jeudi 17 septembre 2015

La rubrique du médiateur : Ce franglais qui écorche le français

Dessin de Deligne
Dessin de Deligne
Il est partout. Y compris dans les copies de nos journalistes, ce que dénoncent nos lecteurs. Parler anglais c’est bien, français c’est mieux. Mais franglais ! Une « langue » inventée pour faire moderne ? Pas si sûr.
Après le « New deal », nos lecteurs ont découvert la campagne nationale de l’Agence des Territoires d’Auvergne, « Vis ta life en Auvergne ». Un slogan qui plaît si l’on en croit la couverture médiatique. Indubitable, comme disent nos amis British ; l’opération serait une success story !
Seulement voilà, la bataille d’Hasting (en 1066) ouvrant à Guillaume le Conquérant le chemin de Londres et au français un boulevard pour envahir la langue anglaise, ce n’était pas dans le Massif central. Où le franglais (comme ailleurs !) s’abandonne.
Marc, d’Yzeure, tire le premier : « C’est vraiment prendre les jeunes pour des benêts pour penser qu’un mot anglais va les inciter à venir en Auvergne. Sans demander d’incorporer du patois auvergnat, je pense qu’il aurait été aisé de trouver un slogan en français plus efficace que ce ridicule “vis ta life”. » Vis ta vie, comme le chantait Jeane Manson ou Michel Fugain !
« Has been de Paris », Bertrand nous pose cette question : « Croyez-vous que je trouverais un job avec cette annonce : « ci-joint un best-of de ma check-list. Je suis ok après un brainstorming pour un process avec debriefing avant de driver une équipe ».
Pas d’ostracisme régional pour Vincent, de Brive, avec un humour de la même veine : « Snob, ce week-end, sur mon smartphone, j’ai suivi le coatch de la french dream-team jusqu’à la dead line. »
Ainsi vont ces anglicismes qui se nichent trop dans les colonnes de La Montagne, au désespoir de puristes. Comme Michel, de Brive, qui nous fait la leçon : « Certains de vos rédacteurs seraient bien inspirés à mettre en application les paroles contenues dans la mélodie La langue de chez nous, écrite et interprétée par Yves Duteil. »
« Notre anglomanie est telle que nous avons déjà inventé des mots anglais qui n’existent pas (rugbyman, new-look, etc.). Alors, si en plus on oublie notre langue… » s’émeut Colette, de Vichy. »
Elle est si belle notre langue, que 70 % des mots anglais viennent du français ! Comme « challenge », n’en déplaise à Angel, de Chamalières, qui affirme le contraire.
« L’anglais ce n’est jamais que du français mal prononcé » sanctionnait déjà Clemenceau. Qui avait chipé cette citation à Alexandre Dumas (dans la bouche d’Athos dans son d’Artagnant de 20 ans après). Comme quoi
Echange : langue d'ailleurs 
Pas de dictature linguistique en France. Chaque année, la Commission générale de terminologie et de néologie adopte environ 300 nouveaux termes. Certes, souvent par snobisme ou paresse, on utilise des mots étrangers alors que les mots français existent. Mais doutez-vous encore que le français est une langue d’accueil ? Résumons : 14 % des mots français sont d’origine étrangère : anglais bien sûr, italien (+ de 600), germanique ancien (+ de 520), gallo-romain (+ de 400), arabe (+ de 200), celtique (+ de 150). Notre langue s’est ainsi enrichie au fil des siècles. Rassurons-nous, les anglicismes ne sont pas éternels. Même si votre grand-mère s’inquiète encore de votre dernière surprise-party (partie), dites-lui que le cher Darling est obsolète. John Howell, politicien britannique, avait raison : « La langue anglaise est du hollandais brodé de français »

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