mercredi 27 avril 2016

"Hé oh la gauche !" : Eh ou Hé ? Oh ou Ho ? Ah ou Ha ?

En ancien français, c’était plus facile : ces interjections s’écrivaient a, e et ô ! Aujourd’hui, on ne sait pas toujours quelle forme employer. Popularisées par les grands auteurs du théâtre classique comme Molière, Racine ou Corneille, elles ont chacune leur subtilité et ne sauraient être confondues. Pour ne plus se tromper, il suffit de suivre le mode d’emploi !

Ah ou Ha ?

Ah ! marque un sentiment vif (douleur, joie…).
Exemple : « Ah ! Fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux ! » (Molière, Les fourberies de Scapin)
Ha ! exprime la surprise et surtout le rire, quand il est redoublé.
Exemple : « Ha, ha, ha. Ma foi ! cela est tout à fait drôle. » (Molière, Le bourgeois gentilhomme)

Eh ou Hé ?

Eh ! sert à attirer l’attention ou à renforcer le mot qu’il précède. Redoublé en « Eh ! eh ! », il  indique un sous-entendu. Enfin, » Eh bien ! » marque l’émotion du locuteur ou introduit une digression, une information, par rapport à un contexte donné.
Exemple : « Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire. » (Racine, Bérénice)
Hé ! sert à appeler ou interpeller quelqu’un. Redoublé, il exprime l’adhésion ou l’approbation.  À noter que « Hélas ! » est formé de et de l’ancien français las (malheureux).

Oh ou Ho ?

Oh ! marque létonnement ou donne de l’énergie à une phrase. On la retrouve sous la forme combinée « Oh là là ! » ou redoublée « Oh oh ! ». On notera l’emploi du oh/ohé pour interpeller et attirer l’attention, notamment en navigation (Ohé, du bateau !).
Exemple : « Oh ! oui, je sais lire et écrire ». (Molière, Le bourgeois gentilhomme).
Ho !, qui tend à disparaître au profit de « Oh ! », a d’abord signifié « halte ! ». Ce sens de « arrêter, modérer » est aujourd’hui vieilli, bien qu’encore utilisé par les dresseurs pour calmer les animaux (notamment les chevaux), et sous la forme « holà », notamment dans l’expression « mettre le holà » (faire cesser une querelle ou quelque chose de déplaisant).
Ô ! est utilisé en littérature ou en poésie pour s’adresser à une divinité ou à quelque chose de personnifié. C’est aussi une lettre de l’alphabet vietnamien.
Exemple : « Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! » (Corneille, Le Cid)

Sources : Le dictionnaire historique de la langue française, Le nouveau Littré et le Wiktionnaire.
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Ces huit joyaux littéraires conservés dans des bibliothèques universitaires

  • LE FIGARO  Par Fanny Lauzier  Publié le
La bibliothèque de Bodleian est la deuxième plus grande bibliothèque universitaire du Royaume-Uni. ©Uniplaces
Les bibliothèques universitaires ne contiennent pas uniquement des manuels et autres «Que sais-je», et abritent parfois de véritables trésors littéraires. Panorama des plus belles collections universitaires.
Amateurs de littérature et de livres anciens, apprêtez-vous à voyager et à rêver! Le samedi 23 avril prochain aura lieu la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Pour l’occasion, le site de location de logements étudiants Uniplaces a sélectionné dix trésors littéraires conservés avec soin par les plus belles bibliothèques universitaires du monde.

1. The Book of Kells - Bibliothèque de Trinity College à l’Université de Dublin en Irlande

Le manuscrit date de l’an 800.
Le manuscrit date de l’an 800.
Également connu sous le nom de Grand Evangélicaire de saint Colomba, The Book of Kells est un manuscrit illustré de motifs ornementaux et réalisé par des moins de cultures celtiques il y a plus de 1200 ans, aux alentours de l’an 800. Ce livre est considéré comme la pièce principale du christianisme celtique et de l’art insulaire.
Par ailleurs, la Long Room de la bibliothèque de Trinity College à l’Université de Dublin est l’une des salles de lecture les plus majestueuses du monde.

2. El Libro de buen amor - Bibliothèque de Salamanque en Espagne

Il s’agit de la plus ancienne bibliothèque d’Europe.
Il s’agit de la plus ancienne bibliothèque d’Europe.
La bibliothèque de Salamanque est la plus ancienne d’Europe. Sur ses étagères, les premières éditions de nombreux livres classiques sont soigneusement conservées. Certaines d’entre elles datent du 16ème siècle. Le Libro de buen amor (ou Livre de bon amour), l’œuvre magistrale datant des environs de 1330 de l’Archiprêtre de Hita mais aussi les Cancioneros du Marquis de Santillane ou encore Las virtuosas y claras mujeres de Àlvaro de Luna.

3. Manuscrit du 13ème siècle des romances médiévales françaises - Beinecke Library, Université de Yale (Connecticut, États-Unis)

La bibliothèque est l’œuvre de Gordon Bunshaft.
La bibliothèque est l’œuvre de Gordon Bunshaft.
La bibliothèque Beinecke de l’Université de Yale a ouvert ses portes en 1963. Ses collections de livres rares et manuscrits en font l’une des principales bibliothèques patrimoniales au monde: plus de 1 100 manuscrits du Moyen Âge et de la Renaissance; plus de 3 100 incunables (livre imprimé en Europe avant le 1er janvier 1501); de nombreuses pièces de théâtre élisabéthaines, dont de rares ouvrages de Shakespeare ou encore une large collection de papyrus. Conçu par l’architecte Gordon Bunshaft, le bâtiment ultramoderne qui abrite ce trésor littéraire est lui-même spectaculaire .

4. De Oratore et le Concordia - Bibliothèque de l’Université de Barcelone en Espagne

De Oratore ou l’art de la rhétorique.
De Oratore ou l’art de la rhétorique.
De Oratore ou Dialogi tres de Oratore (Trois dialogues à propos de l’orateur) est le titre du traité de Cicéron, datant de l’an 55 avant Jésus Christ. Rédigé en latin sur trois livres, il porte sur l’art de la rhétorique et sur sa pratique. Il fut le premier livre imprimé en Italie. La bibliothèque de l’Université de Barcelone conserve par ailleurs le Concordia, la deuxième pharmacopée (un ouvrage encyclopédique recensant principalement des plantes à usage thérapeutique) écrite en Europe. Rédigé en latin en 1911, le Concordia est le fruit du travail d’apothicaires de Barcelone. Il n’en existe pas d’autre exemplaire dans le monde.

