mercredi 13 avril 2016

L'Académie française accueille avec Marc Lambron son premier amoureux du rock

L'écrivain français Erik Orsenna, à l'Elysée à Paris le 21 octobre 2015
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L'écrivain français Erik Orsenna, à l'Elysée à Paris le 21 octobre 2015 / AFP/Archives

Une fois n'est pas coutume, l'Académie française, souvent considérée comme le temple du conservatisme, accueille jeudi un passionné de rock'n'roll et un fan des Stones, en la personne de Marc Lambron, écrivain, journaliste et désormais "immortel".
Âgé de 59 ans, l'auteur de "Carnet de bal" et de "Théorie du chiffon", lauréat du prix Femina en 1993 pour "L'oeil du silence", va rejoindre le fauteuil du biologiste François Jacob, prix Nobel de médecine en 1965.
Son épée d'académicien lui a été remise la semaine dernière au ministère des Affaires étrangères par son collègue du Figaro, Jean d'Ormesson.
Elle porte sur son revers les symboles du théâtre (un masque), de la musique (une double croche) et de la justice (une balance). Le pommeau représente une tête de lion (hommage à Lyon, sa ville natale et berceau de sa famille). Sur le fourreau, on distingue les initiales de ses enfants, un discret ruban (rappel de la tragédie qu'a été la mort de son frère cadet Philippe, emporté par le sida en 1995 à l'âge de 34 ans). A l’arrière du fourreau, la devise "Nadie sabe lo que somos" (Personne ne sait qui nous sommes).
Comme c'est l'usage, un mot du dictionnaire lui a été attribué. Pour Marc Lambron, c'est le mot "vaudeville".
Ecrivain, auteur de plus d'une quinzaine d'ouvrages, tous édités chez Grasset, Marc Lambron est également critique littéraire au Point et chroniqueur "people" au Figaro. Certaines de ses chroniques pour le Figaro Magazine et Madame Figaro ont été publiées à trois reprises sous le titre "Carnet de bal". Le troisième opus de ces carnets (publié en 2011) présente une galerie de portraits où on retrouve pêle-mêle les actrices Nicole Kidman, "la femme aux profils multiples", Demi Moore, "Phèdre américaine", ou encore un portrait de Michael Jackson intitulé: "un personnage de Tim Burton au pays de Lolita".
Dans ses portraits, Marc Lambron fait toujours preuve d'une grande bienveillance.
"Ces gens, Iggy Pop, Michel Houellebecq, Kate Moss, Frédéric Beigbeder, je les regarde un peu comme des amis de la famille, des cousins inattendus que l'on n'aurait pas imaginé fréquenter quand on étudiait au lycée les lettres de Cicéron ou L'Education sentimentale de Flaubert".
- Plutôt les Stones que Cicéron -
Académicien "pop", Marc Lambron possède une tête bien faite. Normalien, agrégé de lettres, diplomé de l'Institut d'érudes politiques de Paris, ancien élève de l'ENA (promotion Léonard de Vinci), conseiller d'Etat, il a été élu à l'Académie française il y a presque deux ans, en juin 2014.
C'est Erik Orsenna qui le recevra parmi ses nouveaux pairs jeudi.
Parmi tous ses livres, certains se distinguent particulièrement. Le plus poignant et intime est sans doute "Tu n'as pas tellement changé" (2013) où Marc Lambron revient sur le décès de son frère cadet, Philippe.
Ecrit juste après ce drame, Marc Lambron avait gardé ce texte sous le coude pendant des années avant de le publier. Ce sont des déclarations de Frigide Barjot qui l'y ont poussé.
Lors des grandes manifestations contre le mariage pour tous, l'égérie anti-mariage gay avait expliqué, pour se disculper de toute homophobie, avoir aimé Philippe Lambron qui ne cachait pas son homosexualité.
Son amour du rock'n'roll explose dans "Une saison sur la Terre" (2006) où il raconte comment, élève en khâgne en 1974, il abandonna ses versions latines pour aller écouter les Stones, un groupe qu'il ne lâchera plus.
L'ancien énarque n'hésite pas à croquer avec jubilation les politiques. Ségolène Royal en a fait les frais en 2006 avec "Mignonne, allons voir..." puis en 2008 c'est au tour de Nicolas Sarkozy d'être égratigné dans "Eh bien, dansez maintenant...".
"L'oeil du silence" qui lui valu le prix Femina en 1993 raconte l'histoire de Lee Miller, égérie du surréalisme, mannequin à New York, amie de Man Ray et interprète de Cocteau, devenue une des plus grandes photographes de l'après-guerre.
afp

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