Le prince des poètes est mort dans une misère noire sur la montagne Sainte-Geneviève. Son fantôme ne peut plus la quitter.
Par Frédéric Lewino, Gwendoline Dos Santos Publié le | Le Point.fr
Le fantôme de Paul Verlaine
erre tristement sur la montagne Sainte-Geneviève qu'il ne reconnaît pas. Quand
il meurt le 8 janvier 1896 au 39 de la rue Descartes, c'est encore un quartier
populaire pas encore envahi par les bobos et les touristes à selfies.
La fin du prince des poètes a été des plus pénibles. Depuis plusieurs années, il n'est plus que l'ombre de lui-même. La santé chancelante, il multiplie les séjours à l'hôpital, et traîne tel un clochard dans le quartier d'un rade à l'autre pour se saouler à la fée verte. Son dernier poème s'intitule, ultime clin d'œil au destin, La Mort. C'est une certaine Eugénie Krantz qui le recueille chez elle, surtout pour empocher la maigre rente mensuelle de 150 francs versée par ses amis. Cette bonnetière, moche et acariâtre était, du temps de sa jeunesse, une danseuse peu farouche du bal Bullier où on la connaissait sous le nom de Nini Mouton.
Le journaliste Gaston Siegler a le temps de visiter son ami avant sa mort. Il écrit : « À peine entré, j'entends un souffle rauque qui me guide, et je pénètre dans la seconde chambre où luit un feu de charbon. Sous la lampe chétive, je ne vois d'abord qu'une masse blanche d'où s'échappe le cri rauque. Je m'approche ; les bras hors du lit, son front chauve enveloppé d'un mouchoir, la chemise entrouverte, c'est Verlaine. Comme il est pâle ! Ses yeux brûlés de fièvre se creusent sous les sourcils et son nez court s'efface dans sa barbe rousse qui grisonne : il semble qu'il ne reste rien de sa figure, rien qu'une petite chose blême entre des touffes sombres. Le corps, à demi tourné sur le côté, s'agite convulsivement par brusques saccades, et de la bouche frémissante se tire péniblement un long râle avec un affreux bruit de gouttière. »
Le char funèbre reprend sa route jusqu'au cimetière des Batignolles. Il passe au pied de l'Opéra. Au cours de la nuit suivante, la statue représentant la Poésie sur le toit du Palais-Garnier, perd son bras qui tient la lyre qui s'écrase sur la chaussée. Une vengeance du fantôme de Verlaine ?
La fin du prince des poètes a été des plus pénibles. Depuis plusieurs années, il n'est plus que l'ombre de lui-même. La santé chancelante, il multiplie les séjours à l'hôpital, et traîne tel un clochard dans le quartier d'un rade à l'autre pour se saouler à la fée verte. Son dernier poème s'intitule, ultime clin d'œil au destin, La Mort. C'est une certaine Eugénie Krantz qui le recueille chez elle, surtout pour empocher la maigre rente mensuelle de 150 francs versée par ses amis. Cette bonnetière, moche et acariâtre était, du temps de sa jeunesse, une danseuse peu farouche du bal Bullier où on la connaissait sous le nom de Nini Mouton.
Une congestion pulmonaire
Dans la nuit du 6 au 7 août, Verlaine se dispute violemment avec Eugénie. Il roule à bas de son lit. Le voilà incapable de se relever. Elle l'abandonne, gisant sur le parquet alors que la nuit est particulièrement froide. Elle se borne à lui jeter une couverture dessus. Quand Eugénie revient au petit matin, le poète est au plus mal, victime d'une congestion pulmonaire. Le médecin accourt, ne peut rien pour lui.Le journaliste Gaston Siegler a le temps de visiter son ami avant sa mort. Il écrit : « À peine entré, j'entends un souffle rauque qui me guide, et je pénètre dans la seconde chambre où luit un feu de charbon. Sous la lampe chétive, je ne vois d'abord qu'une masse blanche d'où s'échappe le cri rauque. Je m'approche ; les bras hors du lit, son front chauve enveloppé d'un mouchoir, la chemise entrouverte, c'est Verlaine. Comme il est pâle ! Ses yeux brûlés de fièvre se creusent sous les sourcils et son nez court s'efface dans sa barbe rousse qui grisonne : il semble qu'il ne reste rien de sa figure, rien qu'une petite chose blême entre des touffes sombres. Le corps, à demi tourné sur le côté, s'agite convulsivement par brusques saccades, et de la bouche frémissante se tire péniblement un long râle avec un affreux bruit de gouttière. »
Statue perchée sur le toit
Quelques heures plus tard, Verlaine est mort avant même que ses plus proches amis n'aient eu le temps d'être prévenus. Le vendredi 10 janvier 1896, son cercueil est déposé sur un char funèbre de 5e classe qui prend la direction de l'église Saint-Étienne-du-Mont toute proche, suivi par une immense foule estimée à 5 000 personnes. Le cortège est mené par son beau-frère Charles de Sivry, son fils n'ayant pas la possibilité de venir. Barrès, Coppée, Menès et Lepelletier tiennent les cordons du poêle. Dans l'église, son cercueil est déposé pas loin de la chasse de Sainte-Geneviève. Gabriel Fauré et Théodore Dubois se succèdent à l'orgue.Le char funèbre reprend sa route jusqu'au cimetière des Batignolles. Il passe au pied de l'Opéra. Au cours de la nuit suivante, la statue représentant la Poésie sur le toit du Palais-Garnier, perd son bras qui tient la lyre qui s'écrase sur la chaussée. Une vengeance du fantôme de Verlaine ?
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