5. Discours de Gettysburg d’Abraham Lincoln - Bibliothèque Uris, Cornell University à New York

La bibliothèque a été conçue par l’un des premiers diplômés de l’Université en architecture.
La bibliothèque a été conçue par l’un des premiers diplômés de l’Université en architecture.
Il s’agit de la seule copie du discours de Gettysburg d’Abraham Lincoln. Mais on peut également trouver sur les étagères de la bibliothèque la correspondance entre Thomas Jefferson et le marquis de Lafayette durant la Révolution française. La bibliothèque d’Uris a été conçue par l’architecte William Henry Miller, qui n’est autre que l’un des premiers diplômés de l’Université de Cornell en architecture. Elle est notamment connue pour sa salle de lecture (la A.D. White Reading Room).

6. Bible de Gutenberg - Bibliothèque Bodleian de l’Université d’Oxford en Angleterre

De nombreuses scènes du film Harry Potter y ont été tournées.
De nombreuses scènes du film Harry Potter y ont été tournées.
L’un des rares exemplaires de la Bible de Gutenberg est conservé avec soin sur les étagères de la bibliothèque Bodleian. Sa collection impressionnante est également composée des premiers exemplaires des pièces de Shakespeare. Le lieu, spectaculaire, est la deuxième plus grande bibliothèque universitaire du Royaume-Uni. Pour l’anecdote, de nombreuses scènes du film Harry Potter y ont été tournées.

7. Manuscrits de Dante et Pétrarque - Bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier en France

La France n’est pas en reste. Grâce à Gabriel Prunelle, un homme politique du 18ème siècle, la France a pu garder sur son territoire cette inestimable collection de manuscrits rares, désormais minutieusement conservés par la bibliothèque universitaire de médecine de Montpellier. Plus d’un millier de volumes reposent sur les rayonnages de la bibliothèque. La majorité d’entre eux sont antérieurs à l’apparition de l’imprimerie. On y trouve des manuscrits carolingiens, des volumes médicaux, des auteurs classiques, des romans de chevalerie et des œuvres de poètes italiens comme Dante et Pétrarque. Certains de ces manuscrits, qui datent parfois du 12ème siècle, ont été exceptionnellement exposés au public l’année dernière.

8. La plus ancienne Torah du monde - Bibliothèque universitaire de Bologne en Italie

un manuscrit longtemps oublié suite à une mauvaise datation faite en 1889.
un manuscrit longtemps oublié suite à une mauvaise datation faite en 1889.
C’est dans les murs de la bibliothèque de la plus vieille université d’Europe qu’a été retrouvée la plus ancienne Torah du monde. Le rouleau de 36 mètres de long contient les cinq premiers livres de la Bible et fût pendant longtemps oublié suite à une mauvaise datation faite en 1889. Ce n’est qu’au 20ème siècle que le manuscrit a été découvert, grâce à une nouvelle datation au carbone 14. Il a été rédigé entre le 12ème et le 13ème siècle, probablement en Orient.
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Des bibliothèques universitaires bientôt ouvertes le soir, le week-end et pendant les vacances ?

  • LE FIGARO Par Aude Bariéty  Publié le
Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Mandon ont lancé un plan «bibliothèques ouvertes» visant à élargir les horaires d’ouverture des bibliothèques universitaires le week-end, le soir et pendant les vacances.
Selon un sondage lancé sur Twitter par le Figaro Etudiant, près de la moitié des étudiants préfèrent travailler à la bibliothèque plutôt que chez eux. Bonne nouvelle pour ces habitués des bibliothèques universitaires (BU): la ministre Najat Vallaud-Belkacem et le secrétaire d’Etat Thierry Mandon ont lancé lundi 1er février un plan intitulé «bibliothèques ouvertes» auquel devraient être consacrés 12,7 millions d’euros entre 2016 et 2019.
A partir de la rentrée universitaire 2016, certaines BU sélectionnées dans le cadre d’un appel à projets bénéficieront ainsi d’horaires d’ouverture élargis ainsi que de nouveaux services, notamment des dispositifs de comptage des places disponibles et d’évaluation du temps d’attente.
La France est en effet à la traîne vis-à-vis de ses voisins européens: les bibliothèques universitaires françaises ouvrent en moyenne 61 heures par semaine contre 65 heures en Europe, malgré un premier plan «d’élargissement massif des horaires d’ouverture» des bibliothèques lancé par Valérie Pécresse en 2010.

Au moins une BU ouverte jusqu’à 22h en semaine

«C’est insuffisant et d’autant plus problématique que le nombre de places assises en BU (130 000 sur l’ensemble du territoire) augmente moins vite que le nombre d’étudiants (+1,7% de places entre 2011 et 2014 pour +4,5% d’étudiants)», rappelle un communiqué du ministère de l’Education nationale.
Chaque université sera ainsi tenue d’ouvrir une bibliothèque jusqu’à 22 heures du lundi au vendredi - aujourd’hui, la moitié des établissements sont fermés après 19 heures -, le samedi après-midi et pendant les périodes de révisions.
En outre, dans quarante grandes villes, une bibliothèque devra être ouverte le dimanche après-midi: une véritable révolution si cette mesure est véritablement appliquée, sachant que seules 7 BU sont actuellement ouvertes le dimanche sur les 480 BU françaises.

La BU Santé de Nantes est déjà ouverte 7j/7 jusqu’à 23h30

«C’est un bon début, ce plan permettra aux étudiants de profiter de conditions de travail plus adéquates», réagit ainsi Ambroise, étudiant en M2 d’économie. «Mais par la suite, j’espère que ce dispositif sera généralisé. Par exemple, la bibliothèque de l’université de Konstanz en Allemagne, où je suis parti en Erasmus, était ouverte 24h/24 et c’était génial: pourquoi ne pas faire de même en France?»
Si l’ouverture des BU 24h/24 semble loin d’être d’actualité, certains établissements n’ont cependant pas attendu le plan «bibliothèques ouvertes» pour offrir à leurs étudiants des espaces de travail à horaires élargis. Ainsi des universités de Strasbourg, de Nice ou encore de Paris XIII.
De son côté, la BU Santé de Nantes est déjà ouverte 7j/7 jusqu’à 23h30. Avec 104h30 d’ouverture par semaine, elle détient le record de l’amplitude des bibliothèques de l’enseignement supérieur français. Heureux futurs médecins nantais!
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lundi 25 avril 2016

«Spoiler» remporte la Coupe de France des mots absents du dico

VOCABULAIRE « 20 Minutes » va tout tenter pour convaincre les dictionnaires d’intégrer Spoiler à leurs prochaines éditions…
Spoiler remporte la Coupe de France des mots absents du dico
Spoiler remporte la Coupe de France des mots absents du dico - HBO
  • Benjamin Chapon
  • Publié le
  • Après une semaine de compétition, opportunément concomitante de la Semaine de la langue française, la Coupe de France des mots absents du dico organisée par 20 Minutes a un gagnant : Spoiler. En finale, l’anglicisme a écrasé Urgentissime.
    Spoiler, qui es-tu ? Verbe (transitif, du premier groupe) ou nom commun selon les usages, il signifie : « gâcher le plaisir en divulguant une intrigue. » D’ailleurs, nos amis québecois disent « divulgâcher », épouvantable mot-valise lui aussi absent des dictionnaires. On emploie aussi « spoiler » comme un nom dans la phrase « Pas de spoiler ou je te tape », par exemple

