samedi 30 août 2014

Orthographe : zéro faute, s'il vous plaît !

88 % des Français se disent choqués par une faute d'orthographe dans un courrier administratif, sur le site Internet d'une société ou d'une institution.

Le Parisien  Vincent Mongaillard | Publié le 30.08.2014                                    


La banalisation du langage SMS n’a pas rendu les Français plus souples sur l’utilisation de l’orthographe. Un e-mail truffé de fautes vous fera, au mieux, baisser dans l’estime de son destinataire, au pire, perdre un client...

La banalisation du langage SMS n’a pas rendu les Français plus souples sur l’utilisation de l’orthographe. Un e-mail truffé de fautes vous fera, au mieux, baisser dans l’estime de son destinataire, au pire, perdre un client... | (LP/Olivier Corsan.)                   

              
 


C'est un accord de participe passé oublié dans une lettre du centre des impôts, un futur au lieu d'un conditionnel dans la missive du conseiller clientèle en téléphonie mobile. Ces erreurs de langue française nous hérissent le poil au plus haut point ! Près de 9 personnes sur 10 (88 %) se disent choquées quand elles repèrent une faute d'orthographe dans un courrier administratif ou sur le site d'une entreprise ou d'une institution.


Elles sont aussi 86 % à être heurtées par une coquille dans les correspondances avec... les enseignants ! Voilà ce qui ressort d'une Ipsos pour les Editions le Robert*, menée dans le cadre du lancement de leur premier correcteur d'orthographe.

Ce n'est pas un hasard si les Français exigent de l'administration un zéro-faute. « Le courrier administratif, on prend le temps de le lire et de le relire. On s'attend à ce que l'expéditeur ait fait de même et donc qu'il se soit corrigé », décrypte la linguiste Dominique Le Fur, directrice éditoriale chez le Robert. « L'administration incarne l'ordre établi. Si celui-ci est mixé avec le désordre orthographique, ça nous est insupportable », analyse Pascal Hostachy, patron du Projet Voltaire qui propose à plus de 300 entreprises d'améliorer le niveau d'orthographe de leurs employés.

Une crédibilité entachée


Conscientes de l'impact de bourdes dans les écrits destinés à leurs clients, de nombreuses sociétés veulent soigner leur orthographe. Certaines investissent dans des logiciels correcteurs, d'autres font appel aux services de boîtes spécialisées comme TextMaster, qui passe au peigne fin courriers, plaquettes et sites Web d'entreprises. Un secteur florissant. Et pour cause. La génération SMS, fâchée avec les exceptions de la langue de Molière, est désormais sur le du travail. « La crédibilité de l'auteur de la faute est en jeu. Clairement, ça peut faire rater une vente », prévient Thibault Lougnon, directeur de TextMaster.

A CNP Assurances, des formations sont proposées aux salariés pour être incollables en français. « Depuis une dizaine d'années, un observatoire des courriers clients a aussi été mis en place afin d'améliorer le fond et la forme », précise Anne-Hélène Labat, responsable du département formation professionnelle. A la Sécurité sociale, la vérification de l'orthographe dans les courriers s'effectue par logiciel. « Pour les mails, il existe un système de supervision interne qui fait que l'on contrôle un échantillon régulièrement pour vérifier la qualité », décrit-on à l'Assurance maladie. A EDF, on mise sur les compétences en interne pour traquer la faute. « Chaque courrier personnalisé est relu par une autre personne de la hiérarchie avant envoi, ce qui permet un regard neuf », explique-t-on chez le fournisseur d'énergie tout en reconnaissant « qu'on n'est toutefois jamais à l'abri de coquilles ».

L'erreur d'orthographe est humaine. Les Français ne peuvent pas dire le contraire. Tous ou presque (96%) admettent qu'ils en font. Même s'ils s'avèrent moins tolérants quand les bévues sont décelées chez les autres...

* Etude réalisée du 8 au 12 juillet 2014 sur un échantillon de 1 001 Français âgés de 15 ans et plus.


