dans une fiction, se perdre dans la fable et ne plus se rendre compte dans le conte. L'inspiration venait à manquer ; les doigts n'ont fait que rendre ce temps figé et inerte. La barrière de péage vient rompre le ronronnement soporifique du moteur ; elle est vite franchie, le petit bip me signale que mon chauffeur est un abonné qui ne perd pas une seconde !
J'en arrive au bas de page, il ne me reste plus qu'à décider de mettre un point final à ces réflexions sans tête-à-queue, c'est du moins mon vœu le plus cher. L'accident de la route a toujours été ma hantise, mon plus redoutable cauchemar. Je hais à ce point la voiture que je place cette perspective du décès sur la route comme étant la plus absurde et la plus stupide issue qui soit à notre existence. Certains automobilistes ne semblent pas redouter cette fatalité : leurs comportements démontrent à l'évidence le peu de cas qu'ils font d'eux-même et surtout des autres , cela est bien plus ennuyeux !
Mais laissons là ces considérations morbides. Nous partons en vacances et j'espère arriver entier au bout de ce voyage qui ne fait que commencer.. J'ai passé quelques minutes en votre compagnie pour m'efforcer de conjurer l'ennui du trajet. J'espère que vous êtes restés sagement assis à votre place. Il est temps de faire une pause, de mettre une formule adverbiale au bout de ce récit. Une petite pause s'impose : ce sont les inconvénients de l'âge qui se rappellent à moi. Bonne route à vous aussi !
Passagèrement vôtre.
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jeudi 29 octobre 2015

Qui fait du latin au collège ? Avant tout les enfants de profs...

Dies irae

LIBERATION Par Marie Piquemal
Lors de la manifestation des professeurs, à Paris, le 10 octobre. Photo Alain Jocard. AFP
Les amoureux des langues anciennes, en pointe dans la fronde contre la réforme du collège (1), vont partir au quart de tour en lisant cette nouvelle étude publiée par le ministère de l’Education.
La Depp (la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) s’est penchée sur ces élèves qui choisissent l’option latin au collège et au lycée. L’étude, portant sur un panel de 35 000 gamins entrés en sixième en 2007, met notamment en évidence les liens entre origine sociale et apprentissage des langues anciennes.

Un enfant d’enseignant sur deux fait du latin

La Depp s’est intéressée au profil des 23% d’élèves choisissant l’option latin en cinquième. Si l’on s’en tient aux résultats scolaires, ce sont clairement les enfants ayant les meilleures notes qui font du latin. «Parmi les 10% des meilleurs élèves à la fin de la sixième, plus de la moitié étudient le latin en cinquième. A l’inverse, seuls 4% des élèves les plus faibles (ceux appartenant au premier décile) choisissent cette option», indique la Depp.
Deuxième focale utilisée par les chercheurs : l’origine sociale des enfants. Là encore, les statistiques sont parlantes : «L’étude du latin concerne 44% des enfants d’enseignants, 39% des enfants de cadres, mais seulement 20% des enfants d’employés et 15% des enfants d’ouvriers.» Pourquoi ? Il y a l’effet «niveau scolaire» (les enfants de milieux favorisés ayant statistiquement plus de chances d’avoir de bonnes notes). Mais pas seulement : «Même à résultats scolaires identiques, l’étude du latin est plus fréquente pour les catégories les plus aisées», précise l’étude.