    Entre « splénomégalie » et « spoliateur »

    Spoiler a survolé la compétition, surtout lors des votes recueillis sur Twitter. Très utilisé par les lecteurs de 20 Minutes, la plupart du temps pour nous demander, plus ou moins poliment, de NE PAS SPOILER leurs séries fétiches dans nos articles, le mot est entré dans les mœurs avec l’avènement des séries télé comme pratique culturelle socialement acceptable. La violence que suscite parfois la pratique du spoiler soit, ou non, justifiée, là n’est pas le débat.
    En tant que vainqueur de la Coupe de France des mots absents du dico, Spoiler devient le champion de 20 Minutes. Notre objectif est désormais que le mot fasse au plus vite son entrée dans les deux dictionnaires de référence. Nous plaiderons également la cause de Spoiler auprès de l’Académie française. Nous vous tiendrons informer de l’avancée de nos efforts mais nous pouvons déjà révéler que le premier contact avec les hautes autorités orthographiques a été froid mais poli. Sans spoiler, affirmons que notre démarche est en bonne voie.

    Votez pour le mot de l
    Votez pour le mot de l'année en partenariat avec le festival du mot
    A 20 Minutes, on adore les mots. La preuve, on en utilise plein. Tout le temps. Nos lecteurs aussi adorent les mots. Ne faites pas les timides : on le sait bien. Les récentes polémiques autour de la réforme de l'orthographe vous ont passionné. C'est donc tout naturellement que cette année encore, 20 Minutes est partenaire du festival du mot de La Charité-sur-Loire. Lors de cet événement, du 25 au 29 mai 2016, sera dévoilé le mot de l'année 2016. Roland Cayrol a établi une liste de dix mots. Les collégiens et lycéens de la Nièvre en ont également choisi un, « Radicalisation ».
    >> « 20 Minutes » a organisé la première Coupe de France des mots absents du dictionnaire...
    Vous êtes invités, d'ici au 18 mai, à élire le mot de l'année 2016 parmi cette liste qui vous rappellera sans doute des épisodes médiatiques, plus ou moins agréables, plus ou moins polémiques, des derniers mois. Les voici, par ordre alphabétique : Binationaux, Climat, Frappes, Orthographe, Primaires, Radicalisation, Réfugiés, République, Sécurité, Terrorisme, Uberisation.
    De notre côté, on a bien notre chouchou dont on défendra les couleurs lors du vote du jury. Pour mémoire, l'an dernier « Liberté (d'expression) » avait été élu mot de l'année par le public là où le jury choisissait « Laïcité ».
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    dimanche 24 avril 2016

    Une souscription sur Internet est lancée pour réhabiliter la maison d'Albert Londres

    La Montagne 18/04/16

    Grâce en partie aux dons, la Maison d'Albert Londres devrait connaitre sa première phase de travaux d'ici fin 2016. - Cleo Chabrou
    Grâce en partie aux dons, la Maison d'Albert Londres devrait connaitre sa première phase de travaux d'ici fin 2016. - Cleo Chabrou
    Une souscription est ouverte via la Fondation du patrimoine,  sur Internet depuis le 16 avril, pour récolter des dons permettant de réhabiliter la Maison d’Albert Londres, à Vichy. Le projet prévoit trois espaces dédiés: à la vie d’Albert Londres, pour un  centre documentaire et pour  des conférences. L’association Maison d’Albert Londres (Regarder Agir) a passé une convention avec la Fondation du patrimoine département  de l'Allier pour récolter des dons à hauteur de 255.000 €. Dont 170.000 €  pour la première phase des travaux (toiture, huisserie) et 70.000  € pour la deuxième. Dons à verser sur le site en ligne: www.fondation-patrimoine.org/43384
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    Illettrisme : le Puy-de-Dôme parmi les cinq départements français les moins touchés

    La Montagne 23/04/16


    L'Insee Auvergne-Rhône-Alpes a publié une étude sur l'illettrisme (lire par ailleurs). Il en ressort que 7 % des 18-65 ans des personnes résidant en Auvergne-Rhône-Alpes sont concernées.
    Le Puy-de-Dôme dans le top cinq. En 2011, environ 294.000 personnes sont en situation d'illettrisme en Auvergne-Rhône-Alpes. Elles représentent 7 % de la population des 18-65 ans scolarisée, soit un niveau comparable avec la France métropolitaine. Dans le détail, les données sont plutôt bonnes pour les départements auvergnats, tous les quatre dans les 25 premiers de France, concernant le taux d'illettrisme des jeunes ayant été reçus à la Journée défense et citoyenneté en 2011. Avec 2,95 %, le Puy-de-Dôme se situe au 5e rang national, la Haute-Loire 12e (3,13 %), le Cantal 16e (3,41 %) et l'Allier 22e (3,59 %). A noter que deux départements de la grande région font également partie du top cinq : la Haute-Savoie (2e, 2,74 %) et la Savoie (3e, 2,78 %). En Limousin, la Corrèze se situe au 30e rang national (3,85 %). En revanche, la Creuse est au 11e rang des départements ayant les moins bons résultats (5,68 %).



    Qu'appelle-t-on illettrisme ? L'Insee utilise la définition de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme : "L'illettrisme qualifie la situation de personnes de plus de 16 ans qui, bien qu'ayant été scolarisées, ne parviennent pas à lire et à comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne, et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples."

    Les jeunes en situation d'illettrisme en baisse. Avec 156.000 personnes âgées de 16 à 65 ans concernées, les personnes âgées de plus de 45 ans sont plus fréquemment en situation d'illettrisme que les moins de 45 ans. 9 % des personnes se situant dans cette catégorie d'âge, en Auvergne-Rhône-Alpes, sont concernées (10 % au niveau national). Par ailleurs, on repère de moins en moins de jeunes de 17 ans en situation d'illettrisme lors des tests de la journée défense et citoyenneté. De 3,9 % en 2006, le chiffre est descendu à 2,7 % en 2013.

