C’est une mini-bonne nouvelle mais, par les temps qui courent, il n’y a aucun mal à se faire du bien : en cette rentrée morose, le marché du livre connaît une légère progression. Si l’on en croit les derniers chiffres de Livres Hebdo, il a enregistré une hausse de 1 % le mois dernier par rapport à septembre 2014 qui avait lui-même été boosté par les ventes du best-seller de Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment. Et, sur l’année, la hausse atteindrait 1,8 %.
Les Cassandre, qui prédisaient une mort lente du livre au profit d’autres produits culturels (séries télé, jeux vidéo, etc.) avaient donc tout faux. Non seulement le secteur résiste, mais il semble se porter plutôt bien. Lit-on pour arrêter de penser aux malheurs du temps ou plutôt pour mieux les comprendre ? Si l’on regarde la tonalité des livres récompensés jeudi par le grand prix de l’Académie française et celle des finalistes du Goncourt, il semblerait que l’actualité internationale, dominée par les suites des révolutions arabes, inspire largement les romanciers et leurs lecteurs. Mais, à la limite, peu importent les raisons de lire, l’essentiel est que ce besoin, cette envie ou ce plaisir demeurent. Il n’y a qu’à voir le monde qu’attirent les salons du livre en différents endroits de France, et parfois dans des villages reculés, souvent avec l’aide de bénévoles, pour comprendre que le phénomène n’est pas conjoncturel.
Cette embellie doit aussi beaucoup aux librairies indépendantes qui, loin de capituler devant le rouleau compresseur Amazon, ont essayé de s’organiser pour offrir aux lecteurs des facilités quasi équivalentes en plus d’un contact humain, particulièrement recherché quand l’offre est abondante et surtout quand l’achat d’un livre découle aussi d’une envie de partager.
Toujours selon Livres Hebdo, l’écho médiatique serait un des facteurs qui pousserait à l’acquisition de livres puisque 13 % d’entre eux auraient été achetés grâce à une mention dans la presse, à la radio ou la télévision. Félicitons-nous au passage d’avoir augmenté la place accordée aux livres dans Libération. C’est bien connu, la lecture nourrit la lecture...
Alexandra Schwartzbrod