Les latinistes réussissent mieux leur bac

Choisir le latin augmente également la probabilité de finir en filière scientifique. Environ 36% des élèves étudiant le latin en cinquième sont, cinq ans plus tard, en classe de terminale S. «Pour les non-latinistes, cette part n’est que de 13%, note l’étude. Là aussi, des disparités entre milieux sociaux existent : l’écart entre latinistes et non-latinistes est moins prononcé pour les enfants de milieux très favorisés que pour ceux des milieux défavorisés.»
Si on s’arrête sur les résultats, en 2014, des candidats au baccalauréat général des élèves n’ayant pas redoublé, il ressort que 63% des élèves ayant fait du latin jusqu’en terminale obtiennent une mention «Bien» ou «Très bien». «En plus d’être un marqueur de réussite, le latin en est-il aussi un vecteur ? L’étude du latin a-t-elle un effet sur la progression scolaire des élèves ?» questionne la Depp. Jouant la prudence dans sa réponse : «Toutes ces questions font l’objet de débats dans le système éducatif français depuis plus de quarante ans. Ces questions sont complexes et la présente note ne prétend pas y répondre. L’étude montre cependant de façon certaine que toute interprétation hâtive sur les effets du latin dans la réussite des élèves est erronée si elle ne prend pas en compte les profondes différences sociales et scolaires entre les élèves qui choisissent d’étudier le latin et ceux qui font le choix inverse.»
 (1) La colère contre la réforme du collège a démarré au printemps dernier sur l’enseignement du latin, jusqu’ici proposé de manière optionnelle dans la plupart (mais pas tous) les collèges. A la place, la réforme prévoit d’intégrer dès la rentrée 2016 un module «langues et culture de l’antiquité», dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) mis en place pour tous les élèves. Latinistes et hellénistes ont alors tempêté, considérant que c’était la mort annoncée de leurs disciplines. Ils ont obtenu le retour d'«un enseignement de complément» que pourra instaurer le chef d’établissement dans son collège. Mais les amoureux des langues anciennes tempêtent toujours, considérant que cela ne suffit pas.
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Deux "goncourables" dans la sélection du prix Medicis

 L'OBS CULTURE Publié le 29-10-2015

 L'écrivain française Nathalie Azoulai, le 7 octobre 2015 à Paris (c) Afp

L'écrivain française Nathalie Azoulai, le 7 octobre 2015 à Paris (c) Afp
Paris (AFP) - Nathalie Azoulai et Hédi Kaddour, deux des quatre prétendants au prix Goncourt, demeurent dans la sélection du prix Medicis qui sera remis le 5 novembre.
Le jury du Medicis, réuni mercredi soir à Paris, a décidé de ne pas modifier la sélection qu'il avait annoncé le 8 octobre, a indiqué à l'AFP Alain Veinstein, un des membres du jury.
Onze romans français, huit romans étrangers et dix essais figurent sont donc finalistes de ce prix littéraire.
Voici l'ultime sélection du Medicis par ordre alphabétique d'auteurs.
Littérature française:
- Nathalie Azoulai, "Titus n’aimait pas Bérénice" (POL)
- Christophe Boltanski, "La cache" (Stock)
- Charles Dantzig, "Histoire de l’amour et de la haine" (Grasset)
- Maryline Desbiolles, "Le beau temps" (Seuil)
- Sophie Divry, "Quand le diable sortit de la salle de bain" (Notabilia)
- Hédi Kaddour, "Les prépondérants" (Gallimard)
- Aram Kebadjian, "Les désoeuvrés" (Seuil)
- Laure Limongi, "Anomalie des zones profondes du cerveau" (Grasset)
- Fabrice Loi, "Pirates" (Gallimard)
- Antoine Mouton, "Le metteur en scène polonais" (Bourgois)
- Delphine de Vigan, "D’après une histoire vraie" (JC Lattès)
Littérature étrangère:
- Javier Cercas, "L’imposteur", (Actes Sud)
- Hakan Günday, "Encore" (Galaade)
- Deepti Kapoor, "Un mauvais garçon" (Seuil)
- Eirikur Orn Norddahl, "Illska" (Métailié)
- Anna North, "Vie et mort de Sophie Stark" (Autrement)
- Robert Seethaler, "Une vie entière" (Sabine Wespieser)
- Jon Kalman Stefansson, "D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds" (Gallimard)
- Agatha Tuszymska, "La Fiancée de Bruno Schulz" (Grasset)
Essais:
- Antony Beevor, "Ardennes 1944" (Calmann-Levy)
- Didier Blonde, "Leïla Mahi" (Gallimard)
- Pierre Boncenne, "Le parapluie de Simon Leys" (Philippe Rey)
- Serge Bramly "La transparence et le reflet" (JC Lattès)
- Jean-Michel Delacomptée, "Adieu Montaigne" (Fayard)
- Cynthia Fleury, "Les irremplaçables" (Gallimard)
- Alain Jaubert, "Casanova l'aventure" (Gallimard)
- Nicole Lapierre, "Sauve qui peut la vie" (Seuil)
- David Le Breton, "Disparaître de soi" (Métaillé)
- Gilles Sebhan, "Retour à Duvert" (Le Dillettante)
L'an dernier, Antoine Volodine ("Terminus radieux", Seuil), l'Australienne Lily Brett ("Lola Bensky", La grande ourse) et Frédéric Pajak ("Manifeste incertain 3", Noir sur blanc) avaient respectivement décroché le Prix Médicis du roman français, du roman étranger et de l'essai.
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Grand Prix du roman de l’Académie française: Kaddour et Sansal sacrés