    Taux d'illettrismeÉvolution de la part des jeunes de 17 ans ensituation d'illettrisme lors des tests de laJournée défense et citoyenneté (JDC)Auvergne - Rhône-AlpesFrance métropolitaine200420062008201020122.533.544.555.52006 France métropolitaine: 4.8
    Un frein à l'emploi, mais pas rédhibitoire. Pas de différenciation selon le type de territoire (rural, urbain de moins de 20.000 habitants, urbain de plus de 20.000 habitants), qui sont touchés dans des proportions équivalentes. En revanche, les écarts sont marqués selon le niveau de diplôme. Les non diplômés sont 21 % à souffrir d'illettrisme, les diplômés pré-bac 8 % et les bacheliers 2 %. Ce qui peut constituer un obstacle vis-à-vis de l'emploi. Ainsi, 10 % des personnes inactives sont concernées par l'illettrisme, contre 6 % pour les personnes ayant un emploi. Obstacle pas infranchissable, puisque plus de la moitié des personnes (168.000 sur 294.000) en situation d'illettrisme ont un emploi.

    Carte et graphique Antoine Busnel

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    samedi 23 avril 2016

    Un dictionnaire sur les aviateurs auvergnats de 14-18 vient de paraître

    La Montagne 23/04/16

    Jean Ondet, né en mai 1896, à Clermont-Ferrand, a terminé la Première Guerre mondiale au sein de l’escadrille Spa 94 (photo DR). - inconnu
    Jean Ondet, né en mai 1896, à Clermont-Ferrand, a terminé la Première Guerre mondiale au sein de l’escadrille Spa 94 (photo DR). - inconnu
    Si la plupart des Auvergnats n'avaient jamais vu d'avion en 1914, la région, par ses pilotes, mécaniciens et autres observateurs, a tenu son rang aérien durant 14-18. Le Dictionnaire des aviateurs de la Première Guerre mondiale, signé par le journaliste Jean-Baptiste Ledys, les met à l'honneur. Trois bonnes raisons de se lancer dans la lecture de cet ouvrage de 250 pages. 
    1. Parce que l'auteur est fasciné par la conquête du ciel depuis toujours

    Journaliste à La Montagne, Jean-Baptiste Ledys, 37 ans, est, dès l'adolescence, fasciné par l'aviation. Ayant dû renoncer très tôt à ses rêves de pilote, du fait d'une vision insuffisante, il se tourne vers l'histoire de l'aviation. Sa passion « s'est encore précisée » quand il s'installe en Auvergne en 2006.

    « Et depuis lors, confie-t-il, c'est l'aspect régional de l'aviation qui m'intéresse ».  Après avoir publié L'Histoire de l'aviation dans le Cantal 1910-1945 en 2013, il se lance dans un véritable travail de fourmi « avec l'objectif de l'exhaustivité » pour écrire son Dictionnaire des aviateurs de la Première Guerre mondiale. Ses deux ans et demi de recherche l'amènent à éplucher des milliers de documents dans les archives départementales, au Service historique de la défense à Vincennes, quelquefois dans des archives familiales, des récits dans des livres ou dans la presse... 

    En 1914, personne n'imaginait que l'aviation pouvait rendre le moindre service sur le front. En 1916, plus aucun général ne pouvait s'en passer. Ce document de l'Ina évoque la vie de Roland Garros. L'aviateur, né à Saint-Denis de la Réunion, en 1888, est mort en vol pendant la guerre de 1914-1918.

    « Si les avions courent le ciel aujourd'hui, c'est beaucoup grâce à lui (...). Roland Garros n'était pas un tennisman, c'était un aviateur et quel aviateur ! Il fut un des accoucheurs de l'aviation ».

     2. Parce que cet ouvrage ne s'intéresse pas qu'aux « As » de l'aviation

    Guynemer, Fonck, Madon...Ces aviateurs, dont les noms sont encore connus du grand public, ont gagné leur titre de noblesse dans le ciel lors de la Première Guerre mondiale. A côté d'eux, ils sont des milliers à avoir survolé les tranchées, à avoir participé aux bombardements... L'intérêt de l'ouvrage de Jean-Baptiste Ledys est de mettre en lumière le parcours de 500 aviateurs qui, partis d'Auvergne, ont tenu leur place dans les airs, sur tous les fronts. 
    Le travail de recherche de Jean-Baptiste Ledys débute au début des commémorations du centenaire du conflit mondial. « J'ai fait quelques recherches rapides sur des aviateurs auvergnats que je trouvais ici ou là. Petit à petit, je me suis pris au jeu de tenter de tous les recenser. J'en ai trouvé près de 500. Il va sans dire que je ne m'attendais pas à autant. Et encore, je me suis limité à ceux qui constituaient le personnel volant des escadrilles. Il y en a beaucoup d'autres – mécaniciens, cuisiniers et même coiffeurs – qui ont fait partie de l'aéronautique militaire sans voler ». 

    Au fil de sa quête, le journaliste parcourt les quatre départements. Il s'arrête un jour dans le Puy-de-Dôme où Léon Martin, après avoir sévi dans l'infanterie, décroche son brevet de pilote en février de 1918. Le lendemain, il se trouve avec France Vuarin, le fils du percepteur de Tence, qui dirigera, par le suite, une école de bombardement. Sans oublier le Cantal, avec Eugène Chevalier, « mort en brave, en faisant son devoir », ni l'Allier avec Eugène Goursonnet, qui participe au défilé de la victoire sur les Champs-Elysées. 

    3. Parce que ce livre une vision globale du conflit

    Jean-Baptiste Ledys a retenu dans son dictionnaire « les citations ou récits donnant une idée de leur combat », comme les impressions de vol, les analystes stratégiques, les lettres de décès... « Au final, précise l'auteur, il me semble que la lecture de tous ces textes permet d'avoir une vision globale de ce que fut la première guerre aérienne du monde, d'un point de vue français ». Selon le journaliste, ce « livre obéit à un devoir d'histoire et non pas à un devoir de mémoire ».

    Le Dictionnaire des aviateurs auvergnats de la Première Guerre mondiale (254 pages, 23 €), paru aux Editions du Roure, Polignac (Haute-Loire). Tél. 04.71.02.10.96. Site : www.editionsduroure.com
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    La Comtesse de Ségur vaut plus que ses robes de taffetas

    LIBERATION  Les pages jeunes  Par Johanna Luyssen

    Tous les vendredis, «Libération» fait le point sur l’actualité du livre jeunesse. Aujourd’hui, une réhabilitation de l'auteure des «Malheurs de Sophie», rangée un peu trop vite au rayon «nunucheries corsetées du Second Empire».

