jeudi 15 octobre 2015

Orthographe: Quelles sont les bêtes noires des Français?

ORTHOGRAPHE Selon le premier baromètre sur le niveau d'orthographe des Français dévoilé ce jeudi, les Français auraient de plus en plus de mal à écrire sans fautes...


Les Français maîtrisent de moins en moins bien la langue de Molière.
Les Français maîtrisent de moins en moins bien la langue de Molière. - POUZET20MN/WPA/SIPA

Lison Lagroy 20 minutes Publié le
Zéro pointé. En 2015, les Français font de plus en plus figure de cancres. Si en 2010, 51 % maîtrisaient les règles fondamentales d’orthographe, aujourd’hui, ils ne sont plus que 45 %. A l’origine de cette baisse de niveau, l’augmentation des erreurs grammaticales, pointée par le premier baromètre Voltaire.

Beaucoup de fautes de grammaire

La langue française distingue en effet deux types de fautes : les fautes grammaticales, à savoir la façon d’écrire un mot en conformité avec une règle de grammaire (accords, conjugaison…) et les fautes lexicales, qui concernent la façon d’écrire un mot en conformité avec l’orthographe du dictionnaire.
Si le correcteur orthographique peut être une grande aide pour les erreurs lexicales, il est moins fiable sur les erreurs grammaticales, qui nécessitent d’étudier les liens entre les mots et d’appliquer une règle. Or parmi les 84 règles orthographiques de base étudiées par le baromètre Volaire, ces règles grammaticales sont de loin les plus difficiles à acquérir pour les Français

Le participe passé suivi d’un infinitif, une « règle vicieuse »

En tête des difficultés relevées figure le participe passé suivi d’un infinitif (dit-on « les enfants que j’ai entendu crier » ou « les enfants que j’ai entendus crier » ?). Pourtant, c’est ce qui est demandé aux collégiens dans le cadre du projet Voltaire. : « cette règle est vicieuse ! » plaisante Pascal Hostachy, responsable du projet.
Viennent ensuite la règle sur l’emploi de l’indicatif ou du conditionnel (doit-on dire « je ferai » ou « je ferais » ?) et celle sur l’accord de l’adjectif qualificatif (« des comptables compétent » ou « des comptables compétents » ?). Autres casse-tête grammaticaux : quel temps doit-on employer après « si » (« s’il neige, je prendrai mes skis » ou « s’il neige, je prendrais mes skis » ?) Ou encore le dilemme entre l’emploi du participe passé ou de l’infinitif (dit-on « il a mangé » ou « il a manger » ?)
Mais rassurez-vous, il existe des règles plus faciles à acquérir. Parmi elles, écrire « langage » et non « language », « un employé » au lieu d’« un employer », choisir la bonne orthographe parmi « dévelopement », « dévellopement », ou « développement, employer « hormi » ou « hormis » et écrire « crée » ou « créée ».

Les fautes influent sur la vie réelle

Pourquoi la vigilance générale baisse-t-elle vis-à-vis de l’orthographe, d’autant de la part de celui qui écrit et de celui qui lit ? Selon cette étude, deux facteurs pourraient  : la démocratisation de la communication instantanée qui créé une confusion (langage SMS) mais aussi la baisse du nombre d’heures d’enseignement de français à l’école primaire.
Pourtant, ces fautes d’orthographe peuvent influer dans la vie réelle, comme le rappelle Sandrine Campese, l’auteur de 99 dessins pour ne plus faire de fautes : « Imaginez, vous payez d’avance dans un magasin : le vendeur écrit « a payer » sur le bon au lieu de « a payé ». Quand vous y retournez, ce n’est plus le même vendeur. Celui-là vous demande donc de payer, alors que vous l’avez déjà fait ! ».

Orthographe: «Faire des fautes n'est pas lié à l'intelligence»

INTERVIEW A l’occasion de la publication ce jeudi du premier baromètre dédié au niveau d’orthographe des Français, le formateur Dominique Marchand explique à «20 Minutes» que l'orthographe prend de plus en plus d'importance...  

70% des fautes d'orthographe sont en réalité des fautes d’inattention.
70% des fautes d'orthographe sont en réalité des fautes d’inattention. - LYDIE/SIPA

Propos recueillis par Lison Lagroy

« Je vous joins » ou « Je vous joints » un document ? Depuis quelques années, les entreprises traquent les fautes d’orthographe de leurs employés, qui pourraient ternir l’image de l’entreprise. Résultat, les programmes pour inciter les salariés à mieux écrire se multiplient. Dominique Marchand, coach et formateur en orthographe, nous explique pourquoi ces formations ont de plus en plus de succès alors q’une enquête publiée jeudi révèle que le niveau des Français en orthographe a baissé entre 2010 et 2015.

A quel moment les gens prennent la décision d’aller voir un coach ?