Par AFP
L'écrivain Hédi Kaddour, le 14 septembre 2015, à Paris Photo JOEL SAGET. AFP
L’écrivain d’origine tunisienne Hédi Kaddour et l’écrivain algérien Boualem Sansal ont reçu ex aequo jeudi le Grand Prix du roman de l’Académie française, premier grand prix littéraire de la saison, a annoncé le secrétaire perpétuel de l’Académie.
Hédi Kaddour et Boualem Sansal ont été choisis au quatrième tour par onze voix chacun, contre une voix à Agnès Desarthe, a précisé Hélène Carrère d’Encausse. C’est la troisième fois que l’Académie décerne son Grand Prix du roman à deux écrivains en même temps.
Les deux écrivains, arrivés ensemble à l’Académie, très décontractés et sans cravate, rejoignent dans ce palmarès des auteurs aussi prestigieux que François Mauriac, Michel Tournier ou encore Patrick Modiano. Le prix est doté de 10.000 euros.
En donnant leur prix à l’auteur algérien francophone Boualem Sansal, pour «2084» (Gallimard), et à l’écrivain d’origine tunisienne Hédi Kaddour, pour «Les Prépondérants» (Gallimard), les Immortels ont récompensé deux livres salués par la critique.
C’est la chronique d’un monde en train de sombrer que donne à voir Hédi Kaddour dans «Les Prépondérants», roman haletant et fresque implacable d’une société coloniale figée des années 1920 en Afrique du Nord.
Déjà lauréat du prix Jean Freustié, Hédi Kaddour pourrait devenir le troisième écrivain, après Jonathan Littell et Patrick Rambaud, à recevoir la même année le Grand Prix du roman de l’Académie française et le Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français, qui sera attribué mardi.
Le monde décrit par Boualem Sansal dans «2084» est, lui, un cauchemar. Bien sûr, peut-on se rassurer, il s’agit d’une fiction même si, peut-on s’effrayer, ce roman ressemble à une prophétie.
L’auteur du «Village de l’Allemand», où il faisait le lien entre nazisme et islamisme, nous entraîne dans le futur au cœur de l’Abistan, un État religieux fanatique dont le pouvoir s’étend presque sur toute la planète.
AFP
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mercredi 28 octobre 2015

Et si vous étiez étudiant... au Moyen Âge?

Par Hugues Lefèvre LE FIGARO ETUDIANT  Publié le
Et si vous étiez étudiant... au Moyen Âge?   Au XIIIe siècle, l’université de Paris     comptait entre 3000 et 4000 étudiants. Tous les cursus se faisaient en latin ©Vol de nuit
RETRO ETUDIANT - C’était quoi être étudiant au Moyen Âge? Quelles étaient les filières les plus prestigieuses ? Pouvait-on faire grève ? Pourquoi la fac de médecine était-elle décriée? Et si on faisait un petit saut à l’université médiévale de Paris ...
Cocoricooooooo! Ce matin, ce n’est pas votre smartphone qui vous réveille. C’est un coq. Un coq! Il est là, à quelques mètres de votre couche, et il vous regarde fièrement. Vous commencez à paniquer. Votre dos vous gratte affreusement. Vous avez dormi sur de la paille. Vous allez hurler lorsqu’un jeune homme déguisé en Jacquouille la Fripouille vous lance: «Salve amicissimi! Quando vadis ad studium generale?»
Miraculeusement, vos souvenirs de classe de latin resurgissent et vous arrivez à traduire l’interrogative: «Bonjour cher ami, à quelle heure vas-tu à l’université?»
Halluciné, vous levez les yeux et tombez sur le calendrier julien. Vous êtes en l’an de grâce 1265!

