lundi 29 juin 2015

Les perles du BAC 2015

Publié par wikistrike.com sur 29 Juin 2015

  

Tous les ans, les correcteurs du baccalauréat ont la joie de découvrir dans les copies des candidats au baccalauréat des petites coquilles et gros contresens qui rendent la correction beaucoup plus amusante. Pour votre plaisir, Terrafemina a réalisé un petit florilège des bourdes, erreurs hilarantes et phrases cocasses trouvées dans les copies des bacheliers cette année.

 

PHILOSOPHIE

les-perles-du-bac-2015-sont-arrivees-et-elles-font-tres-mal-1
#1 – Socrate est un bon exemple de choix car il aurait pu aller se cacher dans les milliers d’îles grecques, surtout qu’à l’époque elles n’étaient pas envahies par les touristes, mais il a choisit la cigue.
#2 – Je pense avoir démontré dans mon exposé qu’à part les masochistres, on vit pour être heureux.
N’oublions pas le proverbe : la parole est d’argent mais le silence endort.
#3 – C’est plus facile de se connaître pour savoir ce que l’on fera comme métier plus tard. Par exemple j’ai renoncé à ma vocation d’être prof quand je vois le bordel qu’ils doivent gérer.
#4 – C’est comme si on vous demande votre nom et que vous ne savez pas. Ça risque de mal finir et de vous conduire au poste. Conclusion : il vaut mieux savoir qui on est.
#5 – Après une visite à une expo d’art contemporain, j’ai changé ma perception de ma vie car j’ai compris que l’on pouvait gagner de l’argent avec n’importe quoi.
#6 – La calomnie se répand comme une traînée de poulpes.
#7 – La politique n’a rien à faire en philosophie. Tout le monde sait bien que Descartes était membre du Parti Socialiste, et pourtant il a écrit de très bons livres.
#8 – Le langage ne se limite pas à la parole. Si on prend l’exemple du Gangnam Style, c’est une dance qui est très connue dans le monde mais dont personne ne comprend les paroles.
#9 – Le bonheur, ça se gagne. Comme disait le philosophe Nicolas Sarkozy : Il n’y a pas de plaisir sans effort.
#10 – Voltaire disait « l’art de la citation est l’art de ceux qui ne savent pas réfléchir par eux-mêmes ». Par conséquent, je n’utiliserai aucune citation.
#11 – Enfin, il est à noter que nous devons également à l’État certains de nos états psychologiques : tristesse, déprime, rage, dégoût, envie de partir…
#12 – Pourquoi chercher à se connaître soi-même ? Je dirai que des fois cela peut être dangereux si on découvre que l’on est débile.
#13 – Dans ma conclusion, je serai circoncis.
#14 – Des fois, je rencontre des textes où on peut lire des âneries comme ce connais-toi toi-même de je sais plus qui. Comme si on se connaissait pas.

LITTÉRATURE ET FRANÇAIS

les-perles-du-bac-2015-sont-arrivees-et-elles-font-tres-mal-2
#15 – En rouge et noir et Stendhal.
#16 – Les auteurs du Moyen-âge se sont beaucoup inspirés des auteurs de la renaicance.
#17 – Le personnage du roman de Stendhal en fait, c’est un grand romantique, il est tellement love qu’il peut rester deux heures devant une fenêtre sans bouger.
#18 – Le titre de Giono est bizarre car s’il y en a qui ne manquent pas de divertissement c’est bien les rois avec les banquets et leurs maîtresses.
#19 – On peut comparer ce texte à l’Entonnoir d’Émile Zola.
#20 – L’utilisation du sonnet remonte au XVe siècle, où des auteurs comme Plutarque vont généraliser son utilisation.
#21 – Le XIXème siècle, siècle des Lumières, réuni beaucoup de mouvements & d’auteurs. (…) Paul Verlaine est connu pour ses romans tel que Le Tour du Monde en 80 jours.
#22 – La poésie satirique correspond à de la poésie qui parle de Satan. C’est un sujet très intéressant, mais pas toujours facile à traiter.
#23 – Probablement que Musset voulait que sa pièce soit lue dans un fauteuil et pas joué au théâtre, mais on ne peut pas lui demander parce qu’il est mort.
#24 – Ce que je peux dire c’est que j’échangerais bien ma mère contre une de ces mères dont ils parlent. Cadeau. Franco de porc.
#25 – Selon Platon les androïdes seraient la raison de l’amour.
#26 – Les deux premiers sujets ne me disaient rien alors je choisis ce troisième sujet quoique la fenêtre de notre F2 donne sur le cimetière.
#27 – Parfois on se demande si certains écrivains comprennent ce qu’ils écrivent.
#28 – On peut y voir un nouveau monde du langage parce que Raymond Queneau appartenait au mouvement de lou-lipo.
#29 – Le XIXème siècle, siècle des Lumières, réuni beaucoup de mouvements & d’auteurs. (…) Paul Verlaine est connu pour ses romans tel que Le Tour du Monde en 80 jours.
#30 – La poésie satirique correspond à de la poésie qui parle de Satan. C’est un sujet très intéressant, mais pas toujours facile à traiter.
#31 – Nous allons répondre à la question suivante en quoi ce poème est un poème satirique de la mort visant à critiquer la bourgeoisie. En premier lieu, il sera étudié la dimension satirique de la mort avec l’ironie de Verlaine en second la joie très présente contrairement à la mort qui ne l’est pas.

