jeudi 2 avril 2015

L’intégration sociale et professionnelle passe par la formation au "français langue étrangère"

 
La formation au "français langue étrangère", c'est-à-dire la formation au français pour les résidents non francophones, est une des activités des Greta
La Montagne 02/04/2015
 
"Aujourd'hui, j'ai une liberté, celle d'écrire et de lire".
 
 Sept femmes témoignent de leur expérience pour renforcer leurs acquis avec la langue française

: Fatoumata de Guinée Conakry?; Rokhaya du Sénégal?; Aberija du Kosovo?; Lejla de Macédoine?; Marie-Noëlle du Sénégal?; Marina d’Arménie et Halimati de Mayotte. - Photos Violaine Allirand
Fatoumata de Guinée Conakry; Rokhaya du Sénégal; Aberija du Kosovo; Lejla de Macédoine; Marie-Noëlle du Sénégal; Marina d’Arménie et Halimati de Mayotte. - Photos Violaine Allirand
L’intégration sociale et professionnelle, un objectif concret pour dix femmes dans le cadre d’une action menée par le Greta Dore Allier. Avec bonheur !
Venues d'ailleurs : du Sénégal, des Balkans, d'Arménie, de Mayotte, etc., ces femmes ont une autre culture et, bien souvent, n'ont pas ou peu eu accès à l'école. Elles rencontrent des difficultés avec la langue française pour lire et écrire. Et, cela freine leur autonomie et leur intégration sociale et professionnelle.
Durant un an, au rythme de cinq heures par semaine, dix femmes ont participé activement et avec bonheur à une formation, dispensée par le Greta Dore Allier au centre René-Barjavel, et animée par Christelle Cohuet et Évelyne Guyot, formatrices en français langue étrangère (*).
Se confronter à des situations concrètes. La rencontre bilan, avec sept femmes, a donné lieu à des échanges sur leur vécu, leur évolution et les liens tissés au sein du groupe et leur projet professionnel. « Cette formation a permis aux femmes de se confronter à des situations concrètes de la vie quotidienne : prendre un moyen de transport, faire une démarche auprès des administrations, savoir décrypter un contrat de travail, une fiche de salaire, mieux connaître les codes sociaux de la culture française, inscrire un enfant à l'école, s'exprimer au téléphone… », relèvent les deux formatrices.
1 Marina d'Arménie. « Cette formation m'a beaucoup apporté. Cela m'a permis d'améliorer mon français, de mieux me débrouiller dans les différentes démarches administratives. De me sentir plus à l'aise. J'ai travaillé comme aide à domicile. »
2 Rokhaya du Sénégal. « J'ai appris à prendre le train toute seule, à mieux m'exprimer au téléphone. J'ai vécu à Bellerive, mais aujourd'hui j'ai trouvé du travail à Paris, dans une famille, où je garde des enfants. Cette formation m'a aussi permis de connaître d'autres personnes et d'échanger avec elles. »
3 Fatoumata de Guinée Conakry. « Je suis plus à l'aise avec la lecture et l'écriture. Avant, quand on me demandait de remplir un papier, je perdais mes moyens. Comme si je ne savais plus rien. Mais j'ai une grande mémoire. Dans mon pays je parle plusieurs dialectes mais je ne suis pas allée à l'école, car les filles n'y vont pas. Et, j'ai été mariée à 16 ans. En Guinée Conakry, quand tu parles le français, c'est que tu es civilisé. Mais c'est le français de la rue. Venir ici [à cette formation], c'était très important. J'aimerais ouvrir un magasin de produits africains. »
4 Halimati de Mayotte. « Depuis sept ans que je suis en France, j'ai appris à parler le français. Chez moi on parlait mahorais et, à l'école, le français. Aussi, c'était compliqué. Et si tu ne suivais pas, on te laissait derrière. L'école n'était pas obligatoire [Cela l'est devenu depuis que Mayotte est un département français].
Mon souci avec les mots, c'est lire et écrire. Mais, j'ai réussi à passer mon permis de conduire. J'écoute, j'observe beaucoup. Je me dis, j'ai envie d'être comme les autres. Et alors, j'y vais. Ici, j'ai appris la différence entre le tutoiement et le vouvoiement. Moi, je disais tu à tout le monde. Le vous, pour moi, c'était quand il y avait plusieurs personnes. Je rêve d'être coiffeuse. »
« Aujourd'hui, j'ai une liberté, celle d'écrire et de lire. Plus personne ne regarde mon courrier à ma place » 5 Marie-Noëlle du Sénégal. « Actuellement je suis assistante maternelle. J'ai vécu à Paris où j'ai été femme de chambre. Lorsque j'ai eu connaissance de cette formation pour améliorer mon français, cela m'a motivée d'avoir plus de savoir. J'ai fait mes « devoirs », comme on disait, même quand j'ai dû partir au Sénégal quand mon père est décédé.
Aujourd'hui, j'ai une liberté, celle d'écrire et de lire. Plus personne ne regarde mon courrier à ma place. Je parle français couramment parce que je viens de Casamance. Là-bas, il y a eu des missionnaires français qui ont construit des écoles [Elle rit]. J'explique cela quand les gens s'étonnent que je porte un prénom français. Moi aussi, je me prépare pour le permis de conduire. »
6 Lejla de Macédoine. « J'ai mon diplôme d'infirmière. Mais, ici, il n'est pas reconnu. J'aimerais devenir aide-soignante. Mais il me faut une plus grande maîtrise du français. J'ai des difficultés à le lire. Je n'étais pas à l'aise avec les démarches administratives. Je vais passer mon permis de conduire. J'aimerais bien débuter comme aide à domicile. »
7 Aberija du Kosovo. « Je lis le français mais j'ai du mal à l'écrire. Je suis très timide, ce stage m'a permis d'être plus à l'aise. Au Kosovo, je parlais aussi anglais. Pourtant, mon père était professeur de français, mais je n'avais pas d'attirance pour cette langue. J'étais pépiniériste et, ici, j'aimerais bien être fleuriste. J'ai déjà suivi un stage pour être couturière. »
(*) Cette formation, dispensée par Le Greta-Dore Allier, reçoit le soutien de VVA, du Département.
Fabienne Faurie

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