Une grève pour l’amélioration des conditions de vie étudiante

Après avoir bu un lait de chèvre, vous suivez votre étrange ami qui vous emmène à l’université. Pour la première fois à Paris, vous respirez l’air de la campagne. Vous avancez à grands pas vers ce qui vous semble être devenu aujourd’hui le Collège de France. Là, une foule d’étudiants se masse devant une maison.
Sur une pancarte il est écrit: «les étudiants de la fac de droit sont en grève». Ahuri, vous demandez à votre ami si ce n’est pas une blague. Celui-ci vous répond avec aplomb: «Tu ne sais pas que depuis la bulle pontificale de Grégoire IX de 1231, les maîtres et les élèves ont le droit de cesser leurs activités en cas d’injustices? Là, les jeunes protestent car l’encadrement du prix des loyers pour les étudiants n’est pas respecté». En entendant cela, vous souriez. Déjà à cette époque, chercher un logement étudiant à Paris n’était pas une sinécure.
Jour de grève. Vous en profitez donc pour vous balader avec votre guide dans le quartier latin et autour de Notre-Dame. Vous avez mille questions à lui poser. Quelles sont les différentes facultés? D’où viennent les étudiants? Quels sont les diplômes? Le taux chômage chez les jeunes après les études est-il élevé?
Un peu étonné par cette inculture, votre accompagnateur se propose de vous faire un gros récapitulatif.

La faculté de médecine est la moins cotée de toutes

«Déjà, il faut savoir qu’il n’y a pas de lieu précis pour l’université. En fait, elle se situe un peu partout. On trouve des enseignements dans des établissements religieux, d’autres dans des salles louées ; parfois même on enseigne dans les sous-sols des tavernes.
A Paris, il y a quatre grandes facultés. La première est celle des arts libéraux. Tout le monde commence par là. On y entre à l’âge de 14-15 ans et on en sort à 21 ans. On y apprend la rhétorique, la linguistique, la grammaire, les mathématiques, l’astronomie ou encore la musique.
La deuxième faculté est celle de médecine. Entre nous, c’est la moins cotée de tous. Déjà, elle est interdite aux religieux car elle impose d’être en contact avec la chair et le sang. Et c’est une discipline qui peut devenir lucrative. Et ça à Paris, capitale de la réflexion théologique, c’est assez mal vu...
La faculté de droit a plus de prestige. Mais attention! Il ne s’agit que du droit de l’Église. Pour tous ceux qui veulent étudier le droit civil, il faut aller jusqu’à la fac de droit d’Orléans.

Jusqu’à 20 ans d’études pour avoir le droit d’enseigner

Et enfin, la plus renommée des facultés est celle de théologie. C’est là que je voudrais enseigner. Mais on ne peut devenir maître qu’à l’âge de 35 ans! Cela veut dire que pour quelqu’un qui commence son cursus à 15 ans, il en a pour vingt années d’études!
Pourquoi est-ce si long? C’est, entre autres, parce qu’il y a très peu de supports pour étudier. Peu de livres et pas de tablette bien sûr...La plupart du temps il faut tout mémoriser. Cela prend du temps de connaître la majeure partie de la Bible par cœur...

C’est au Moyen Âge que sont créés le Baccalauréat, la Licence, la Maîtrise et le Doctorat

Pour ce qui est des diplômes, il y a environ un demi-siècle, en 1179, le Concile de Latran III a mis en place la «licence d’enseigner». C’est un grade conféré par les évêques. Comme l’Église est présente partout en Occident, ce certificat garantit l’universalité du niveau de l’enseignement.
Mais il n’y a pas que la licence. Dans notre XIIIe siècle, la communauté universitaire met progressivement en place ses propres critères. C’est ainsi que l’ancêtre du baccalauréat (avant la licence) a été instauré, et que la maîtrise ou le doctorat (après la licence) donnent eux aussi le droit d’enseigner.