MAIS AUSSI:
 

MATHÉMATIQUES


#32 – On trouve le binôme, le trinôme et le polygone.
#33 – L’angle aigu a été trouvé par le savant Cosinus.
#34 – Le triangle est un rectangle avec un côté en moins.
#35 – Vu la complexité de ce sujet, la probabilité d’avoir la moyenne à cette épreuve diminue…
#36 – Si le nombre complexe est un nombre réel, j’en conclu par conséquent qu’une réponse est possible, néanmoins, je ne sais pas laquelle.
#37 – Cette question est tellement facile que je n’ai pas pris le temps de recopier la réponse (j’ai fait le calcul dans ma tête).

GÉOGRAPHIE



#38 – L’Amérique du sud ne peut pas lutter avec l’Amérique du Nord, à part le Brésil qui s’en sort grâce au football et à son carnaval.
#39 – On voit que l’Union Européenne occupe une place centrale dans les échangismes internationaux.
#40 – L’Afrique du sud a été créée en 1815 par Nelson Mandela.
#41 – Les pays pauvres se sont quasiment tous rassemblés en Afrique. Il aurait plutôt dû se rapprocher des États-Unis, comme l’ont fait le Mexique et le Canada.
#42 – La Russie est un grand pays qui possède d’importantes réserves de pétrole, mais également de barils de vin. C’est important pour attirer de nouveaux investisseurs tels que Gérard Depardieu.
#43 – Au Japon, le manque de place oblige les autorités à construire des aéroports sous-marins.
#44 – Actuellement, la population chinoise s’élève à plus de 20 milliards d’habitants.
#45 – On voit bien le racisme dans le nom que l’on a donné aux pays africains comme le Monte-Negro.
#46 – La culotte glacière fond et fait dévier les ours polaire.
#47 – La prochaine coupe du monde de football aura lieu au Brésil, juste à côté de l’Afrique du Sud.

PHYSIQUE-CHIMIE


#48 – Les ondes sismiques ne se déplacent pas le lundi.
#49 – Tous les GPS ne sont pas en orbite autour de la Terre. Il y en a beaucoup qui restent dans les voitures afin de trouver la route plus facilement.
#50 – Les bombes atomiques sont inoffensives quand elles servent à produire de l’électricité.
#51 – Une lumière monochromatique est une lumière qui n’a qu’un seul chromosome.
#52 – L’eau dissée d’Homer est un concept physique écrit dans un livre encore très connu de notre temps.
#53 – Il faut prendre garde à ne pas confondre la fiction nucléaire et la fission nucléaire.
#54 – On l’a appelée bombe H car elle a été inventée par l’ingénieur Hiroshima.
#55 – Le mercure est si lourd que la tonne de mercure peut égaler 100kg.
#56 – Le mur du son est dépassé ; maintenant on peut écouter des films et de la musique dans les avions.
#57 – Le robot Curiosity est soumis à la traction gravitante du Soleil.
#58 – Le cheval transpirait et faisait de la vapeur quand il tirait les wagons, d’où le cheval-vapeur.
#59 – Les ondes électromagnétiques : les ondes les ultra violées, les micro-ondes, les grandes ondes (comme RTL).
#60 – Nous savons par exemple que les satellites de Jupiter ont une trajectoire épileptique.

HISTOIRE


#61 – Le président américain a rencontré son monologue français Hollande…
#62 – Margaret Tadechair n’était pas bien vue par les Anglais.
#63 – Le régime de Vichy a toujours été très bon pour la santé.
#64 – Finalement, les Chinois sont punis de confectionner tous nos objets car ils ne peuvent plus rapporter de souvenirs Made in France à leurs amis car en dessous c’est marqué « Made in China ».
#65 – Jacques Chirac a dit que le gouvernement précédent a été laxatif dans la conduite de l’État.
#66 -La Chine a trois religions : le taoïsme, le kungfusiannisme, le bouddhisme.
#67 – En 1792 les Français déclarent la guerre à plusieurs pays d’Europe, pour leur apporter la paix.
#68 – L’ONU est une institution qui permet au pays riche de contrôler les pays pauvres tout en douceur. Cela évite des guerres et des morts, ce qui est plutôt positif.
#69 – Aux États-Unis, on ne voit pas pourquoi leur 14 juillet tombe le 4 juillet. Preuve qu’ils veulent toujours se faire remarquer.
lire la suite ...