    Oreste Kiprensky. «Portrait de la Comtesse de Ségur», 1823. Paris, musée Carnavalet.Oreste Kiprensky. «Portrait de la Comtesse de Ségur», 1823. Paris, musée Carnavalet. Photo musée Carnavalet. Roger-Viollet
    On lit moins qu’autrefois la Comtesse de Ségur, comme le rappelait cette semaine cet article de Libé autour de la sortie du film les Malheurs de Sophie, de Christophe Honoré. Comment expliquer une telle désaffection de l’auteure des Petites filles modèles ? Peut-être justement à cause de ce titre un brin trompeur, qui fleure bon le temps des diligences et la France sous naphtaline. Peut-être aussi à cause de ses héroïnes totémiques, Nunuche-Camille et Tartouille-Madeleine, deux sœurs si agaçantes de perfection et de désuétude, et leur attitude so Cyrillus-Les-Triplés-proto-Manif-pour-Tous. Histoire d’enfoncer le clou, la mode enfantine nous propose de temps à autre des séries de photos mettant en scène les «nouvelles petites filles modèles» : généralement il s’agit de montrer deux gamines posant en col Claudine et en robe pastel dans un sfumato photographique très David Hamilton – l’érotisme en moins –, histoire d’entretenir encore et encore le mythe de la Comtesse, auteure pour mémères corsetées prenant le thé dans un jardin normand sur des chaises inconfortables.
    Livre de recettes des Petites filles modèles, datant des années 90.
    Livre de recettes datant de 1995 et surfant sur le marketing tarte des «Petites Filles modèles».
    Pourtant, l’œuvre de la Comtesse présente bien plus d’aspérités qu’il n’y paraît. Il y a du sadisme, de la violence, des regrets, des désirs enfouis, des fantasmes ; on trouve aussi parfois, dans l’écriture de cette véritable femme de lettres, à la plume maîtrisée et alerte à la fois, des accents naturalistes assez troublants, loin de l’image de fabuliste Mère-la-Morale qu’on a lui collée. Il y a même une formidable histoire de revenant dans les Vacances (1858), où elle flirte avec le gothique.
    Comme son œuvre, sa vie est loin d’être lisse. Sophie Rostopchine est née en 1799 à Saint-Pétersbourg. Elle est la fille de Fiodor Rostopchine, gouverneur de Moscou, exilé de Russie après avoir mis le feu à la ville le 14 septembre 1812 – ceci afin d’arrêter Napoléon en pleine campagne de Russie (le fameux coup de «la terre brûlée»). Léon Tolstoï, vaguement apparenté à la Comtesse via la tante maternelle de cette dernière (le monde est petit), taillera en pièces ce père imposant dans Guerre et paix :
    «Rostopchine, homme ardent, sanguin, qui avait toujours évolué dans les hautes sphères de l’administration, n’avait, bien qu’animé de sentiments patriotiques, pas la moindre idée de ce peuple qu’il croyait gouverner. […] Toute son activité zélée et énergique, toute son activité n’était tendue qu’à éveiller dans la population le sentiment qu’il éprouvait lui-même : la haine patriotique des Français et de la confiance en soi».

    «J’ai vu comme une aurore boréale»

    Quoi qu’il en soit, cet événement apocalyptique marquera durablement l’esprit de la comtesse. «J’ai vu comme une aurore boréale dans la ville», écrira-t-elle plus tard, ne cessant de remuer le souvenir incandescent de cette nuit où Moscou vit rouge. Il y a de fait plusieurs scènes d’incendie dans ses livres, dans François Le Bossu, les Nouveaux contes de fées ou Mémoires d’un âne, par exemple, où le héros, Cadichon (un âne, donc) raconte qu’il est pris par les flammes, dans des pages qu’on peut qualifier de haletantes : «Un soir que je commençais à m’endormir, je fus réveillé par des cris : Au feu ! Inquiet, effrayé, je cherchai à me débarrasser de la courroie qui me retenait ; mais, j’eus beau tirer, me rouler à terre, la maudite courroie ne cassait pas. J’eus enfin l’heureuse idée de la couper avec mes dents : j’y parvins après quelques efforts. La lueur de l’incendie éclairait ma pauvre écurie ; les cris, le bruit augmentaient ; j’entendais les lamentations des domestiques, le craquement des murs, des planchers qui s’écroulaient, le ronflement des flammes ; la fumée pénétrait déjà dans mon écurie, et personne ne songeait à moi ; personne n’avait la charitable pensée d’ouvrir seulement ma porte pour me faire échapper. Les flammes augmentaient de violence ; je sentais une chaleur incommode qui commençait à me suffoquer.» (Spoiler : Cadichon s’en sort).
    La suite de la vie de la comtesse est plus calme. Voire ennuyeuse comme un jour sans soleil. «Voilà comment je me représente la première partie de la vie de Sophie», écrit la romancière Marie Desplechin dans un recueil évoquant la figure de la comtesse, L’une et l’autre. «Des éveils éblouissants d’une enfance russe à l’érosion lancinante d’une jeunesse française. Toutes ces années, tout ce chemin pour arriver là. Trente-six ans, les jeux sont faits. La vie est passée, elle s’est transmise à ses enfants. Mais elle ?»
    Car à 20 ans, Sophie épouse le comte Eugène de Ségur. C’est un mariage arrangé et Eugène s’avère rapidement être un type volage et inconstant qui, grand classique, la trompe avec la bonne. Retirée dans un château normand qu’elle a acheté, Les Nouettes, elle écrit sur le tard, la cinquantaine bien tassée, officiellement pour faire plaisir à ses petits-enfants, principaux dédicataires de ses œuvres.
    Les voici, ces enfants, dont les prénoms peupleront ses fictions. Il y a Camille et Madeleine de Fleurville, deux petites filles horripilantes de bonté. Dans les Vacances (1858), les deux sœurs interrogent leur mère au sujet de Jeannette, une prolo effrontée qui a eu l’outrecuidance de commettre un vol. Camille à sa mère pose cette affligeante question : «Mais comment osait-elle aller à l’église et au catéchisme ? Comment ne craignait-elle pas que le bon Dieu ne la punît de sa méchanceté ?»

