mardi 5 avril 2016

André Gide avec nous !

Afficher l'image d'origineDans un ultime message à la jeunesse, moins d'un mois avant sa mort en 1951, André Gide exaltait l'insoumission permanente, l'esprit de révolte, l'insurrection qui vient. Bouillonnez contre les pouvoirs nécrosants, refusez les éteignoirs : indignez-vous !


Dans les ultimes minutes du film documentaire de Marc Allégret (1900-1973) : Avec André Gide (1952), rien n'est plus émouvant que de voir cet écrivain octogénaire, au seuil sévère du tombeau, en appeler une dernière fois à la jeunesse ; minorité agissante, fer de lance ayant reçu la grâce des affrontements affranchissants : « Je crois à la vertu des petits peuples ; je crois à la vertu du petit nombre : le monde sera sauvé par quelques uns ! »
André Gide, contemporain capital, proto Stéphane Hessel, spectre combatif prêt à surgir place de la République et ailleurs, pourrait être l'une des figures tutélaires fiévreuses, horizontales, libératrices d'un Podemos (« Nous pouvons ») à la française – si celui-ci naissait et prospérait en échappant aux pièges de notre monarchie présidentielle qui carbure aux hommes providentiels verticaux !
Jean-Paul Sartre avait vu juste, au lendemain de la disparition du prix Nobel de littérature 1947, dans un article des Temps Modernes intitulé « Gide vivant » : « On le croyait sacré et embaumé : il meurt et l'on découvre combien il est resté vivant ; la gêne et le ressentiment qui transparaissent sous les couronnes mortuaires que l'on tresse de mauvaise grâce montrent qu'il déplaisait encore et qu'il déplaira longtemps : il a su réaliser contre lui l'union des gens bien pensants de droite et de gauche et il suffit d'imaginer la joie de quelques augustes momies... pour connaître de quel poids, cet homme de quatre vingt ans qui n'écrivait plus guère pesait encore sur les lettres d'aujourd'hui. »
65 ans après son trépas, Gide continue de défier le conformisme étouffant qui prétend régenter les vies de citoyens traités en sujet. Voici par exemple ce qu'écrivait à son propos François Mauriac : « L'erreur littéraire de Gide, à mon avis, c'est d'avoir agité un drapeau sur l'homosexualité. L'homosexualité n'est pas une cause. C'est comme un bossu qui crierait “Vivent les bosses!” ; ça n'a pas de sens. » Gide n'a pas fini de surprendre son monde en mutin des lendemains qui claquent, demi de mêlé rebelle, djinn subversif et prince posthume de #NuitDebout !...

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A propos de Gide et Mauriac, ce canular :  à la mort du premier quelques normaliens envoient au second le télégramme suivant : "L'enfer n'existe pas. Signé André Gide" 
(Anecdote citée de mémoire de khâgneux de l'époque, donc...)
 


 

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