vendredi 26 juin 2015

Ecoliers et collégiens adorent les contes


Renforcer les liaisons entre tous les acteurs de la lecture et la découverte des livres. - Amiot Christian
Renforcer les liaisons entre tous les acteurs de la lecture et la découverte des livres. - Amiot Christian
Cette année, en collaboration avec deux enseignantes du collège Jean-Rostand et de l'école Max-Dormoy, ainsi que les bibliothécaires de Bellerive, il a été proposé à quelques élèves de sixième de réinvestir la lecture par l'oralité en travaillant sur le conte.
Huit élèves ont donc sélectionné une dizaine de contes. Ils ont ensuite élu puis lu un conte à des élèves de CE1. Et, en réponse à ce que les collégiens leur ont conté, les écoliers de CE1 ont travaillé sur les illustrations de l'histoire.
Pour clore cette expérience, une dernière rencontre a eu lieu à la bibliothèque de Bellerive, afin que les petits exposent leurs dessins aux grands. Ce temps a été également l'occasion d'un échange entre grands et petits sur d'autres lectures et s'est terminé par un goûter.
Ce projet, mené depuis janvier, a été l'occasion de renforcer la liaison école-collège, mais également la liaison entre les établissements scolaires et la bibliothèque municipale.
lire la suite ...

jeudi 25 juin 2015

11 mots qui n’ont aucun équivalent dans les autres langues


La langue française fait preuve d’une incroyable richesse. Mais malgré cette grande diversité, il arrive que certains mots étrangers ne trouvent aucun équivalent dans la belle langue de Molière ! Eh oui, certaines cultures possèdent des mots aux définitions bien précises et intraduisibles dans les autres langues. Ainsi, SooCurious a dégoté pour vous 11 mots qui n’ont pas leur équivalent dans les langues étrangères.
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues1
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues-2
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues3
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues-4
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues5
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues-6
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues7
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues-8
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues-9
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues10
11-mots-qui-nont-aucun-equivalent-dans-les-autres-langues12
Nous aurions difficilement imaginé qu’il existe un mot en suédois qui désigne la réflexion de la Lune sur l’eau ressemblant à une route infinie. Nous avons aussi été très surpris d’apprendre que « dépaysement » ne se traduit pas dans les autres langues. En tout cas, c’est très intéressant de voir les différentes richesses et petites particularités que possède chaque culture. Parmi ces mots, quel est celui que vous auriez aimé avoir dans la langue française ?
lire la suite ...

mercredi 24 juin 2015

Réforme du collège : la charge de l'Académie française

Les membres de l'Académie française, réunis dans la salle de lecture de la bibliothèque de l'Institut de France, en juillet 2013.
Pour la première fois depuis quarante ans, les immortels s'élèvent, à l'unanimité, contre un texte qui «porte un mauvais coup à la langue française».
On peut véritablement parler d'événement: l'Académie française prend rarement position. «La Compagnie n'a pas contesté une réforme depuis quarante ans et la mise en place du collège unique», confirme Jean-Mathieu Pasqualini, directeur de cabinet du secrétaire perpétuel, Mme Hélène Carrère d'Encausse. Et d'expliquer pourquoi les immortels ont tenu à se faire entendre: «Parce que ce n'est pas une réforme de plus, c'est un coup fatal porté à la langue française.»
Depuis quelques semaines, plusieurs immortels, tels que l'historien Pierre Nora, le philosophe Alain Finkielkraut, le romancier Jean-Marie Rouart avaient dénoncé, en leur nom, les effets pervers de cette réforme. Cette fois, la démarche est collective, et c'est à l'unanimité que les académiciens, dont certains ne font pas mystère de leurs opinions de gauche, ont adopté cette déclaration coiffée d'un titre explicite: «Pour une vraie égalité des chances». «Car loin d'aller vers un redressement, ces dispositions créent un nivellement par le bas, réduisent, en fait, les chances de réussite», souligne Jean-Mathieu Pasqualini.
En prenant ainsi la parole, l'institution ne fait que remplir sa mission assignée en 1634 par Richelieu, affirme au Figaro Marc Fumaroli, professeur honoraire au Collège de France. Elle l'avait fait lors de la réforme de l'orthographe en 1990 et plus récemment lors du débat sur les langues régionales. Mais sans exprimer une telle inquiétude.
lire la suite ...

mardi 23 juin 2015

Bac 2015 : Laurent Gaudé défend son « Tigre bleu », sujet de l’épreuve de français

Image pour le résultat associé aux actualitésBac 2015 : Laurent Gaudé défend son « Tigre bleu », sujet de l’épreuve de français

Le Monde |

Jamais un tigre, hormis celui de Seine-et-Marne, n’aura autant fait parler de lui sur la twittosphère. L’épreuve du bac de français 2015 n’était pas encore terminée, vendredi 19 juin, que déjà le hashtag #tigrebleu s’abattait sur la toile, déversé par une armée de lycéens en colère. L’origine de cette polémique ? Un extrait de la pièce Le Tigre Bleu de l’Euphrate de l’auteur contemporain Laurent Gaudé (Actes Sud, 2002), soumis aux candidats en classe de première S et ES.
De nombreux élèves disent avoir eu toutes les peines du monde à faire l’exégèse de la phrase : « Je suis celui qui n’a pas osé suivre jusqu’au bout le tigre bleu de l’Euphrate ». Ne sachant si Laurent Gaudé désignait un animal à rayures bleutées ou un fleuve du Moyen-Orient, les infortunés candidats, une fois sortis de l’épreuve et armés de leur smartphone, se sont lancés dans une véritable chasse à l’homme virtuelle, faisant preuve d’une inventivité rhétorique et orthographique que n’auraient sans doute pas apprécié les correcteurs.
Les « Mais naaan jurez le tigre bleu c'est un fleuve ?!!! » ont ainsi bourgeonné sur la toile. Dans un style moins fleuri, de nombreux parents ont accompagné à leur manière cette fureur sur Facebook et Twitter, se plaignant que l’éducation nationale fasse plancher leurs enfants sur un auteur contemporain dont ils n’avaient eux-mêmes jamais entendu parler.