    Sophie massacre sa poupée et mutile des poissons

    Mais peu importe, au fond ; car Camille et Madeleine ne sont, finalement, que les faire-valoir de la véritable héroïne des histoires de la comtesse, c’est-à-dire Sophie, son homonyme et alter ego. Oui, la Sophie de Réan de la Comtesse de Ségur, c’est la Jo March de Louisa May Alcott, la Claude d’Enid Blyton, voire la Claudine de Colette. L’héroïne de la vie fantasmée de Sophie de Ségur.
    Sophie est intéressante car elle est gourmande, égoïste, colérique, vive, menteuse, voleuse, gentille, maladroite. Si humaine. Elle perturbe l’ordre moral et social de la vie bien rangée de ses cousines de Fleurville. Lors d’une partie de cache-cache dans les Vacances, elle est, naturellement, la seule qu’on ne trouve pas. Et pour cause, elle a réussi à se cacher dans un arbre, dans la cavité duquel elle est tombée ; elle manque de s’étouffer. Si la scène n’était pas un tantinet angoissante, elle pourrait être comique.
    «Sophie, chère Sophie, cria Camille, où es-tu ? Sur quel arbre ? Nous ne te voyons pas.
    SOPHIE, d’une voix étouffée. Je suis tombée dans l’arbre qui était creux ; j’étouffe ; je vais mourir si vous ne me tirez pas de là.»
    Par ailleurs Sophie massacre sa poupée, découpe des poissons rouges vivants, fait boire de l’eau de la gamelle du chien à ses copines pour le thé, se bousille les chaussures dans de la chaux… La voici, par exemple, en train de s’enfiler une boîte de fruits confits dans les Malheurs de Sophie.
    «J’ai une bonne idée : si je grignotais un tout petit morceau de chaque fruit, je saurais le goût qu’ils ont tous, je saurais lequel est le meilleur, et personne ne verrait rien, parce que j’en mordrais si peu que cela ne paraîtrait pas.»
    Et Sophie mordille un morceau d’angélique, puis un abricot, puis une prune, puis une noix, puis une poire, puis du cédrat, mais elle ne se décide pas plus qu’avant.
    «Il faut recommencer», dit-elle.
    Elle recommence à grignoter, et recommence tant de fois, qu’il ne reste presque plus rien dans la boîte. Elle s’en aperçoit enfin ; la frayeur la prend».

    Une scène de sévices digne de Sade 

    Autres temps, autres mœurs en matière d’éducation. Chez la Comtesse, il y a des fessées, des coups de fouet, des soufflets, des punitions en pagaille. Elle semble prendre un plaisir troublant à décrire des scènes de sévices corporels – même si c’est encore mieux quand le méchant est puni, morale chrétienne oblige. Dans le Général Dourakine (1863), la crapule de l’histoire, l’horrible Madame Papofski, subit des outrages aux accents sadiens. L’artiste Christophe Fiat, auteur de la très belle évocation biographiqula Comtesse (Naïve Essais, 2014), évoquant cette scène, écrit même : «Ici, on jouit avec l’oreille.» La voici donc, la scène où l’austère comtesse fricote avec le divin marquis :
    «Malgré sa résistance, Madame Papofski fut enlevée par ces hommes robustes qu’elle n’avait pas aperçus, et entraînée dans un salon petit, mais d’apparence assez élégante. Quand elle fut au milieu de ce salon, elle se sentit descendre par une trappe à peine assez large pour laisser passer le bas de son corps ; ses épaules arrêtèrent la descente de la trappe ; terrifiée, ne sachant ce qui allait lui arriver, elle voulut implorer la pitié des deux hommes qui l’avaient amenée, mais ils étaient disparus ; elle était seule. A peine commençait-elle à s’inquiéter de sa position, qu’elle en comprit toute l’horreur, elle se sentit fouettée comme elle aurait voulu voir fouetter ses 270 paysans. Le supplice fut court, mais terrible. La trappe remonta ; la porte du petit salon s’ouvrit. «Vous pouvez sortir, Maria Pétrovna», lui dit le capitaine qui entrait, en lui offrant le bras d’un air souriant. Elle aurait bien voulu l’injurier, le souffleter, l’étrangler, mais elle n’osa pas et se contenta de passer devant lui sans accepter son bras».

    Lénine, le capitalisme et Julien Sorel 

    Sur les questions sociales et politiques, la Comtesse sait nous surprendre, même si, évidemment, elle reste une aristocrate. Qui a dit d’elle : «Démagogique, asociale, Mme Rostopchine aura fait davantage que Lénine pour la propagation des idées socialistes» ?
    Réponse : Frédéric Dard, dans Vol au-dessus d’un nid de cocu (1978). Tout cela semble surprenant, mais se comprend à la lecture de la Fortune de Gaspard (1866), splendide roman d’apprentissage, dont Michel Tournier disait qu’il était un «chef-d’œuvre de la littérature française». Tournier voyait même dans le personnage de Gaspard, jeune paysan ambitieux, une sorte de Julien Sorel ; en outre le roman offre une intéressante critique de la France capitaliste et industrielle du XIXe siècle. Gaspard est un garçon brillant et ambitieux, et son intelligence le mènera loin. Il croise sur sa route des patrons méchants, cupides, cruels, obsédés par la rentabilité et la concurrence ; mais aussi des contremaîtres qui font souffrir les ouvriers, les seuls épargnés par la plume assassine de la Comtesse. Car il ne faut pas croire que le monde paysan est mieux traité : le père de Gaspard, Thomas, bat femme et enfants et n’en est pas à une filouterie près.
    En somme, voilà une aristocrate un brin désargentée dressant dans ses romans un portrait idéalisé du monde ouvrier. On pourra dire que c’est osé, même si la charité de la comtesse de Ségur fleure bon le paternalisme chrétien propre à son rang et à sa génération. Après tout, on vit avec l’époque qu’on peut.
    Ce document a été créé et certifié chez IGS-CP, Charente (16)A (re)lire, les oeuvres de la Comtesse de Ségur rééditées chez Gallimard Jeunesse, notamment Un bon petit diable, Mémoires d’un âne ou les Vacances. Illustrations de couverture par Pénélope Bagieu. 5,70 € le volume. 
    A lire aussi : la Comtesse, de Christophe Fiat. 94 pp., 17 €, et l’une et l’autre, dont est tirée la citation de Marie Desplechin. L’Iconoclaste, 2015. 288 pp., 17 €. 

    Johanna Luyssen
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    mardi 19 avril 2016

    Pour Hélène Carrère d'Encausse, la réforme de l'orthographe ne verra pas le jour

    Par   Publié


    Résultat de recherche d'images pour "hélène carrère d'encausse"Interviewée par la chaîne de télévision suisse RTS, Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie française, annonce que, selon elle, la réforme sur l'orthographe va être "mise au frigidaire". En février dernier, l'annonce de cette réforme avait provoqué un véritable tollé. Selon l'Immortelle, les éditeurs de manuels scolaires ont renoncé à la mention "nouvelle orthographe" qu'ils espéraient voir figurer sur leur éditions à la rentrée prochaine. Ils seraient à l'arrêt, constatant que la réforme ne "marchait pas".

    "Mon pronostic c'est que la réforme va tomber dans l'oubli", ajoute Hélène Carrère d'Encausse. Sur la question de l'accent circonflexe, menacé de disparaître avec la nouvelle réforme, l'académicienne explique que "les Français ont le sentiment qu'on leur enlève ce qu'ils sont". La réforme pourrait donc être oubliée, au même titre que celles de 1905 ou 1994.
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    lundi 18 avril 2016

    Peut-on reconnaître un écrivain à sa ponctuation ?