Paris est le centre intellectuel de l’Occident

Au niveau du nombre d’étudiants, c’est toujours compliqué à évaluer. D’après les bruits qui courent, il y en aurait entre 3.000 et 4.000, pour une population parisienne de 200.000 habitants. Une chose est certaine, c’est qu’il y en a qui viennent de toute l’Europe. On y croise des Italiens, des Espagnols, des Anglais, des Polonais et même des Scandinaves. Avec Bologne, Paris est la capitale de la culture en Occident.
Cet emballement pour le savoir a deux raisons principales. D’abord, l'administration royale a besoin de main d’œuvre. Si au tournant du XIIe et du XIIIe siècle, Philippe Auguste a reconnu officiellement l’existence de l’université, ce n’est pas seulement pour faire un cadeau à la communauté savante. C’est aussi parce qu’il avait besoin de lettrés et de gens compétents pour bâtir son administration. Les Capétiens recrutaient abondamment parmi les gradués.
Et puis il y a aussi la libido sciendi, l’amour de la science, qui pousse les étudiants à s’instruire. Ainsi, les élèves viennent se mettre sous la tutelle de maîtres prestigieux. Abélard au siècle dernier ou encore Albert- Le-Grand en ce moment: ce sont de véritables stars.

Aller à l’université c’est être assuré d’un emploi à la sortie

Dans une société où l’on compte 80% d’illettrés chez les hommes, le simple fait d’étudier assure quasiment de trouver un emploi. Mais comme les études sont longues, elles sont réservées à une certaine catégorie de la population. Cependant, il arrive que de bons élèves repérés très tôt soient envoyés à l’université de Paris afin d’y poursuivre leurs formations. Robert de Sorbon, qui vient de créer le collège de la Sorbonne, était fils de paysan. Il est parvenu à devenir Chapelain et conseiller de St Louis. Comme quoi le système méritocratique peut marcher...
Bon à présent je dois filer à mon cours de luth. Vale condiscipule!»
Article réalisé suite à un entretien avec Antoine Destemberg, maître de conférences en histoire du Moyen Âge à l’université d’Artois. Il est l’auteur de «L’honneur des universitaires au Moyen Âge», publié chez Puf en 2015.
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mardi 27 octobre 2015

30 noms de pays en chinois traduits littéralement

Cocasse : 30 noms de pays en chinois traduits littéralement

Cocasse : 30 noms de pays en chinois traduits littéralement
En chinois, les noms de pays sont pour la plupart du temps traduits phonétiquement en utilisant un ou plusieurs caractères choisis en fonction de leur prononciation mais également de leur sens. Ainsi, si on s’aventure à traduire littéralement en français les noms de pays transcrits en chinois, on obtient des résultats piquants.
Voici la traduction littérale de 30 noms de pays du monde transcrits en chinois :

Europe

France 法国 pourrait être traduit littéralement comme « pays de la loi / du droit »
[Admettons…]
Allemagne 德国 signifie littéralement « pays de la vertu »
[La petite ou la grande vertu ?]
Hollande 荷兰 (le pays des fleurs) est transcrit phonétiquement par « lotus orchidée »
[Il est vrai que notre Hollande à nous connait bien le langage des fleurs]
Angleterre 英国 peut être comprise comme « pays de la bravoure »
[Si la bravoure consiste à gagner ses guerres en utilisant les autres…]
Belgique 比利时 se traduirait littéralement par « temps de comparer les intérêts »
[Peut-être à cause du marché des diamants d’Anvers ?]
Suisse 瑞士 se traduit littéralement par « gentleman chanceux »
[Plus pour longtemps, depuis qu’ils ont renoncé au secret bancaire]
Italie 意大利 signifie en chinois « espoir de grands profits »
[Ils espèrent toujours…]
Espagne 西班牙 en chinois peut être traduite littéralement par « dents de la classe de l’ouest »
[Pas compris]
Grèce 希腊 se traduirait « désir de viande séchée » ou encore « attente du 12e mois lunaire »
[Prophétique. Partout ailleurs, on attend le 13ème mois. En Grèce, ils en sont encore à attendre le 12ème mois]
Islande 冰岛, tout comme son étymologie, signifie « île de glace » en chinois
[Il y a quand même des endroits sans glace, surtout en Aout]
Bélarusse 白俄罗斯 signifie « Russie blanche »
[Raciste !]
Monténégro 黑山 a la même signification que son étymologie, c’est-à-dire « montagne noire »
[Re raciste !]