« Saluer la voix vivante des écrivains »

Laurent Gaudé a réagi lundi 22 juin dans un court texte. Le prix Goncourt 2004 affirme « comprendre » l’angoisse des lycéens et lève le mystère sur le « tigre bleu » :
« Dans ce texte, Alexandre Le Grand parle à la mort et raconte une dernière fois sa vie. Il évoque notamment la rencontre qu'il a faite avec un animal imaginaire et mythologique : le tigre bleu. Dans ces terres de Mésopotamie où coulent deux fleuves, le Tigre et l'Euphrate, le félin et le fleuve ont le même nom, oui. La poésie invite, à travers des jeux d'échos, des métaphores, des associations d'idées, à développer l'imaginaire et l'émotion ».
Libre à l’élève donc d’interpréter à sa façon le texte poétique. S’il fait part de sa « surprise » d’avoir vu son œuvre sélectionnée pour le bac aux côtés de celles de Racine et Ionesco, l’auteur se félicite de l’introduction de textes contemporains au programme de l’examen : « Une manière pour le pays (…) de saluer la voix vivante de ses écrivains ».

« Faux problème »

En effet, la contestation des lycéens a soulevé un débat d’une ampleur plus large : les auteurs contemporains ont-ils ou non leur place au bac ? Un « faux problème » pour Dominique Viart, professeur à l’Université Paris-Ouest Nanterre. « Opposer la littérature contemporaine à la littérature patrimoniale revient à oublier que n’importe quelle littérature a été contemporaine », dit-il. Il ajoute même que les oeuvres contemporaines sont « beaucoup plus stimulantes pour les candidats » en ce qu’elles leur permettent de « convoquer la culture littéraire précédemment acquise dans le bain vivant de la création ».
Un avis partagé par Joy Sorman, dont le roman La peau de l’ours (Gallimard, 2014) a été proposé en série technologique, ajoutant ainsi sa contribution au bestiaire de ce bac version 2015. « La peau de l'ours est, de tous ceux que j'ai écrits, celui qui a la facture la plus classique : il fait signe vers le conte, la fable, et, en ce sens, c'est celui qui était le plus apte à intégrer le corpus du bac. » Pour l’écrivain, la confrontation de la littérature avec les nouvelles générations est un engagement. Lorsqu’ils rencontrent Joy Sorman, qui se déplace volontiers dans les classes, les élèves « découvrent qu'on peut être écrivain et encore en vie, voire écrivain et jeune, écrivain et femme, écrivain et porter un jean, écouter du rock ».
Agathe Charnet
lire la suite ...

lundi 22 juin 2015

«Les écrans créent des cerveaux fanés»

Par figaro iconMichel Desmurget –LE FIGARO  le 19/06/2015
AVIS D'EXPERT- Pour Michel Desmurget, chercheur l'Inserm spécialisé en neurosciences cognitives, l'abus d'écrans récréatifs est réellement néfaste pour les enfants.
Chaque jour, nos enfants passent entre cinq et sept heures devant une large diversité d'écrans récréatifs (télévision, jeux vidéo, smartphones, etc.). Or une abondante littérature scientifique montre que ces derniers ont, au-delà de trente minutes, une influence délétère majeure dans nombre de domaines dont l'acquisition du langage, le déploiement de l'intelligence, le développement des facultés de concentration, la réussite scolaire ou l'obésité. Le grand public a peu d'accès à cette réalité, en raison d'une information largement biaisée.
Les écrans sont partout. Pour certains, s'opposer à cette propagation frénétique serait aussi avisé que de souhaiter le retour de la charrue à bras. Comme les nouvelles générations sont «nées dans le numérique», écrit ainsi l'Académie des sciences dans un avis de 2013, «il ne sera possible que de réduire à la marge le temps d'exposition aux écrans». Souvent s'ajoute à cet argument la menace de transformer l'enfant déconnecté en un paria social.
Pourtant, les usages numériques récréatifs sont inversement proportionnels à l'aisance socio-économique des familles. En d'autres termes, le caractère incontournable des écrans s'arrête aux portes des classes favorisées. Il frappe en priorité les plus modestes. Comme l'a montré un récent article du New York Times, les cadres dirigeants de l'industrie numérique eux-mêmes (Steve Jobs compris) prennent grand soin à ne pas exposer leur progéniture parce que, déclare l'un d'eux, «nous avons vu de première main les dangers de la technologie (…). Je ne veux pas que cela arrive à mes enfants».