Le Parisien
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mardi 26 août 2014

Le franglais tel qu'on le parle (1917)

Le franglais tel qu'on le parle (1917)



Soldats anglais et français jouant aux cartes à la terrasse d'un estaminet à Braisne en Picardie, octobre 1914.
Soldats anglais et français jouant aux cartes à la terrasse d'un estaminet à Braisne en Picardie, octobre 1914. Crédits photo : Rue des Archives/Mary Evans/Rue des Archives

MOTS DE COMBATTANTS (2/3) - La présence des troupes anglaises et canadiennes sur le sol français occasionne la création d'un nouvel idiome aujourd'hui décrié : le franglais.

 
Environ cinq millions de britanniques sont mobilisés pendant la Grande Guerre, 650.000 canadiens puis deux millions d'américains. Pour ceux présents sur le territoire français, le dialogue avec les habitants s'établit grâce à l'invention d'une langue «intermédiaire et bizarre», sorte d'esperanto improvisé ou de franglais inversé.

Article paru dans le Figaro du 13 avril 1917
Le français tel qu'on le parle

Depuis Ypres jusqu'à Nesle, les moindres villages et les plus petites fermes sont occupés militairement par une foule innombrable qui ne parle que l'anglais.
Nos fermiers, nos petits commerçants, nos paysans ne l'ont point appris. Mais pour leurs rapports continuels avec cette immense armée, ils se sont fabriqué une langue intermédiaire et bizarre, que nos alliés ont adoptée.
Le mot le plus employé, et qui succède souvent à des dialogues pantomimes, c'est: compree? L'anglais understood est imprononçable pour un Picard; compree est plus simple et commode. Tommy en fait suivre chaque phrase. Notre paysan, s'il n'a pas saisi, répond: no compree. Alors, on tâche de s'expliquer autrement, avec patience. (Et longueur de temps.)
Souvent, en Belgique surtout, on ajoute: that, (En anglais: cela). Avec l'accent flamand, cela devient: compree dat? Il faut être initié, croyez-moi, pour avoir compree dat du premier coup.
Le mot bonne aussi, se dit, sans exception ni genre, de tout ce qui est bien. Mais rien n'est «mal». C'est invariablement no bonne. Tray bonne indique l'enthousiasme. Avec ces éléments, Tommy et le paysan font de longs discours. Si par exemple la paysanne de la Somme surprend des artilleurs à traverser son champ, elle leur dira vivement son opinion avec cht'acchent de la Somme, si spécial, mais se résumera toujours en français, non, en anglais, enfin en anglo-picard:
- Y ou no bonne! Compree dat?
- No, madame, fait Tommy avec innocence, me no compree!
Et il sourit pour s'excuser: Saye la guerre! (C'est la guerre) déclare-t-il.
Un horloger, manquant d'ouvriers, ne peut-il réparer une montre? Il dira: No repair. Ou s'il lui faut six semaines, il s'efforcera de prononcer: Six weeks. A quoi je vis une fois un brave Ecossais répondre philosophiquement dans le meilleur français
- Dans six semaines? Je serai mort.
Et il s'en alla en riant, enchanté de cette répartie.
Un autre mot quotidien, c'est: finish. L'épicier-bijoutier-cordonnier-et -un-peu-tailleur qui l'emploie ne veut pas dire qu'il a épuisé son stock; l'article qu'on lui demande, il ne l'a jamais eu. Mais c'est tout de même «finish».
- Papier pour lettre, madame? Et cisseaux?... Compree cisseaux? Et avez-vous chocolate?
- Finish, monsieur, je regrette. Tout finish.
- Oh! Oh! No bonne, madame...
Et voyez les phrases complètes, que l'on peut construire:
- Quand guerre finish, dit l'épicier, tray bonne, hein?
- Oui, oui, oui, répond Tommy. Moi retournay home, voir madame et children. Compree home?
Une expression indispensable, qui sert à tout dans l'armée anglaise, c'est «napoo». (Prononcez: napou) C'est une curieuse contraction du français: Il n'y en a plus. Ypres, détruite, ou Bapaume, sont napoo. Arras, presque napoo. Nuances subtiles! Mais si on vous vole votre briquet, il est «napoo. All right».
Cette langue internationale semble avoir traversé les lignes, franchi les fils de fer et atteint les Boches dans leurs trous. L'autre jour, aux tranchées d'une brigade canadienne, on amena un Allemand tout boueux. Il avait l'air assez étourdi. Le colonel l'interrogea:
- Do you speak english?
- Nix compree, dit le Boche avec tranquillité.
On trouva sa réponse excellente, et on l'expédia vers la division. Mais où ce Boche avait appris une langue aussi étrangère, personne n'en a jamais rien su…
par Hervé Lauwick
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Quelques citations sur l'Ecriture...