 Etats-Unisstates-names-in-Chinese

 Amérique 美国 signifie littéralement « beau pays »
[Et encore ! Ils n’ont pas vu comment c’était avant l’arrivée de Christophe Colomb]
Haïti 海地 est transcrit phonétiquement en chinois par « terre de mer »
[Mais « Haïtien » sonne mieux que « Terre-de-merien »]
Guatemala 危地马拉 est transcrit tel un proverbe chinois qui signifierait « sur la terre dangereuse, le cheval traîne »
[C’est pour cela qu’ils tiennent à tracer un canal à travers ces terres dangereuses ?]
Mexico 墨西哥 ou « grand frère de l’encre de l’ouest »
[Nous qui croyions que le grand frère était un peu plus au Nord]

 Asie

Chine 中国 se traduit littéralement par « Empire du milieu »
[Le juste milieu, pour mettre d’accord tout le monde]
Japon 日本 signifie littéralement « origine du Soleil » semblable à notre « pays du Soleil levant »
[Il faudra qu’ils se réactualisent. Il y a longtemps que l’on sait que le soleil ne se lève pas chez eux]
Corée du sud 韩国 ou « pays des … coréens »
[Et les Nord-Coréens alors ?]
Australie 澳大利亚 est également traduite à la façon des proverbes traditionnels chinois : « Grande baie, profits inférieurs.»
[D’où les grands accords de partenariat entre la Chine et l’Australie, afin de maximiser les profits]
Inde 印度 peut vouloir dire « degrés d’impression »
[Voila pourquoi l’Inde est le pays des informaticiens]
Singapour 新加坡 peut se traduire littéralement par « nouvelle inclinaison ajoutée »
[Ajoutée par les anglais qui l’avaient surnommé « le Gibraltar de l’Extrême-Orient » ?]
Vietnam 越南 se traduirait par « plus au sud »
[Plus au sud de quoi ?]
Yémen 也门 composé des caractères 也 « aussi » et  门 « porte » ressemble à l’écrit au mot chinois 他们 qui signifie « eux »
[Le Yémen c’est « aussi » une « porte » d’entrée dans la Mer rouge]
Israël 以色列 est traduisible par « se sert d’une palette de couleurs »
[En clair, cela signifie : entité d’occupation, et accessoirement, que les Israéliens en font voir de toutes les couleurs aux Palestiniens.]
Bhoutan 不丹, littéralement « pas rouge »
[Et en Inde, comment l’appelle-t-on ?]
Malaisie 马来西亚 signifie littéralement en chinois « cheval venant du sud-ouest (de l’Asie) » ce qui est cocasse puisque la Malaisie est située au sud-est de la Chine.
[Disons que c’est le grand Sud chinois]

 Afrique

Maroc 摩洛哥ou littéralement « frotte le grand frère Luo »
[Attention, terrain très glissant au Maroc. Il ne faut pas trop jouer au frotti-frotta en public]
Egypte 埃及 que l’on pourrait traduire par « atteint par la poussière »
[Il est vrai que, depuis les pharaons, l’Egypte a dégringolé dans la poussière. Mais il reste quand même quelques vestiges]
Namibie 纳米比亚, « comparant de petits profits »
[Par opposition à la Belgique (Anvers). Quand on sait que sa principale ressource c’est le diamant, on comprend tout]

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lundi 26 octobre 2015

A lire et à manger: les dix livres de 2015


Livres 2015

Chaque fin d'année, c’est la même chose. Je croule sous les nouveaux livres de cuisine, envoyés tous azimuts par les services de presse. Les volumes s’entassent en colonnes dans mon salon. Depuis les luxueux et impraticables recueils de chefs aux petits manuels crétins qui surfent sur les tendances (« desserts en kit », « pâtes magiques » ou autres « mug cakes »), je me dis chaque année qu’il y a vraiment beaucoup trop de livres de cuisine dans ce monde. Que la plupart sont inutiles, mensongers, bourrés de recettes mal foutues, qui ne marchent pas parce que personne ne les a testées (hé oui, messieurs dames, sachez que dans l’édition française, très peu de recettes sont testées, ce qui me révolte). Je me dis aussi que les services de presse devraient cesser d’expédier aux journalistes leurs ouvrages en dur, pour procéder plus parcimonieusement, en envoyant des communiqués de presse, quelques pages témoins, et éventuellement les PDF ou les livres sur demande. Ca serait tellement plus pratique et économique. Et cela m’éviterait de culpabiliser quand, au bout de trois mois, je finis par larguer tous ces ouvrages que je n’ouvrirai jamais et pour lesquels certains de mes confrères ont pourtant durement travaillé. (A bon entendeur...)
Ceci étant dit, il y a toujours quelques beaux livres à garder. Cette année, ma bibliothèque culinaire s’est étoffée d’une dizaine d’ouvrages qui sortent du lot. Certains se lisent, d'autres s’admirent, d’autres encore se pratiquent au quotidien. Je les recommande tous chaudement. Pour soi ou pour offrir, pour se régaler et se faire du bien.