Intérêts économiques

Trouver des vertus aux écrans permet d'étouffer les réticences parentales. L'approche consiste à hypertrophier la portée du moindre micro-élément favorable. Prenez par exemple ce travail montrant que les jeux vidéo d'action ont un effet positif sur la dyslexie. Des jeux «au secours de la dyslexie», qui «améliorent les capacités de lecture des enfants» et doivent être «recommandés aux dyslexiques», s'est enthousiasmée la presse nationale. En réalité, l'étude montrait juste, chez certains enfants présentant un type minoritaire de dyslexie, que de tels jeux abaissent d'une poignée de millisecondes le temps mis pour décoder un mot. Conclusion des auteurs, il faudrait maintenant regarder si ces jeux ont un effet sur l'aptitude des enfants à lire (au sens de: à comprendre ce qu'ils lisent). Bémol de taille, non évoqué dans les journaux.
L'omission de données scientifiques est également courante. Largement repris dans les médias, le travail de l'Académie des sciences en constitue un bel exemple. Selon les auteurs, les jeux d'action «améliorent (les) capacités d'attention visuelle, de concentration et facilitent, grâce à cela, la prise de décision rapide». En réalité, ces jeux améliorent, au mieux, certaines compétences périphériques d'attention exogènes telle la reconnaissance de pattern visuels. Dans le même temps, toutefois, ils ont un effet négatif marqué sur l'attention focalisée endogène étroitement liée à la réussite scolaire (ce que les parents appellent concentration). De cela, notre Académie ne dit rien. Elle survend un bénéfice mineur et omet de mentionner une atteinte essentielle que même Microsoft a récemment dénoncée dans une étude marketing, suggérant aux publicitaires, pour optimiser leurs campagnes, de tenir compte de l'effondrement des compétences attentionnelles des «digital natives». L'Académie ne précise pas non plus que ces jeux d'action largement diffusés dès le primaire sont souvent déconseillés aux moins de 18 ans, car farcis de violence extrême (jusqu'à la torture) et de pornographie explicite (fellation, coït). L'impact de tels contenus sur l'agressivité, l'anxiété, les préjugés sexistes ou les troubles de sommeil ne fait plus aujourd'hui aucun doute pour la communauté scientifique, même si l'on peut toujours trouver un poisson volant pour affirmer le contraire.

Des intérêts économiques considérables

L'Académie des sciences affirme aussi que les tablettes tactiles suscitent «l'éveil précoce des bébés (0-2 ans) au monde des écrans, car c'est le format le plus proche de leur intelligence». L'allégation est purement gratuite. L'un des auteurs de la citation écrivait d'ailleurs dans un grand quotidien national, quelques semaines avant la parution de l'avis, qu'«avant l'âge de 3 ans les tablettes sont nuisibles (… parce que) limitant la relation au monde».
Cette présentation déformée de la réalité sert des intérêts économiques considérables. Mais à trop regarder la colonne des recettes, on néglige celle des coûts. C'est ennuyeux car les payeurs sont rarement, nous l'avons vu, les enfants des classes privilégiées. Ceux-là sont préservés.
Les victimes, ce sont «les autres», ceux dont on nous dit chaque jour qu'ils ont été abandonnés par une école républicaine honteusement inégalitaire. L'attaque est facile. Elle omet toutefois de préciser que même le meilleur enseignant ne pourra jamais agir efficacement sur un cerveau fané, engorgé d'une perpétuelle bourbe numérique. Nul ne sait faire pousser des roses sur l'aridité d'un sable désertique.
lire la suite ...

Élisabeth Lévy : «La déconstruction de l'école est un crime contre la jeunesse et contre la France»

Élisabeth Lévy : «La déconstruction de l'école est un crime contre la jeunesse et contre la France»


FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - À l'occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur consacré à l'école, Élisabeth Lévy a accordé un long entretien à FigaroVox. Elle défend une éducation qui permettrait réellement à chaque enfant de s'élever et de devenir un adulte libre.
 

Elisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de «Causeur». Dans son numéro de juin, le magazine s'interroge sur la place des catholiques en France.

