dimanche 16 août 2015

Rentrée littéraire : un automne ouvert

LE MONDE DES LIVRES | | Par
Valeurs sûres, auteurs établis et jeunes talents se partagent l’actualité éditoriale de la rentrée – dont « Le Monde des livres » rendra compte en détail dès la semaine prochaine.

Le 9 juin, un même soupir de soulagement a parcouru les maisons d’édition françaises. Il a été poussé lorsque Isabelle Laffont, présidente de JC Lattès, a annoncé que Grey, quatrième tome de la ­série « Cinquante nuances », d’E. L. James, ne serait finalement pas ­publié le 10 septembre, comme indiqué initialement, mais le 28 juillet, pour « ne pas se mêler aux titres de la rentrée littéraire » – et éviter de venir torpiller leurs ventes. L’inquiétude montait d’autant plus dans le milieu éditorial que, depuis le mois de janvier, un autre mastodonte ­annoncé était programmé, pour cause de sortie mondiale, en pleine rentrée littéraire : Millénium 4, signé David Lagercrantz, qui paraîtra le 28 août chez Actes Sud.
En 2014, la rentrée littéraire avait été phagocytée par la sortie surprise, le 5 septembre, de Merci pour ce moment, de Valérie Trierweiler (Les Arènes). Laissant peu de place aux ouvrages de littérature, à l’exception du Royaume, d’Emmanuel Carrère (POL), qui avait dominé les listes de meilleures ventes, devant les ouvrages ­sacrés en novembre par les prix, de Pas pleurer, de Lydie Salvayre (Seuil), à Terminus radieux, d’Antoine Volodine (Seuil). Or, les titres de la rentrée littéraire génèrent en moyenne 18 % de la valeur annuelle des ventes de fiction et grand format, selon l’Institut GFK.
La publication avancée de Grey n’est pas le seul bon augure en cette rentrée. Les chiffres décrivent une légère embellie depuis le mois de décembre 2014, où le marché de la vente de livres a marqué une progression de 1 % d’après l’hebdomadaire spécialisé Livres Hebdo ; selon GFK, au premier trimestre, la hausse a été de 7,2 %, et s’est poursuivie les mois suivants – une série de chiffres comme le secteur n’en avait pas connu depuis 2009.

Place aux autres talents

Dans ce contexte, c’est une rentrée littéraire « prudente » qu’ont préparée les maisons d’édition françaises. Entre la mi-août et le mois d’octobre, ce sont quelque 589 romans français et étrangers qui vont être publiés, contre 607 en 2014 (selon les décomptes de Livres Hebdo). Autre caractéristique de la saison : les « stars » sont en nombre suffisamment réduit pour laisser de la place aux autres talents.
Du côté des têtes d’affiche, cette rentrée compte, comme les vingt-deux précédentes, un roman d’Amélie Nothomb, Le Crime du comte de Neuville, chez Albin Michel, qui publie également un autre pilier de son catalogue : Eric-Emmanuel Schmitt (La Nuit de feu). Les autres maisons publient aussi des auteurs « identitaires » : ainsi de Christine Angot chez Flammarion (Un amour impossible), d’Alain Mabanckou et Philippe Delerm, au Seuil (pour, respectivement, Petit Piment et Les Eaux troubles du mojito), de Jean-Philippe Toussaint chez Minuit (La Mélancolie de Zidane), de Delphine de Vigan chez JC Lattès (D’après une histoire vraie), de Mathias Enard (Boussole) pour Actes Sud, de Frédéric Beigbeder chez Grasset (Conversations d’un enfant du siècle) ou encore de Nicolas Fargues chez POL (Au pays du p’tit) – maison à laquelle Atiq Rahimi, Prix Goncourt 2008, fait une infidélité en publiant La Ballade du Calame à L’Iconoclaste. En littérature étrangère, le casting (composé de 196 titres, huit de moins qu’en 2014) compte de grands noms, de la Prix Nobel américaine Toni Morrison (Délivrances, Christian Bourgois) à l’Israélien David Grossman (Un cheval entre dans un bar, Seuil), en passant par Martin Amis (La Zone d’intérêt, Calmann-Lévy), Jim Harrison (Péchés capitaux, Flammarion), Nick Hornby (Funny Girl, Stock)… La palme du livre le plus longtemps attendu revient sans conteste à L’Infinie Comédie, de David Foster Wallace (L’Olivier), paru aux Etats-Unis en 1996.
Cette rentrée littéraire est de celles que l’on dit « ouvertes » parce que les auteurs les plus célèbres n’éclipsent pas les autres, quadras ou jeunes quinquagénaires en passe de devenir des valeurs sûres de la littérature française. Ainsi de Simon Liberati, qui publie Eva (Stock) ; d’Agnès Desarthe et de Ce cœur changeant (L’Olivier) ; de ­Carole Martinez, qui propose La terre qui penche (Gallimard), ou de Charles Dantzig qui retrace une Histoire de l’amour et de la haine (Grasset)… La génération suivante aligne aussi de beaux talents. Comme Alice Zeniter, 29 ans, Prix du livre Inter 2013, qui revient avec Juste avant l’oubli (Flammarion), ou Tristan Garcia, 34 ans, qui publie 7 (Gallimard), sept ans après son premier roman très remarqué, La Meilleure Part des hommes. Notons qu’après avoir été en finale face à Emmanuel Carrère pour le Prix littéraire du Monde (lire ci-contre), avec La Condition pavillonnaire, Sophie Divry, 36 ans, fait de nouveau partie des auteurs en lice avec Quand le diable sortit de la salle de bain (Notabilia)…

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/livres/article/2015/08/12/rentree-litteraire-un-automne-ouvert_4722495_3260.html#8poaFo2ZQbcYf3kZ.99

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