Bouillons LedeuilBouillons, William Ledeuil, La Martinière, 35€
Le chef de Ze Kitchen Galerie, toujours délicieusement inspiré par les saveurs et techniques asiatiques, a réalisé un magnifique hommage aux bouillons, qui sont la « base de tout » en cuisine. Très belles photos de Louis-Laurent Grandadam et textes de Tiphaine Campet.

GagnaireLa cuisine des cinq saisons, Pierre Gagnaire, Solar, 35€
Ce n’est pas forcément ce que l’on mangera à sa table triple-étoilée, mais dans ce livre, Pierre Gagnaire propose enfin des recettes accessibles. Je vais m’empresser de tester son bouillon zézette, son chou-fleur des maharadjahs ou encore ses gnocchis de pois cassés aux cèpes. Avec les photos de son complice en images Jacques Gavard.

Encyclopédie végétarienne
Encyclopédie de la cuisine végétarienne, Estérelle Payany, Flammarion, 35€
Sacrée encyclopédie qu’a commis là ma camarade Estérelle ! Un livre clair et exhaustif, bourré de techniques et d’idées pour rendre la cuisine végétarienne simple, attractive et gourmande. Inépuisable. Photos limpides de Nathalie Carnet.

Guérin MigrationsMigrations, Eric Guérin, La Martinière, 32€
Le chef Eric Guérin (La mare aux oiseaux) est un rêveur et un voyageur. Son ouvrage atypique et foisonnant rassemble ses souvenirs d’ailleurs, et des recettes inspirées de ses émotions. Les textes et photos de voyage sont du chef, les recettes rédigées avec l’aide de Sophie Brissaud, et les photos au restaurant de Matthieu Cellard.

France à tableLa France à table, Michèle Barrière, Les Arènes ; 34,80€
Un livre-objet incontournable pour ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la gastronomie française. Historienne et auteur de polars culinaires, Michèle Barrière y a rassemblé une fabuleuse collection de documents drôles, surannés et instructifs.

EzgulianCuisiner tout simplement, Sonia Ezgulian, La Martinière, 29,90€
Je suis fan de Sonia Ezgulian. Cette cuisinière installée à Lyon bouillonne toujours d’idées futées, de conseils joyeux et de recettes originales pour ré-enchanter nos assiettes et notre quotidien. Avec les photos de son conjoint Emmanuel Auger.

TolmerMimi, Fifi & Glouglou 2 "dégustateurs de combat", Michel Tolmer, Editions de l'épure, 22€
(BD) On les aime encore plus au deuxième tour. Les trois compères amateurs de vins naturels, qui passent leur temps à déguster à l'aveugle et en toute mauvaise foi, sont aussi justes qu'hilarants. (Réservé à ceux qui savent ce qu’est un Selosse).

LhuitreL’Huître en questions, Catherine Flohic, Argol, 29,90€
De la vie sexuelle du mollusque à la question très actuelle des triploïdes, Catherine Flohic a réalisé un formidable ouvrage pour connaître l’huître, sa vie, ses saveurs et ses problématiques comme on ne les avait jamais abordés.

Gateaux chics natureGâteaux chics et nature, Linda Louis, La Plage, 24,95€
Je ne suis pas très portée sur les desserts, mais j’aime beaucoup ce que fait Linda Louis. Et avec ce nouvel ouvrage, où elle mitonne de vraies pâtisseries, « saines » et gourmandes, riches en fruits et pauvres en sucre, on a carrément envie de s’empiffrer.