PROPOS RECUEILLIS PAR: ALEXANDRE DEVECCHIO @AlexDevecchio

La dernière une de Causeur s'intitule «Déconstruire l'école: «qui a eu cette idée folle?»». En tant qu'enfant de mai 68, on ne vous imaginait pas forcément défendre l'école «verticale» à l'ancienne?
Élisabeth Lévy: C'est une blague? Vous seriez le seul journaliste à ignorer que nous sommes d'affreux réacs? Je suis certes attachée à la liberté des mœurs des adultes - ça, c'est mon côté soixante-huitard -, mais je le suis tout autant, sinon plus, à la transmission et à l'éducation. Pour Causeur, le désastre scolaire est un sujet identitaire. Du reste, ce n'est pas par hasard si c'est l'un des sujets sur lequel nous sommes tous d'accord, indépendamment de nos préférences politiques. Vous ne glisserez pas une feuille de papier à cigarette entre Jérôme Leroy, ex-prof de ZEP et membre du Parti communiste, et votre servante. Il faut être sociologue ou techno au ministère de l'Education pour ne pas voir que le niveau culturel des jeunes qui sortent du système éducatif a dramatiquement baissé. Et voilà qu'on découvre soudainement ces jours-ci que beaucoup ont une orthographe disons défaillante pour être aimable...
On peut être quelqu'un de très bien et faire des fautes d'orthographe, non?
Ah bon, vous croyez? Bon, je blague, encore que…Mais l'orthographe, c'est bien plus que l'orthographe. Pourquoi s'ennuyer avec des règles absconses, disent les modernes? Eh bien d'abord parce que notre langue est un trésor que nous devrions protéger, ensuite parce que cette difficulté à écrire traduit en réalité une difficulté à penser. Je le vois souvent aux textes qu'on m'envoie: de plus en plus de gens sont incapables d'exposer clairement une thèse. Et je vous épargne mon couplet sur Balzac et Racine que j'ai découverts en 5ème…. Bref, nous avons renoncé à l'idéal des Lumières et de la Troisième République, l'idéal d'une éducation qui apprenne à penser et permette à chaque enfant de s'élever et de devenir un adulte libre. Et ce renoncement est un crime contre la jeunesse et contre la France. Si nous n'inversons pas radicalement la tendance, le déclin est programmé.
C'est bien l'objectif de Najat Vallaud-Belkacem, non?
Je ne mettrai certainement pas en doute les excellentes intentions de la ministre mais sa réforme ne peut qu'accélérer le désastre, parce qu'elle ne fait qu'amplifier les raisons qui ont produit ce désastre dont la droite et la gauche sont également responsables. En effet, de René Haby à Najat Vallaud-Belkacem, toutes les réformes procèdent de la même inspiration pseudo-égalitaire, reposent sur les mêmes conceptions pédagogistes et introduisent les mêmes «innovations», comme les travaux de groupe et les enseignements pluri-disciplinaires. Derrière ce jargon chatoyant, la réalité est sinistre: comme on est incapable d'amener le grand nombre à un niveau correct, on s'efforce de faire baisser le niveau des meilleurs qui risquent de traumatiser les autres. Et on trafique le thermomètre, si bien qu'on peut aujourd'hui décrocher le bac sans savoir écrire deux phrases correctes. Bref, on méprise tellement les élèves qu'en plus de tout, on leur fait croire qu'ils sont au niveau. Résultat: seuls ceux qui jouissent chez eux d'un environnement favorable au travail et à l'effort s'en sortent. Autrement dit, plus on prend des mesures en faveur de l'égalité, plus l'école est inégalitaire. Les défenseurs de la dernière réforme répètent sur tous les tons qu'elle créera plus d'égalité, plus de justice… et plus d'excellence. On voit mal comment les mêmes causes produiraient des effets radicalement différents. Peu importe, on continue! C'est consternant.
Étiez-vous plutôt du genre «bonne élève», «cancre» ou déjà «rebelle»?
J'étais bonne élève et chipie, abonnée aux commentaires du genre «excellent travail, mais passe son temps à bavarder»! Et la plupart du temps, on me passait mes insolences et autres incartades précisément parce que j'étais bonne élève. Cela dit, rebelle ou pas, j'avais peur des mauvaises notes et des punitions, et cela ne me serait pas venu à l'idée d'aller en cours sans avoir fait mes devoirs. Mais surtout, je me rappelle le délicieux sentiment que me procurait le fait de maîtriser de nouvelles connaissances. J'aimais faire des bêtises, j'aimais me révolter contre l'autorité mais j'aimais aussi apprendre!
L'école traditionnelle française, bien qu'elle soit mille fois plus efficace que celle qu'on prétend construire, ne souffre-t-elle pas, malgré tout, d'un déficit de transmission de la créativité?
