L'adolescence, cette période difficile où les parents deviennent des ennemis.
L'adolescence, cette période difficile où les parents deviennent des ennemis. - S. Cohen / Superstock / Sipa
« Yolo, chiller, perché, duckface…, c’est dépassé. » La sentence est sans appel. Marie-Sophie et Adeline, 17 ans, consultent sans complaisance l’autoproclamé « Guide indispensable pour les parents qui souhaitent communiquer avec leurs ados (et vice-versa) » J’ai le seum (éd. Ipanema, 9,90 €). « 20 Minutes » est allé vérifier que le vocabulaire qui y figure était vraiment celui des ados…

Boloss des Belles lettres : Quand Jean… par kouros603000
Si vous avez plus de 20 ans, vous n’êtes plus dans le game. Mais il reste un espoir. « Personnellement, j’écris “ça va” normalement, et pas “sa va” », commente Adeline. « Et “A la zeub” tu sais ce que ça veut dire, toi ? », lui demande son amie. Ouf, les jeunes ont l’air parfois aussi perdus que les autres face à leurs propres inventions. De quoi faciliter le dialogue.

Ludique et sans prétention

« Nous avons écrit un petit bouquin ludique sans prétention à partir du langage de Violette et en écoutant les conversations autour de nous, réagit David Kuhn, 42 ans, co-auteur de J’ai le seum. Le but n’est pas du tout de jouer au jeune. » Les auteurs assument donc leur côté décalé avec certains mots déjà un peu dépassés et d’autres peut-être utilisés de manière plus confidentielle. Même si l’essentiel du lexique proposé par le livre se retrouve dans le vocabulaire des ados.
Outre le vocabulaire « jeune » commenté par le « vieux » David avec humour, le livre propose une « composition chimique » du keum et de la meuf, une typologie des réseaux sociaux bien utile à ceux qui n’y comprennent pas grand-chose, et un guide SMS, vraiment ringard. « On est volontairement hors du coup dans cette séquence, l’essentiel était de rire », admet David Kuhn.
Dans le livre, une double page est consacrée à Snapchat, le réseau social phare des jeunes.
Dans le livre, une double page est consacrée à Snapchat, le réseau social phare des jeunes. - Ed Ipanema

C’est quoi un « kesti » ?

L’idée de ce livre a germé dans l’esprit de David Kuhn face au constat qu’il avait de plus en plus de mal à comprendre ce que Violette Duplessier, ado de 16 ans, fille d’un ami, racontait. Mais le choix du vocabulaire n’a pas été une mince affaire. « On s’est pris la tête sur les mots à mettre ou pas, confie David. Il y avait des mots que je tenais à mettre et que Violette n’aimait pas, et d’autres qu’elle utilise qui ne me semblaient pas essentiels… » La jeune fille aurait volontiers ajouté : « ma gueule », « je me taille », « kesti »… « Kesti ? », l’interroge David. « Bah oui, un stick à lèvres », soupire l’ado.
Et d’autres mots auraient pu soulever le débat. Au forum des Halles à Paris, le livre entre les mains, Tony, 15 ans, estime que le « fais belek » pour « fais attention » et « beurette » auraient mérité leur place parmi les mots des jeunes. Concertation entre les auteurs. « C’est quoi une beurette ? », ose encore David. « C’est une meuf orange à cause du fond de teint qui va à la chicha », répond Violette du tac au tac.
Mais alors, le contenu de J’ai le seum, dépassé ? « Si on voulait vraiment être à la page, il faudrait écrire un bouquin tous les six mois, estime David Kuhn. Le carnet de notes à la fin nous semblait essentiel parce que le langage n’est pas figé. D’ailleurs, on se comprend moins bien qu’avant parce que Violette a déjà créé un nouveau langage. »
David Kuhn et Violette Duplessier, les auteurs de « J'ai le seum ».
David Kuhn et Violette Duplessier, les auteurs de « J'ai le seum ». - Ed Ipanema