    Peut-on reconnaître un écrivain à sa ponctuation ?

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    Qu'est-ce qui fait le style d'un écrivain ? Il y a bien sûr le choix des mots, des formules, des temps employés, l'ampleur et la vivacité de la phrase, etc. Mais il y a aussi, parsemés au milieu de tout cela, ces petits signes qui font le liant, le rythme et, parfois aussi, les indications "scéniques", suggérant le doute, la joie, la colère : les signes de ponctuation. Eux aussi font partie de la "petite musique" chère à Louis-Ferdinand Céline. Bien sûr ils ne sont pas négligés par les spécialistes de la littérature. On trouvera ainsi des articles sur l'usage de la parenthèse chez Marcel Proust ou sur les fameux trois points de Céline. Si j'en parle ici, c'est parce que je me pose une question depuis longtemps (contrairement à ce que ce blog peut parfois laisser croire, j'ai fait des études littéraires et non pas scientifiques...) : pourrait-on reconnaître un auteur sans aucun de ses mots, en ne disposant que de sa ponctuation ? Ce qui revient à demander si une image des points, des virgules, des points d'exclamation ou d'interrogation, etc., serait suffisamment parlante pour distinguer un auteur d'un autre.

    La question dormait depuis des lustres dans les limbes de mon cerveau et elle est remontée à la surface lorsque j'ai vu ce billet d'Adam Calhoun. A l'origine, Adam a fait des mathématiques ainsi que de l'informatique et il s'est "reconverti" dans les neurosciences – et notamment les neurosciences dites computationnelles – à l'université de Princeton (Etats-Unis). Il a écrit un petit programme pour ne conserver d'un texte que sa ponctuation et visualiser les données ainsi recueillies sur une grille claire. Il a évidemment effectué ses essais sur des œuvres de la littérature anglo-saxonne et il a très gentiment accepté, à ma demande, de faire tourner son programme sur quelques textes célèbres d'auteurs français que je lui ai fournis.

    Voilà deux exemples de ce que cela donne :
    Ponctuation1
    Extrait du "Côté de Guermantes" de Marcel Proust. © Adam Calhoun.
    Ponctuation2
    Début de "Mort à crédit", de Louis-Ferdinand Céline. © Adam Calhoun.

    Il me semble que, visuellement, le résultat de l'expérience est frappant. Certes j'ai choisi des auteurs dotés chacun d'un style très caractéristique, pour ne pas dire caricatural dans ses "manies". Sautent aux yeux, chez Proust, la multiplication des virgules et des incises (tirets et parenthèses) et, surtout, la rareté relative des points, l'ensemble signalant la fameuse phrase proustienne très longue et à tiroirs. A l'inverse, chez Céline, les points sont fréquents, ce qui induit que les phrases sont courtes. Et quand le narrateur commence à s'emballer, les trois points surgissent par grappes (jusqu'à six de suite dans cet extrait) ainsi que les points d'exclamation. L'auteur de Mort à crédit met de l'oralité et beaucoup de rythme dans ses écrits, au point que presque tous les autres signes de ponctuation disparaissent.

    Je voudrais poursuivre l'expérience... avec vous. Ci-dessous figurent trois extraits célèbres de la littérature française, mais bien évidemment sans les mots. Serez-vous capables d'identifier leurs auteurs, voire les œuvres dont il s'agit ? Le test est difficile mais il vaut la peine d'être tenté, ne serait-ce que pour le plaisir du jeu et du défi...
    Ponctuation3
    Extrait 1, début d'un roman par un maître du point-virgule... © Adam Calhoun.
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    Extrait 2. Attention, il y a un piège... Malgré les apparences, il s'agit d'un soliloque... © Adam Calhoun.
    Ponctuation5
    Extrait 3. Autre début de roman. Les tirets indiquent ici des dialogues et non des incises. © Adam Calhoun.
    Je vous invite à laisser vos suggestions, pour chacun de ces extraits, dans les commentaires. Pour ceux qui voudraient vérifier s'ils ont vu juste ou qui donneraient leur langue au chat, voici le lien vers la page où figurent les réponses...
    Pierre Barthélémy (suivez-moi ici sur Twitter ou bien là sur Facebook)
    Post-scriptum : je remercie chaleureusement Adam Calhoun d'avoir pris du temps pour adapter son programme à la langue française (avec ses guillemets...) et à mes desiderata (faire apparaître les points de suspension comme un seul signe).
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    dimanche 17 avril 2016

    Il y a 320 ans, Madame de Sévigné posait définitivement sa plume

    Un portrait de Madame de Sévigné peint au 18e siècle et conservé au Musee Carnavalet.
    Un portrait de Madame de Sévigné peint au 18e siècle et conservé au Musee Carnavalet.
    De A comme abbé de Coulanges à V comme Vichy, focus sur Madame de Sévigné, disparue le 17 avril 1696, il y a tout juste 320 ans.
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    C'est au château de Grignan dans la Drôme que s'éteint la marquise de Sévigné le 17 avril 1696. Elle a alors 70 ans. Femme d'esprit et de talent, elle porte tout au long de sa vie l'art épistolaire au plus haut. Ses lettres à sa fille et à ses amis sont devenues un classique de la littérature française.

    A comme Abbé de Coulanges

    Crédits photo :
    Orpheline de père à 18 mois et de mère à 7 ans, la jeune Marie de Rabutin-Chantal, future Madame de Sévigné, est confiée à ses oncles maternels. C'est Christophe de Coulanges, abbé de Livry qui se charge plus particulièrement de son éducation. Très présent au côté de sa nièce après son veuvage, il est surnommé par elle le «bien bon» dans sa correspondance. Elle fait de fréquents séjours dans son abbaye de Livry dans la forêt de Bondy. A sa mort, elle confie à son cousin Bussy-Rabutin: «Je lui devais la douceur et le repos de ma vie; c'est à lui que vous devez la joie que j'apportais dans votre société: sans lui nous n'aurions jamais ri ensemble; vous lui devez toute ma gaieté, ma belle humeur, ma vivacité, le don que j'avais de bien vous entendre, l'intelligence que me faisait comprendre ce que vous aviez dit et deviner ce que vous alliez dire…»

    B comme Bussy-Rabutin

    Crédits photo :
    Roger de Bussy-Rabutin, le cousin par alliance, le prétendant, le correspondant précieux avec lequel la marquise peut «rabutiner». Se moquer avec esprit est pourtant un talent qui causera la perte du libertin. Militaire et homme de lettres, membre de l'Académie française, Bussy sera plusieurs fois condamné à l'exil en son château de Bourgogne pour ses mœurs et surtout pour avoir commis le fameux Histoire amoureuse des Gaules, texte satirique raillant les frasques de la cour de Louis XIV. Ecornée dans le livre dans un portrait peu flatteur, Madame de Sévigné restera longtemps fâchée avant de lui pardonner.