Si l'école traditionnelle est celle que j'ai fréquentée, permettez-moi de vous rappeler que je suis entrée au collège en 1973, pas en 1912! Il n'y avait ni blouses grises, ni coups de règles, j'avais des profs gauchistes qui fumaient en cours et nous emmenaient voir les spectacles de Mnouchkine. Mais la classe était faite pour étudier, finalement vous avez raison, c'était affreusement traditionnel… Au risque de vous attrister, je ne crois pas aux vertus de la créativité pour former l'esprit. Avant d'être génial, Picasso a appris à dessiner et Einstein a fait des maths à l'école. Une fois que vous avez appris à réfléchir, à travailler, à vous concentrer, vous pouvez laisser libre cours à votre créativité, déconstruire tous les schémas que vous avez appris si ça vous chante. Mais faire croire aux jeunes que l'expression spontanée de leur «moi» a une valeur en soi, c'est encore une fois les condamner à la médiocrité. Créer suppose de se libérer de ses chaînes, mais pour cela, il faut avoir des chaînes. Alors, l'école «traditionnelle» comme vous dites ne souffrait pas d'un déficit de créativité, mais celle d'aujourd'hui souffre clairement d'un excès de créativité. L'élève doit être au centre du système et l'école ouverte sur le monde. Les pères fondateurs de l'école républicaine pensaient exactement le contraire: pour eux, l'école devait être un sanctuaire, où le bruit de la société ne parvient pas. Aujourd'hui, le monde est sans cesse invité à l'école, c'est-à-dire qu'au lieu d'offrir aux élèves ce qu'ils ne trouveront pas à l'extérieur (la littérature ou les maths), on veut les doper au numérique et leur faire étudier Jamel Debbouze. L'école n'est plus ce lieu singulier situé «entre les murs»: il n'y a plus de murs.
Natacha Polony, Jean-Paul Brighelli , Olivier Rey, le dernier numéro de Causeur ne donne la parole qu'au partisans de l'école de papa. Le débat n'aurait-il pas été plus original et fructueux si vous aviez joué le jeu de la confrontation avec les pédago? A quand Najat Vallaud-Belkacem dans Causeur?
Najat Vallaud-Belkacem a déjà été interviewée dans Causeur, sur un autre sujet. Cela dit, vous avez sans doute raison, nous aurions dû interroger un «pédago», mais j'ai l'impression que nous n'aurions pas appris grand-chose vu qu'ils disent la même chose depuis trente ans, en dépit du bon sens et du réel. Et puis, il ne s'agit pas seulement d'idées: pour moi, ceux qui nous insultent en permanence - même si je n'ai pas l'honneur d'être une pseudo-zintellectuelle -, ceux qui mentent aux enfants et aux parents, les pédagos qui ânonnent les mêmes sottises, sont des criminels. Alors, je l'avoue, je n'ai pas envie de leur parler. Mais je plaide coupable!
Vous écrivez, «l'égalité et l'excellence, ça ne va pas ensemble». L'excellence n'est-elle pas au contraire la condition indispensable de l'égalité?
Je vais vous chagriner: rien n'est moins démocratique que le talent, ça c'est la loterie. Non, tous les enfants n'ont pas vocation à décrocher le prix Nobel, ni même à faire des études supérieures. L'excellence, comme l'élite, est minoritaire par définition. François Hollande a parlé de «droit à l'excellence pour tous», mais c'est une escroquerie! Bien entendu, nous avons le devoir d'offrir à tous les enfants une éducation de qualité. Mais ce n'est pas en niant les différences de talents et de niveaux, ni en pénalisant ceux qui sortent du lot qu'on y arrivera, bien au contraire. Les parents des classes moyennes, qui l'ont parfaitement compris, rusent depuis longtemps avec le système pour que leurs enfants soient dans de bonnes classes, d'où le caractère stratégique des disciplines comme l'allemand ou le latin-grec. Et voilà qu'on traite leurs enfants d'héritiers et qu'on veut leur interdire ces stratégies de contournement! La révolte contre cette réforme vient d'une partie des professeurs mais surtout de ces classes moyennes qui veulent que leurs enfants soient éduqués. Les véritables «héritiers», les enfants de l'élite, ont déserté l'Education nationale depuis longtemps. Je n'aime pas la transparence en général, mais je serais assez pour obliger les réformateurs furieux à dire publiquement dans quelle école leurs enfants sont inscrits…
Mais vous savez bien que les meilleurs sont souvent les plus privilégiés…
Bien sûr, l'école doit, autant qu'elle le peut, combattre les injustices de la naissance et de la condition sociale en offrant les mêmes chances à tous. C'est exactement ce qu'a fait l'instituteur d'Albert Camus en envoyant ce fils de pauvre au collège. La gauche, elle, a supprimé les bourses au mérite et les internats d'excellence qui étaient précisément faits pour les élèves doués issus de milieux défavorisés, c'est invraisemblable. Alors je ne suis pas sûre que l'on puisse vraiment donner des chances égales à tous, mais il faut tout faire pour y arriver. Au lieu de quoi on dirait que le but des réformateurs est de parvenir à l'égalité des malchances.
Vous-même n'êtes-vous pas un pur produit de la méritocratie républicaine?
Mais si justement! Et je viens de ces classes moyennes qui investissent énormément sur l'éducation. À Epinay sur Seine, où j'ai été élève jusqu'en cinquième, les enfants des classes moyennes côtoyaient les fils de prolos, les enfants d'immigrés se fichaient de ce qu'ils mangeaient à la cantine, on se mélangeait gentiment sans savoir qu'on faisait de la mixité. C'était le chant du cygne de l'école de la République, mais on ne le savait pas.
Vous avez été au collège Georges Martin à Epinay-sur-Seine dans le 93. Aujourd'hui, il n'y a pratiquement plus aucun enfant juif dans les écoles publiques de Seine-Saint-Denis. Qu cela vous inspire-t-il?
De la tristesse, voire du désespoir, mais plus encore de la colère contre tous ceux qui, non seulement ont laissé faire cela, mais qui ont de surcroit refusé de le voir.
lire la suite ...

