dimanche 6 mars 2016

Christian Giudicelli, nouvelle idole des lettres !

Son livre "La Planète Nemausa", mélange d'autoportrait et de réflexions sur la vie et l'art, recueille un torrent de louanges. Enfin !

Publié le | Le Point.fr
Christian Giudicelli, invité de France Info le 3 mars 2016. 
Christian Giudicelli, invité de France Info le 3 mars 2016.
 
Bernard Pivot dans le Journal du dimanche, Frédéric Beigbeder dans Le Figaro magazine, Étienne de Montety dans Le Figaro littéraire, Philippe Vallet sur France-Info, et une poignée de publications ou de blogs « branchés » semblent – ou feignent – avoir découvert le nouveau « grantécrivain » qu'il faut avoir lu. Et tous chantent les louanges de La Planète Nemausa de Christian Giudicelli ! Mieux vaut tard que jamais… Septuagénaire fringuant, ce Nîmois aux ascendances corses a publié ses premiers textes à l'âge de 20 ans et alterne depuis les romans, les pièces de théâtre, les chroniques et les souvenirs. Prix Renaudot en 1986 avec Station balnéaire, il a intégré le jury sept ans plus tard et est aujourd'hui un lecteur exigeant autant que respecté du comité de lecture de Gallimard. Respect, donc ! Mais le respect ne fabrique pas les best-sellers. Et ne comptez pas sur Giudicelli pour viser sous la ceinture, flatter les mauvais instincts ou dépolir ses phrases dans l'unique but d'attirer vers lui des lecteurs égarés.

Quête éperdue du beau

Mais cette année, miracle, la presse se déchaîne et le réchauffe de sa lumière. La Planète Nemausa, du nom d'un astre découvert par deux scientifiques qui lui ont donné le nom latin de la ville de Nîmes où est né l'auteur, aurait pu être titré Qu'est-ce qu'une vie réussie ? Quand le notable des lettres se retourne sur son parcours, il avoue avoir fait tout ce, qu'adolescent, il rêvait d'entreprendre. Il a quitté le Gard pour la capitale, écrit ce qu'il voulait, fut une voix respectée de France Culture, et croisa la fine fleur des artistes du XXe siècle. Annie Girardot, Odette Joyeux, Tsilla Chelton, Marie-Laure de Noailles, Julien Green, Gabriel Matzneff, Patrick Besson, Jacques Brenner, Daniel Emilfork comptent ou ont compté parmi ses intimes. Plutôt que de se décrire en centre névralgique d'une factory artistique dont il serait l'âme ou l'inspirateur, Giudicelli préfère se dessiner en petit chose, toujours heureux et étonné d'être là. Sa galerie de portraits nous fait aimer ceux qu'il croise et mieux comprendre ce qui le meut : la beauté, qu'elle soit artistique, esthétique, physique, sensuelle ou intellectuelle, est sa seule quête. Pour la toucher du doigt, il est prêt à s'évader au bout du monde (Asie du Sud-Est), à contempler ad libitum des toiles de Goncharova ou de Claude Verdier, à disséquer interminablement des mises en scène d'opéra, à passer des semaines entières à stimuler un jeune écrivain pour qu'enfin sorte de son stylo le meilleur texte qu'il puisse faire. Cette bataille permanente contre le laid et le banal ne trouve bien entendu jamais de ligne d'arrivée. Et loin de s'en désespérer, Christian Giudicelli slalome entre les chausses-trappes de la mode arborant un éternel sourire et une équanimité que rien ni personne ne semble perturber.
C'est cette disposition à capter l'essentiel et à rejeter l'accessoire que ce protestant – dont les traits ressemblent pourtant à ceux de l'ancien pape Benoit XVI – a rassemblé dans La Planète Nemausa. Vous aurez beau chercher, aucune phrase n'y est inutile, aucun mot n'est là pour remplir une page. Tout à un sens, une logique, un but, une ambition... De sa jeunesse, un peu triste et solitaire, à sa vie parisienne qui échappe aux conformismes, Giudicelli a échappé à la médiocrité et offre à ses lecteurs un livre joyeux, optimiste, à l'écriture raffinée mais jamais affectée. Embarquez pour La Planète Nemausa !
La Planète Nemausa, Christian Giudicelli, Gallimard, 204 pages

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