Son livre "La Planète Nemausa", mélange d'autoportrait et de réflexions sur la vie et l'art, recueille un torrent de louanges. Enfin !
Par Jérôme Béglé
Publié le
| Le Point.fr
Quête éperdue du beau
Mais cette année, miracle, la presse se déchaîne et le réchauffe de sa lumière. La Planète Nemausa,
du nom d'un astre découvert par deux scientifiques qui lui ont donné le
nom latin de la ville de Nîmes où est né l'auteur, aurait pu être titré
Qu'est-ce qu'une vie réussie ? Quand le notable des lettres se
retourne sur son parcours, il avoue avoir fait tout ce, qu'adolescent,
il rêvait d'entreprendre. Il a quitté le Gard pour la capitale, écrit ce
qu'il voulait, fut une voix respectée de France Culture, et croisa la
fine fleur des artistes du XXe siècle. Annie Girardot, Odette Joyeux,
Tsilla Chelton, Marie-Laure de Noailles, Julien Green, Gabriel Matzneff,
Patrick Besson, Jacques Brenner, Daniel Emilfork comptent ou ont compté
parmi ses intimes. Plutôt que de se décrire en centre névralgique d'une
factory artistique dont il serait l'âme ou l'inspirateur, Giudicelli
préfère se dessiner en petit chose, toujours heureux et étonné d'être
là. Sa galerie de portraits nous fait aimer ceux qu'il croise et mieux
comprendre ce qui le meut : la beauté, qu'elle soit artistique,
esthétique, physique, sensuelle ou intellectuelle, est sa seule quête.
Pour la toucher du doigt, il est prêt à s'évader au bout du monde (Asie
du Sud-Est), à contempler ad libitum des toiles de Goncharova ou
de Claude Verdier, à disséquer interminablement des mises en scène
d'opéra, à passer des semaines entières à stimuler un jeune écrivain
pour qu'enfin sorte de son stylo le meilleur texte qu'il puisse faire.
Cette bataille permanente contre le laid et le banal ne trouve bien
entendu jamais de ligne d'arrivée. Et loin de s'en désespérer, Christian
Giudicelli slalome entre les chausses-trappes de la mode arborant un
éternel sourire et une équanimité que rien ni personne ne semble
perturber.C'est cette disposition à capter l'essentiel et à rejeter l'accessoire que ce protestant – dont les traits ressemblent pourtant à ceux de l'ancien pape Benoit XVI – a rassemblé dans La Planète Nemausa. Vous aurez beau chercher, aucune phrase n'y est inutile, aucun mot n'est là pour remplir une page. Tout à un sens, une logique, un but, une ambition... De sa jeunesse, un peu triste et solitaire, à sa vie parisienne qui échappe aux conformismes, Giudicelli a échappé à la médiocrité et offre à ses lecteurs un livre joyeux, optimiste, à l'écriture raffinée mais jamais affectée. Embarquez pour La Planète Nemausa !
La Planète Nemausa, Christian Giudicelli, Gallimard, 204 pages
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