samedi 16 avril 2016

Le prix national du document littéraire remis à Jean-Claude Carrière, samedi 16 avril, au Petit théâtre impérial de Vichy

La Montagne 16/04/16 

Le prix national du document littéraire remis à Jean-Claude Carrière, samedi 16 avril, au Petit théâtre impérial de Vichy

Jean Claude Carrière
Photo Frank Le Roux - Frank LE ROUX
Jean Claude Carrière Photo Frank Le Roux - Frank LE ROUX
Il a déroulé sa vie en se confrontant à la création, à l’imaginaire et à la pensée. Jean-Claude Carrière reste en éveil et s’interroge comme dans Croyance.
Les récompenses comme son Oscar d’honneur, en septembre dernier, pour l’ensemble de sonœuvre n’enkyste pas l’énergie de Jean-Claude Carrière. Ce scénariste, auteur, dramaturge prolixe, se verra décerner, samedi 16 avril, le Prix national du document littéraire 2015, au Petit théâtre impérial, à Vichy pour son opus Croyance (Éd. Odile Jacob).
Un travailleur prolixeSa biographie fourmille de rencontres, de collaborations. Au cinéma, il écrit des scenarii pour Pierre Etaix?; Louis Malle (Le voleur)?; Luis Bunuel (Journal d’une femme de chambre, Cet obscur objet du désir), Milos Forman (Valmont)?; Andrzej Wajda (Les possédés), mais aussi L’insoutenable légèreté de l’être pour Philip Kaufman?; Cyrano de Bergerac pour Jean-Paul Rappeneau, Le tambour de Schlöndorff (Oscar du meilleur film étranger en en 1979) etc. Au théâtre, il adapte entre autre Carmen, Le Mahabarata pour Peter Brook, etc. Il a écrit et cosigné une quarantaine de livres. Il est aussi traducteur. Avant sa venue au Petit théâtral impérial, à Vichy, Jean-Claude carrière s’exprime sur Croyance, son dernier travail comme il le nomme, pour lequel il reçoit le prix national du document littéraire.
Pourquoi ce sujet?? Toute ma vie j’ai travaillé sur l’histoire des religions comme La controverse de Valladolid. Ce thème m’a toujours été très familier, comme à beaucoup d’athée. La religion, il faut envisager de vivre avec. Le déclencheur en a été Daech, quand on a vu ressurgir la religion comme un drapeau de guerre. Ce qu’on croyait disparu, réapparaît sous les formes les plus brutales. Ce livre, c’était aussi pour essayer moi-même d’y voir clair.
Vous écrivez « la croyance aujourd’hui l’emporte sur la connaissance ». Ce phénomène de croyance en une religion ou en l’astrologie nous pousse à croire à l’existence de quelque chose dont nous n’avons aucune preuve. Je passe en revue, dans ce livre, la croyance religieuse. Nous savons tous que nous avons inventé les dieux et quels pouvoirs nous leur avons donné. Nous finissons par croire que ce que nous avons inventé est réel. C’est une torsion de l’esprit.
Comment expliquez-vous cela?? Par la non acceptation du néant dont nous venons et où nous retournons. C’est impossible à accepter pour l’humanité. Certaines religions disent même que la vie commence après la mort. On nous parle de paradis et d’enfer. C’est une constance de l’humanité comme si elle n’était pas sortie de cette condition d’immortel. Ce qui nous scandalise dans le comportement de Daech, nous l’avons fait nous-même. Les Croisés ont massacré. C’est un mélange de violence à son plus extrême degré. Il n’y a pas plus cruelle que la foi. On est prêt à torturer, à décapiter. Pour les philosophes espagnols, le monde est fondamentalement irrationnel. Il est vain de trouver quelques raisons dans ce monde comme le voulait Descartes. Le rapport entre croyance et irrationnel est évident.
Que faire?? La connaissance depuis un peu plus d’un siècle a accepté d’étudier la croyance. De l’autre côté, la croyance refuse toute connaissance. Il faudrait que la croyance accepte le regard de la connaissance. Il y a beaucoup d’archaïsmes dans tout cela, les traces en sont multiples. La connaissance s’est prodigieusement développée et elle s’adresse à un petit groupe. La croyance est florissante. Il suffit de réciter un credo.
Fabienne Faurie

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