"Le but de l'écriture, c'est de porter la vie à l'état d'une puissance non personnelle..."

GILLES DELEUZE , Extrait de Dialogues 

"L'écriture automatique et les récits de rêves présentent l'avantage de proposer une clé capable d'ouvrir indéfiniment cette boite à multiple fond qui s'appelle l'homme."
ANDRE BRETON, Extrait de Dictionnaire Abrégé du surréalisme  


 "Ecrire est un acte d'amour. S'il ne l'est pas il n'est qu'écriture."
 JEAN COCTEAU, Extrait de La Difficulté d'être


"Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. "

MARGUERITE DURAS, Extrait de Ecrire



 

"L’écriture est la peinture de la voix."   


VOLTAIRE


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dimanche 24 août 2014

Sujet de réflexion


Un rapport d'Attali pour sauver la francophonie et notre économie


L'Expansion publié le 26/08/2014

L'ex-conseiller spécial de François Mitterrand doit remettre ce mardi un rapport sur la francophonie et la francophilie au président de la République. Il met en garde contre le chômage qu'engendrerait en France une perte de pouvoir de la langue française dans le monde. 


La France va-t-elle réussir à tirer profit de la francophonie? Dans son rapport remis ce mardi à François Hollande et que L'Express a pu consulter, Jacques Attali s'interroge et dessine deux scénarios pour l'avenir de cette zone économique importante. "Deux pays partageant des liens linguistiques tendent à échanger environ 65% plus que s'ils n'en avaient pas", rappelle-t-il.

La francophonie est le 6e espace géopolitique par sa population et peut devenir le 4e à horizon 2050, selon l'économiste. Et si 230 millions de gens parlent français aujourd'hui, ce chiffre pourrait atteindre 770 millions en 2050, assure-t-il, vantant la création de richesses que cette situation engendrerait.

Mais Jacques Attali dégage aussi un scénario noir, avec une baisse de la population "francophilophone" "sous la pression de la concurrence des autres grandes langues internationales, des langues locales, et face aux difficultés de certains pays francophones du Sud à assurer l'accès à l'éducation de leurs populations en situation d'explosion démographique".  


L'ancien conseiller spécial de Mitterrand annonce alors de lourdes conséquences pour notre économie: perte de parts de marché pour les entreprises françaises, effondrement du droit continental au profit du droit anglo-saxon des affaires, perte d'attractivité pour les universités, la culture et les produits français. "Cela entrainerait la destruction de 120 000 emplois en France dès 2020, soit 0,5 point de chômage en plus, et un demi-million en 2050, soit 1,5 point de chômage en plus."

Pour éviter cette menace, Jacques Attali propose 53 mesures, selon sept axes.

Augmenter l'offre d'enseignement du et en français, en France et partout dans le monde. En développant l'accès à l'éducation française et à des manuels génériques par exemple. Jacques Attali évoque aussi la création d'un grand groupe privé d'écoles en français dont tout prouverait qu'il serait rentable.
  • Etendre l'aire culturelle francophone en assurant la promotion du cinéma francophone
  • Cibler 7 secteurs clés liés à la francophonie, pour maximiser la croissance de la France et des autres pays francophones. Jacques Attali vise le tourisme, les technologies numériques, la santé, la recherche et développement, le secteur financier, les infrastructures et le secteur minier et veut faire de l'Alliance française l'ambassadrice de notre tourisme.
  • Jouer sur la capacité d'attraction de l'identité française pour mieux exporter les produits français et conquérir de nouveaux francophiles
  • Favoriser la mobilité et structurer les réseaux des influenceurs francophones et francophiles
  • Créer une union juridique et normative francophone
  • Aller vers une Union économique francophone aussi intégrée que l'Union européenne
source: l'Express
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