vendredi 10 avril 2015

Le triste destin de Henri Nanot

Le triste destin de Henri Nanot

La Montagne 10/04/2015

Il a subi un véritable calvaire. - TULLE Photo
Il a subi un véritable calvaire. - TULLE Photo
L’histoire de Henri Nanot, écrivain-paysan corrézien, est douloureuse. En 1958, il a été condamné à cinq ans de prison pour trois attentats mystérieux commis contre le sénateur corrézien Marcel Champeix, alors secrétaire d’État aux affaires algériennes. Une accusation qu’il a toujours réfutée avec force.
Eugène Durif, dans sa préface de la biographie de Henri Nanot (1921-1962), Un amour fou de liberté, qualifie l'écrivain corrézien, en reprenant Artaud, de « suicidé de la société ».
Un coupable idéal ?
Cette biographie est parue une première fois en 1988 sous la plume de René Rougerie. À l'époque, Lucien Souny était un jeune éditeur. Il lui a fallu du courage et de l'audace pour la publier. Ce fut un succès de librairie.
L'ouvrage est aujourd'hui à redécouvrir dans une nouvelle édition, préfacée donc par Eugène Durif (*) qui s'interroge : « Quelle est la ligne qui sépare la résistance de la révolte ? » René Rougerie constatait, en 1988, qu'il avait fallu une vingtaine d'années pour que des voix se fassent entendre en écho à celle de Henri Nanot, mort depuis longtemps après avoir subi un véritable calvaire : interrogatoire musclé qui l'a conduit à l'hôpital de Limoges, calomnies, prison et folie, décès prématuré.
Selon René Rougerie, l'ancien résistant, qui fut membre du maquis de Guingouin et l'ami d'André Breton, paysan de Meilhards, non-conformiste et exalté, constituait un coupable idéal pour la classe politique et la justice de l'époque. Car la voix de Nanot, qui proclamait « Paix en Algérie », « Honte aux tortionnaires », dérangeait. Grâce à cette biographie convaincante, l'histoire de cet homme « fou de liberté » a connu une large audience il y a vingt sept ans. Mais l'écrivain-paysan de Corrèze n'est toujours pas réhabilité. La présente réédition est complétée par des extraits de Scènes de la vie du maquis, son 'uvre maîtresse.
(*) Eugène Durif a tiré de la biographie de René Rougerie une pièce de théâtre, La Nuit des feux. Elle met en scène un ancien maquisard appelé Jean Levert, dans un petit village limousin. Opposé à la Guerre d'Algérie, il est jeté en prison à la suite d'une machination. À sa sortie, il retrouve Louise, sa fiancée. Cette pièce, brève et intense, a été créée à Guéret en avril 2008. Durif a conféré une forte dimension dramatique à son texte, nerveux et prenant, en restant fidèle à la destinée de Henri Nanot.
Actes Sud, 68 pages, 12 €.

Références. Henri Nanot (1921-1962) Un amour fou de liberté, réédition de la biographie de René Rougerie (préface Eugène Durif). Éditions Lucien Souny, 192 p., 16,50 €.
Robert Guinot

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