Bac 2015 : une bonne correction

ecole bac dessinLe niveau s’effondre, nous le savons tous

CAUSEUR. fr Publié le 22 juin 2015 dans Société
Les enseignants de classes préparatoires ne sont jamais convoqués pour corriger le Bac, malgré les défections, les mouvements d’humeur, les menaces de grève. L’administration sait bien qu’ils sont incontrôlables : ils voient en aval les résultats du laxisme, ils ont l’habitude de noter en valeur réelle — pas de tromperie sur la marchandise, on a en prépas les notes que l’on mérite —, ils auraient sans doute une légère tendance à ne rien laisser passer.
Or, la correction du Bac est l’art de laisser passer des énormités. La seule considération de la correction de la langue suffirait à disqualifier les trois-quarts des candidats — et on demande d’enlever deux points au maximum, quel que soit l’état de l’expression. Tout ce qui n’est pas expressément demandé par l’administration n’est pas requis : on demande par exemple une introduction en devoir d’Histoire, mais on ne demande ni problématique, ni plan — on se contente de requérir plusieurs paragraphes.
Le plus beau, c’est que des IPR menacent : « Lorsqu’un professeur corrige des copies d’examen, il réalise cette mission dans le cadre strict des règlements d’épreuve qui régissent cet examen. Ils sont impératifs et ne sont pas soumis à l’appréciation personnelle du correcteur. Un fonctionnaire qui se soustrairait de son propre chef à ces obligations romprait l’égalité entre les candidats et engagerait sa responsabilité personnelle, encourant recours et sanctions. » Ce joli texte a été diffusé brièvement sur le site de l’Académie de Versailles, avant d’être retiré — l’énormité de la menace a dû finalement choquer quelques usagers.
Soyons clair : l’administration rectorale ne peut rien contre un correcteur qui déciderait d’appliquer un barème un peu exigeant. Surtout s’il se couvre en photographiant, par exemple, les énormités qu’on lui a données à corriger. J’en ai fait l’expérience moi-même, il y a une quinzaine d’années.
C’était au lendemain de la réforme de l’EAF — l’Epreuve Anticipée de Français, comme on dit dans le jargon plein de sigles de l’Education Nationale. C’était au lendemain de la réforme patronnée par Luc Ferry (2000), qui entre-temps s’était retrouvé ministre. On venait d’inventer le « sujet d’invention » — ce qui en soi serait une bonne idée, sauf que je l’imagine davantage à Bac + 5, si l’on conçoit l’épreuve comme un « à la manière de ».

Et ce fut le cas cette année-là. Un texte de Pierre Loti extrait de Fantôme d’Orient, racontant comment, des années plus tard, il était retourné en vain à Istanbul pour y retrouver Aziyadé. On proposait alors à l’élève d’écrire le journal de bord de Loti dans son voyage de retour, avec sa déception, sa mélancolie, au milieu des nécessaires observations techniques propres à ce genre si particulier. Le tout en imitation de la langue quelque peu maniérée de l’écrivain rochefortais.
La probabilité pour que des élèves (et ceux de 2003 étaient pourtant meilleurs que ceux d’aujourd’hui) captent le style un peu ampoulé de Loti, maîtrisent les code du log-book, parviennent à mixer l’émotion plus ou moins feinte, le parfum du souvenir, et le clapotis des vagues était nulle, et les copies étaient nulles, et j’ai noté en conséquence. Autant faire assumer à l’administration le poids de ses (mauvaises) décisions.
Je ne prenais pas les élèves en otages : je savais bien qu’un administratif quelconque rajouterait dix points dans mon dos.

Le résultat fut que je ne fus plus jamais convoqué au Bac. Le premier qui dit la vérité, il doit être assassiné…
J’adjure mes collègues qui vont toucher leurs copies de Bac de faire preuve, cette année, de la même rigueur. Vous n’êtes pas satisfaits de la réforme du collège ? Vous êtes choqués que le Ministère occulte l’évaluation de la réforme du lycée ? Vous trouvez que l’on vous prend pour des nouilles ? Alors, notez en votre âme, conscience et capacité. Notez les copies pour ce qu’elles valent. J’ai argumenté sur LePoint.fr en ce sens, et je voudrais vraiment me faire entendre. Les menaces des inspecteurs sont sans objet, surtout si vous vous y mettez de concert. Photographiez avec vos portables tout ce que vous trouverez d’aberrant dans les copies qui vous sont proposées, dans toutes les matières. Je me ferai un plaisir de diffuser ces documents ici-même.
Et c’est le dernier et meilleur service que vous pouvez rendre aux élèves. Leur faire comprendre qu’ils sont victimes d’une escroquerie, qui va les envoyer se fracasser sur le mur du Supérieur. Leur faire appréhender leur niveau réel — et je ne doute pas qu’il y en ait de bons, mais si rares…
On requiert de vous, enseignants, une moyenne qui permette, par projection, de conserver les fatidiques 88 ou 90% de réussite dont le ministère se targue pour affirmer que le niveau monte. Ne soyez as complices de ce maquillage : le niveau s’effondre, nous le savons tous. Et si nous continuons à noter comme le désirent les petits chefs obéissants qui dirigent les centres d’examen, nous nous faisons objectivement complices de la plus grande entreprise de désinformation scolaire des temps modernes.
De toute façon, les notes seront modifiées dans votre dos. Alors, défoulez-vous — dites la vérité des prix. Sinon, la barre descendra encore, l’année prochaine, et encore, et encore. Partout. Jusqu’en dessous du niveau de la mer.



lire la suite ...