mercredi 27 avril 2016

"Hé oh la gauche !" : Eh ou Hé ? Oh ou Ho ? Ah ou Ha ?

En ancien français, c’était plus facile : ces interjections s’écrivaient a, e et ô ! Aujourd’hui, on ne sait pas toujours quelle forme employer. Popularisées par les grands auteurs du théâtre classique comme Molière, Racine ou Corneille, elles ont chacune leur subtilité et ne sauraient être confondues. Pour ne plus se tromper, il suffit de suivre le mode d’emploi !

Ah ou Ha ?

Ah ! marque un sentiment vif (douleur, joie…).
Exemple : « Ah ! Fâcheuses nouvelles pour un cœur amoureux ! » (Molière, Les fourberies de Scapin)
Ha ! exprime la surprise et surtout le rire, quand il est redoublé.
Exemple : « Ha, ha, ha. Ma foi ! cela est tout à fait drôle. » (Molière, Le bourgeois gentilhomme)

Eh ou Hé ?

Eh ! sert à attirer l’attention ou à renforcer le mot qu’il précède. Redoublé en « Eh ! eh ! », il  indique un sous-entendu. Enfin, » Eh bien ! » marque l’émotion du locuteur ou introduit une digression, une information, par rapport à un contexte donné.
Exemple : « Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire. » (Racine, Bérénice)
Hé ! sert à appeler ou interpeller quelqu’un. Redoublé, il exprime l’adhésion ou l’approbation.  À noter que « Hélas ! » est formé de et de l’ancien français las (malheureux).

Oh ou Ho ?

Oh ! marque létonnement ou donne de l’énergie à une phrase. On la retrouve sous la forme combinée « Oh là là ! » ou redoublée « Oh oh ! ». On notera l’emploi du oh/ohé pour interpeller et attirer l’attention, notamment en navigation (Ohé, du bateau !).
Exemple : « Oh ! oui, je sais lire et écrire ». (Molière, Le bourgeois gentilhomme).
Ho !, qui tend à disparaître au profit de « Oh ! », a d’abord signifié « halte ! ». Ce sens de « arrêter, modérer » est aujourd’hui vieilli, bien qu’encore utilisé par les dresseurs pour calmer les animaux (notamment les chevaux), et sous la forme « holà », notamment dans l’expression « mettre le holà » (faire cesser une querelle ou quelque chose de déplaisant).
Ô ! est utilisé en littérature ou en poésie pour s’adresser à une divinité ou à quelque chose de personnifié. C’est aussi une lettre de l’alphabet vietnamien.
Exemple : « Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! » (Corneille, Le Cid)

Sources : Le dictionnaire historique de la langue française, Le nouveau Littré et le Wiktionnaire.

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