    C comme Carnavalet

    La marquise déménage six fois à Paris avant de trouver dans l'hôtel Carnavalet, aujourd'hui musée parisien, le havre idéal. Elle y emménage en 1677 dans l'attente d'accueillir sa fille et sa famille qui s'installeront à Paris en 1680 pour un séjour de quatre années. Ainsi lui écrit-elle au mois de septembre: «Il y a des heures du soir et du matin pour ceux qui logent ensemble qu'on ne remplace point quand on est pèle-mêle avec les visites, -Dieu merci!-nous avons l'hôtel Carnavalet! c'est une affaire admirable, nous y tiendrons tous et nous aurons le bel air.»

    F comme Fille

    Madame de Grignan, «la plus jolie fille de France» selon sa mère.
    Madame de Grignan, «la plus jolie fille de France» selon sa mère. Crédits photo :
    La majeure partie des lettres de Madame de Sévigné est adressée à fille, Françoise Marguerite, devenue par son mariage en 1669 comtesse de Grignan. La séparation qui suivit quand la jeune femme dût partir rejoindre son mari alors nommé lieutenant-général de Provence, fut extrêmement difficile. Ainsi, lorsque sa fille prend la route le 4 février 1671, il lui semble que son «cœur veuille se fendre par la moitié». Elle ajoute «soyez assurée aussi que je pense continuellement à vous: c'est ce que les dévots appellent une pensée habituelle; c'est ce qu'il faudrait avoir pour Dieu, si l'on faisait son devoir.» Son amour pour son fils Charles fut bien plus tiède.

    G comme Grignan

    Grignan c'est d'abord son gendre, François Adhémar de Monteil de Grignan, un homme de qualité: «Toutes ses femmes sont mortes pour faire place à votre cousine, écrit-elle à son cousin Bussy, et même son père et son fils, par une bonté extraordinaire, de sorte qu'étant plus riche qu'il n'a jamais été […] nous ne le marchandons pas, comme on a accoutumé de faire ; nous nous en fions bien aux deux familles qui ont passé avant nous.»
    Mais Grignan c'est aussi ce château de Provence battu par les vents et qui l'a tant privée de sa fille. Le tableau qu'elle en fait en février 1695 alors qu'elle y séjourne est apocalyptique: «Nous sommes exposés à tous les vents; c'est le vent du midi, c'est la bise, c'est le diable, c'est à qui nous insultera; ils se battent entre eux pour avoir l'honneur de nous enfermer dans nos chambres, […]nos écritoires sont gelées; nos plumes ne sont plus conduites par nos doigts, qui sont transis; nous ne respirons que de la neige…»

    L comme Lettres

    Lettre manuscrite de la marquise de Sévigné
    Lettre manuscrite de la marquise de Sévigné Crédits photo :
    Combien de lettres Madame de Sévigné a-t-elle écrites? Aucune certitude évidemment. Plus de 1.100 lettres sont connues. La publication de cette correspondance a été laborieuse et source d'erreurs. Le premier homme à reconnaitre les qualités littéraires des lettres de la marquise fut son cher cousin Bussy-Rabutin. Il faisait circuler autour de lui les lettres particulièrement brillantes de son amie. En 1734, après la mort de Madame de Sévigné et pour mettre fin à la publication furtive de plusieurs recueils de lettres parus en 1725-1726, sa petite fille Pauline de Simiane confie à l'éditeur Perrin le soin de publier 614 lettres mais expurgées de ce qu'elle juge peu convenable. Elle est elle-même fort dévote. Les réponses de madame de Grignan sont détruites à la demande de sa famille. En 1873, une nouvelle édition est établie grâce à la découverte par un professeur de droit Charles Capmas, d'un manuscrit inédit contenant la copie des lettres de la marquise à sa fille. A partir de ces différentes éditions, l'historien Roger Duchêne, établira dans les années 1970 une édition de référence pour la Pléiade.

    M comme Mademoiselle

    Narrer les histoires de la cour, est une activité qu'affectionne Madame de Sévigné et qu'elle fait avec un talent certain. Elle sait ménager ses effets comme dans cette lettre du 15 décembre 1670 à son cousin à qui elle apprend le prochain mariage de la «Grande Mademoiselle» (Anne Marie Louise d'Orléans, la cousine de Louis XIV, duchesse de Montpensier, déjà agée de 43 ans) avec un simple gentilhomme, le comte de Lauzun:
    «Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus digne d'envie: enfin une chose dont on ne trouve qu'un exemple dans les siècles passés, encore cet exemple n'est-il pas juste; une chose que l'on ne peut pas croire à Paris (comment la pourrait-on croire à Lyon?); une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde; une chose qui comble de joie Mme de Rohan et Mme d'Hauterive ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire; devinez-la: je vous la donne en trois. Jetez-vous votre langue aux chiens?»
    Le mariage sera finalement annulé par le roi.

    S comme Sévigné

    Avant Madame il y eut bien sûr Monsieur de Sévigné. Malheureusement le bel Henri n'eut pas le temps de devenir un correspondant régulier de sa femme. Jeune homme exalté, coureur de jupons, celui qu'elle épousa à 19 ans la laissa veuve à 25 ans, tué en duel par le chevalier d'Albret pour les beaux yeux de sa maîtresse, Mme de Gondran. Il lui laissa, outre ses deux enfants nés en 1646 et 1648, le château des Rochers-Sévigné près de Vitré qu'elle affectionnait particulièrement et où elle séjourna régulièrement.
    Le château des Rochers-Sévigné en Bretagne, ici vers 1830.
    Le château des Rochers-Sévigné en Bretagne, ici vers 1830. Crédits photo :

    V comme Vichy

    Atteinte de rhumatisme, Madame de Sévigné se rend en 1676, elle a alors cinquante ans, en cure à Vichy. Elle découvre alors le supplice de la douche réservé aux curistes. «J'ai commencé aujourd'hui la douche, écrit-elle à sa fille, c'est une assez bonne répétition du purgatoire. On est toute nue dans un petit lieu sous terre, où l'on trouve un tuyau de cette eau chaude, qu'une femme vous fait aller où vous voulez. Cet état où l'on conserve à peine une feuille de figuier pour tout habillement est une chose assez humiliante.»
    Le Festival de la correspondance qui a lieu chaque année au château de Grignan, se tiendra cette année du 5 au 10 juillet. Il aura pour thème un sujet d'actualité, «Lettres d'exils».
    A lire: Madame de Sévigné, Correspondance, édition de Roger Duchêne avec la collaboration de Jacqueline Duchêne, Bibliothèque de La Pléiade.
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