Une petite fille apprend à lire
Une petite fille apprend à lire - DURAND FLORENCE/SIPA
Le constat est rude : selon l’étude Pisa*, 37 % des élèves ne maîtrisent pas la lecture à la fin du collège. Et les écarts entre les bons et les mauvais lecteurs se creusent, ces derniers étant généralement issus des milieux défavorisés. Pour agir sur cette situation, le Conseil national de l’évaluation du système scolaire ( Cnesco), rend publiques ce vendredi ses préconisations au ministère de l’Education sur le sujet. Des recommandations qui dépassent les clivages sur la méthode syllabique et de la méthode globale et qui insistent sur les pratiques pédagogiques. 20 minutes a sélectionné les sept pistes les plus intéressantes.

1) Poser les fondations dès la maternelle

Sans apprendre à lire aux plus petits, il faut préparer le terrain, estime le Cnesco. Tout d’abord en leur enseignant le principe alphabétique dès la grande section de maternelle, en apprenant aux élèves à identifier les syllabes et les phonèmes (sons) et en développant leur vocabulaire. « Car il y a un écart de 1.000 mots à cet âge entre les élèves issus des milieux favorisés et les autres », souligne Jean-Émile Gombert, Professeur émérite en psychologie cognitive des apprentissages. Il faut aussi sensibiliser davantage les plus petits à la morphologie des mots, (famille des mots, passage du masculin au féminin), estime l’organisme. La mémorisation des mots et de leur signification est plus aisée si l’on passe par le jeu, insiste le Cnesco.

2) Mettre l’accent sur la compréhension

Selon l’étude Pisa, 19 % des élèves de 15 ans étaient en grande difficulté de compréhension de l’écrit. Ils savent techniquement lire, mais ont du mal à repérer les informations les plus importantes d’un texte et les relier à leurs connaissances. D’où l’urgence de mettre le paquet là-dessus. Les  élèves de primaire doivent d’abord pouvoir identifier les différents types de textes (poèmes, romans, texte documentaire…) et les enseignants insister davantage sur les informations importantes d’un texte, l’explication du vocabulaire et la vérification de son acquisition. Il est utile ensuite de faire relire le texte par les élèves et de les inviter à le résumer à l’oral pour en conforter la compréhension.

3) Diversifier les exercices

« Dès le CP, il faut mixer les modes d’apprentissage de la lecture et proposer ces différents exercices régulièrement, afin que les élèves parviennent à la fois à mieux identifier les mots et leur orthographe. C’est le meilleur moyen de favoriser la réussite des élèves dans ce domaine, surtout ceux en difficulté », affirme Michel Lussault, directeur de l’Institut français de l’Éducation. « Tous les exercices sont bons : la lecture à haute voix, la copie de texte, les dictées, les petites rédactions les jeux autour des mots… », poursuit-il. Des exercices qui doivent être accompagnés systématiquement d’un feed-back des enseignants pour ne pas laisser les erreurs s’ancrer.
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4) Ne pas réserver l’apprentissage de la lecture qu’aux cours de français

Un énoncé de problèmes de maths, une carte de géographie, un poème, une consigne en cours d’arts plastiques… Les élèves sont confrontés à l’écrit dans toutes les matières et sous des formes différentes. « Ils doivent parvenir à le comprendre dans des contextes disciplinaires différents. L’apprentissage de la lecture doit donc être transversal et ne doit pas se restreindre aux seuls moments dédiés à l’enseignement du français », soutient affirme Jean-Émile Gombert. « On peut par exemple faire discuter les élèves sur les informations contenues dans un texte, aussi en cours de maths qu’en histoire », indique Michel Lussault.

5) Continuer à apprendre à lire bien au-delà du CP

« Souvent, on focalise sur les premières années du primaire concernant l’apprentissage de la lecture, alors que les élèves peuvent progresser tout au long de leur scolarité », affirme Jean-Émile Gombert. « Il faut continuer à les perfectionner dans ce domaine, en vérifiant qu’ils savent bien prononcer et bien interpréter un texte », renchérit Michel Lussault. Et ce, afin de proposer des cours de soutien le cas échéant. Le Cnesco suggère aussi une meilleure communication entre les enseignants de CM2 et ceux de 6e concernant les difficultés de chaque élève.
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6) Personnaliser les apprentissages

Les classes sont de plus en plus hétérogènes. D’où la nécessité pour les enseignants de s’adapter à leurs élèves. « Il faut identifier les principaux obstacles dans l’apprentissage de la lecture pour mettre en place des exercices spécifiques en groupes restreints. Pour les élèves dyslexiques par exemple, on favorisera l’oral, on autorisera la lecture avec un crayon ou une règle, on incitera l’élève à reformuler les consignes à l’oral… », indique Jean-Émile Gombert. Pour apprendre ces pédagogies différenciées, le Cnesco recommande la mise en œuvre d’une formation « comment les élèves apprennent à lire » dans les ESPE, tant en formation continue que dans la formation initiale des enseignants.

7) Impliquer les parents

« Une fois chez eux, il est important que les enfants puissent rencontrer des textes, et même si les parents ne sont pas de grands lecteurs. Cela leur permettra une meilleure acclimatation à l’apprentissage de la lecture en classe », souligne Michel Lussault. Le Cnesco invite aussi les parents à inscrire leurs enfants à la bibliothèque pour leur donner le goût de la lecture.

*Etude Pisa de 2012.