ASPicElements de conversations culinaires, Anne-Sophie Pic, Menu Fretin, 30€
Cet ovni culinaro-littéraire est un recueil de conversations exploratoires entre la grande chef de Valence et six personnalités très différentes. Poète, philosophe, parfumeur, designer, historien ou cuisinier, ses interlocuteurs ont tous goûté à sa cuisine, et la décryptent avec délices.
Et enfin :
Naturalité, Editions Alain Ducasse, 150€
NaturalitéJe ne pouvais clore cette liste sans vous parler de l’ouvrage sur lequel j’ai trimé cette année. C’est un grand livre, très beau et très cher, illustré par les magnifiques photos de Benjamin Schmuck, qui m’a permis de rencontrer une trentaine de producteurs formidables, passionnés et habités. La naturalité imaginée par Alain Ducasse et Romain Meder au Plaza Athénée n’existerait pas sans eux. Ils méritaient bien cet hommage.

Naturalité - Idiartia
Camille Labro
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Laissez passer les vieux papiers


A l’occasion de l’ouverture du salon du livre et des papiers anciens, j’aimerais vous faire découvrir ce monde méconnu des passionnés de vieux documents. Pèlerinage des collectionneurs de l’Europe entière (si ce n’est du monde ?), ce très attendu salon est le paradis du chineur. On y propose de tout : manuscrits, magazines, cartes postales, photographies, documents d’archives, affiches, des BD, des objets de collections, des timbres ou encore de la scripophilie(ceci n’est pas un gros mot).

Salon du livre et des papiers anciens © Camille Causse
A huis clos dans l’espace Champerret, le temps se fige. Les lunettes sont vissées sur tous les nez, et les fronts plissés de concentration pour ne pas passer à côté de la perle rare. La mienne, je l’ai trouvée en ce sublime journal de bord et de vie d’un commandant de vaisseau du XIXe siècle dans lequel se trouve une centaine de photographies, organisées de manière chronologique. Mais la perle rare a un prix. A quatre chiffres, la couleur est annoncée. Néanmoins, l’acquisition de 5 curiosités plus tard confirme l’adage du salon : « on y rentre curieux … on en sort en collectionneur ».
Journal de bord d’un commandant de vaisseau © Camille Causse
C’est au milieu de cette centaine d’exposants que je retrouve la libraire La Galcante, lieu incontournable de Paris, découvert il y a quelques semaines.

La Galcante © Camille Causse
Spécialisée en presse ancienne, elle est un mélange de musée de la Presse et librairie de journaux anciens. C’est en 1975 qu’elle est ouverte par Christian Bailly, journaliste passionné par l’histoire de la presse et grand collectionneur. Suite au décès d’un ami qui lui lègue toute sa collection privée, il se retrouve du jour au lendemain avec une double collection, des triples et quadruples à ne pas savoir quoi en faire. C’est là que naît la Galcante. Y revendre, pour commencer, le surplus de cette double collection. Et le succès est immédiat. On y voit passer tous les jours des collectionneurs, des chercheurs mais aussi des particuliers qui cherchent le cadeau original. Après le décès de Christian Bailly personne ne souhaite reprendre l’affaire. Celle-ci est alors proposée à un fidèle de la maison. Après 22 ans dans la librairie, Jacek Kuzma a 2 semaines pour se décider. Il choisit de préserver cette mémoire. La Galcante est sauvée.
Avec plus de 8 millions de publications (quotidiens, magasines, trimestriels, etc.), des affiches, des prospectus, tracts, publicités et photographies, ce lieu est une caverne d’Alibaba. Et on en trouve partout : sur les murs, sur et sous les tables, dans les recoins, les nombreuses caves et dans un entrepôt de 1000 m² où se trouvent les triples (quadruples, etc) ainsi que les quotidiens depuis 2012. N’oublions pas qu’en plus de collectionner de la presse ancienne, l’actuelle est conservée. Les habitants du quartier s’investissent dans cette lourde tâche en déposant régulièrement ses journaux à l’entrée du commerce. Et étonnamment, de plus en plus de demandes de quotidiens récents émanent de la part de journalistes et d’avocats.

La Galcante © Camille Causse
Et pourquoi ce nom me direz-vous ? (Attention SPOILER !) C’est un néologisme, une contraction de deux mots : galerie et brocante. Et je ne sais pas pour vous, mais moi ça me donne l’impression de voyager sur une autre planète. La planète Galcante.
Camille Causse
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