Je suis contacté par les entreprises pour leurs employés, ou directement par les employés eux-mêmes, quand ils sentent que la situation n’est plus tenable. Le déclic est souvent le même pour tous : quand les fautes deviennent un frein trop important, surtout quand les employés accèdent à un poste important. Je constate qu’au sein du public qui m’est envoyé, il y a une forte propension d’ingénieurs (environ 30 %). Pendant leurs études scientifiques, ils n’ont pas forcément fait, ni eu à faire, attention à leur orthographe. Quand ils accèdent à des postes à haute responsabilité, ils regrettent. Dans mes formations, il y a tout type de personnes : femmes, hommes, jeunes, moins jeunes… Il n’y a pas de règle.

Faire des fautes serait donc plus handicapant pour certaines personnes que pour d’autres ?

Forcément, quand on occupe un poste à responsabilité ou qui requiert un haut niveau d’études, il est attendu de nous de ne pas faire trop de fautes, idéalement de ne pas en faire du tout ! Il est compliqué de cacher le fait de faire des erreurs : contrairement à ceux qui sont mauvais en maths et qui peuvent garder cela secret. Les fautes d’orthographe se voient.

Il est aujourd’hui devenu honteux de faire des fautes d’orthographe ?

Dans l’esprit des gens, oui. Peu de personnes reconnaissent facilement qu’elles font des fautes d’orthographe, et cela pour une raison toute simple : cela renvoie à l’image du cancre, de l’élève mauvais à l’école. Pourtant, il ne faut pas oublier que l’orthographe n’est pas liée à l’intelligence.

En fait-on plus qu’avant ?

Je suis formateur depuis 2009 et je ne trouve pas que le niveau baisse… Simplement, la question de l’orthographe prend de plus en plus d’importance et donc, on en parle plus. Mais elles ont toujours existé !

Comment expliquer que l’on fasse des fautes d’orthographe ?

Je distingue deux catégories de fautes : les fautes grammaticales (terminaisons de verbe, les accords des participe passé) et les fautes lexicales (comme oublier le « h » de orthographe !). Si ces dernières sont corrigées par le correcteur orthographique du traitement de texte de l’ordinateur, il est moins efficace sur les fautes grammaticales. Les gens qui ont des difficultés (et les autres) ont énormément recours à cette aide, alors qu’elle ne corrige en général qu’une faute sur trois ou quatre. Avec les nouveaux comportements (vitesse d’exécution, multiplication de la communication par SMS…), on prend de moins en moins la peine de se relire car on fait tout rapidement. Résultat : des fautes…

Comment contrer cela ?

Il existe des méthodes et astuces pour éviter de faire des erreurs d’orthographe. 70 % des bévues sont des fautes d’inattention ! Mais la relecture classique ne marche pas forcément : au lieu de repérer les fautes d’orthographe, on a tendance à réfléchir au texte en lui-même (A-t-il du sens ? Ne devrais-je pas mettre cette phrase à la place de l’autre ?….). Il y a une autre solution : relire dans le sens inverse, à savoir de droite à gauche et de bas en haut. En faisant cela, on se préoccupe moins du sens du texte que dans le bon ordre. Selon mes stagiaires, cette méthode fonctionne. Améliorer son niveau d’orthographe, c’est comme perdre du poids : il faut se donner les moyens pour y arriver et s’accrocher. Après, on se sent fier du travail accompli et du résultat obtenu.

Orthographe: Les Français maîtrisent de moins en moins bien leur langue

ORTHOGRAPHE Selon une étude révélée par «Le Parisien», les Français auraient de plus en plus de mal à maîtriser les règles d'orthographe et de grammaire du français...
Une salle de classe à Lyon le 2 septembre 2014
Une salle de classe à Lyon le 2 septembre 2014 - Jeff Pachoud AFP

La faute au langage texto ? A l’éducation nationale pas assez rigoureuse ? Au niveau global des élèves en baisse ? Le Parisien révèle ce jeudi que le premier baromètre Voltaire tape sur les doigts des Français peu à l’aise avec l’orthographe et la grammaire française. Il souligne que le niveau a baissé entre 2010 et 2015 : parmi les 85.000 utilisateurs, ils ne sont que 45 % à maîtriser les règles d’orthographe de référence. Soit six points de moins qu’en 2010 (mais seulement 5.000 internautes avaient alors participé au test).

Les femmes plus à l’aise avec le Besherelle

Plus en détail, l’étude souligne que les femmes sont plus douées en orthographe que les hommes. En effet, elles sont 48 % à maîtriser les règles d’orthographe contre 43 % pour les hommes. Côté géographie aussi les notes changent : les meilleurs élèves se situent dans le Languedoc-Roussillon, la Bourgogne, les Midi-Pyrénées, le Limousin et PACA. Les bonnets d’âne sont décernés à l’Alsace, la Picardie et la Franche-Comté.
Parmi les fautes les plus récurrentes repérées par le Projet Voltaire, un service en ligne de remise à niveau, figurent les participes passés, le conditionnel et les pronoms personnels…

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