La sortie du "Papyrus de César", le 36e album d'Astérix (et le 2e depuis sa reprise par Ferri et Conrad), se prépare à la manière du prochain "Star Wars".
Par Romain Brethes
Publié le | Le Point.fr
Mise en scène solennelle, informations
distillées au compte-gouttes… Que reste-t-il du héros le plus emblématique de la
culture populaire française ? Les éditions Albert René, qui veillent avec un
scrupule et un contrôle extrêmes aux destinées du personnage d'Astérix, mine
d'or de l'édition mondiale (365 millions d'albums vendus depuis ses débuts, près
de 5 millions pour le dernier Astérix chez les Pictes), avaient prévenu
les journalistes qui souhaitaient assister à la présentation du nouvel album de
la série, à paraître le 22 octobre et intitulé Le Papyrus de César :
rendez-vous était donné à 9 h 30 précisément au pied de la tour Eiffel, cet
autre symbole du rayonnement culturel de la France dans le
monde. Les retardataires seraient punis en empruntant les mêmes accès que les
touristes, déjà présents en masse à cette heure matinale.
Ce fut d'abord Albert Uderzo, génie graphique de 88 ans encore vert, qui enraya un peu la belle mécanique impeccablement mise en place : une pique contre son ex-éditeur Dargaud par-ci, une prise de parole intempestive par-là, aussi bien pour évoquer la mémoire de l'ami René Goscinny que pour saluer, sincèrement, le travail réalisé par Ferri (au scénario) et Conrad (au dessin). Les interventions de ces derniers, qu'il fallait comprendre entre les lignes, en dirent aussi beaucoup sur les arrière-cuisines de cette reprise : on y apprit ainsi de la bouche de Ferri que les deux auteurs avaient appris à se connaître… pendant la promotion (!) d'Astérix chez les Pictes, là où Albert Uderzo avait malicieusement insisté un peu plus tôt sur l'amitié digne de Montaigne et de La Boétie qui le liait à René Goscinny, et qui avait grandement contribué au miraculeux succès d'Astérix. Conrad glissa également que le cadeau royal qu'on lui avait fait à l'époque s'était un peu révélé empoisonné. Une manière de rappeler qu'il n'était pas le premier choix pour remplacer Uderzo, et qu'il avait dû respecter des délais quasiment surhumains pour livrer à temps les planches d'Astérix chez les Pictes.
L'esprit frondeur d'Astérix
Devant un tel risque, les représentants de la presse, dont nombre d'étrangers venus d'Espagne ou d'Allemagne, les deux autres pays d'adoption d'Astérix, patientaient donc sagement, transis par le froid, avant de passer sous les fourches caudines pour accéder au salon Gustave Eiffel. Durant l'attente, certains d'entre eux riaient jaune en recevant les annonces d'une radio nationale distillant les noms des nouveaux personnages du Papyrus de César, en attendant LA grande révélation de ce raout : la couverture du 36e album des aventures d'Astérix ‒ couverture fort réussie, il faut en convenir. Pour un peu, on se serait cru à une grand-messe de Lucasfilm orchestrée par le groupe Disney, avec des questions et des réponses soigneusement préparées, et des intervenants au sourire figé, si l'esprit d'Astérix, volontiers frondeur et contestataire, ne s'était rappelé au bon souvenir de l'assemblée.Ce fut d'abord Albert Uderzo, génie graphique de 88 ans encore vert, qui enraya un peu la belle mécanique impeccablement mise en place : une pique contre son ex-éditeur Dargaud par-ci, une prise de parole intempestive par-là, aussi bien pour évoquer la mémoire de l'ami René Goscinny que pour saluer, sincèrement, le travail réalisé par Ferri (au scénario) et Conrad (au dessin). Les interventions de ces derniers, qu'il fallait comprendre entre les lignes, en dirent aussi beaucoup sur les arrière-cuisines de cette reprise : on y apprit ainsi de la bouche de Ferri que les deux auteurs avaient appris à se connaître… pendant la promotion (!) d'Astérix chez les Pictes, là où Albert Uderzo avait malicieusement insisté un peu plus tôt sur l'amitié digne de Montaigne et de La Boétie qui le liait à René Goscinny, et qui avait grandement contribué au miraculeux succès d'Astérix. Conrad glissa également que le cadeau royal qu'on lui avait fait à l'époque s'était un peu révélé empoisonné. Une manière de rappeler qu'il n'était pas le premier choix pour remplacer Uderzo, et qu'il avait dû respecter des délais quasiment surhumains pour livrer à temps les planches d'Astérix chez les Pictes.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire