dimanche 25 mai 2014

La dictée de printemps : Tintin au pays de… l’orthographe?!

La Montagne  25/05/14 -  

La dictée de printemps : Tintin au pays de… l’orthographe?!


Lu 357 fois

DICTEE DE PRINTEMPS Pole Lardy Vichy - violaine allirand
DICTEE DE PRINTEMPS Pole Lardy Vichy - violaine allirand
Pour ceux qui souhaitent se prêter à l'exercice, voici la dictée proposée samedi au Pôle Larly par l’association DLF 03 qui rassemble les amoureux de la langue française. Tous à vos stylos...
Tintin au pays de… l’orthographe !
Louée sois-tu, ô Belgique, d’avoir conçu Tintin ! Les amateurs de menhirs peuvent toujours s’aligner : aucun druide, aucune potion magique ne saurait nous faire oublier les quelque seize cents pages qu’a arpentées le célèbre gazetier aux cheveux carotte… Tour à tour, nous fûmes l’égyptologue traquant les sarcophages et les macchabées momifiés ; l’humble coolie qui plie sous le faix pour quelques piécettes extrême-orientales ; le sherpa tibétain sur les traces du yéti, cette espèce de pithécanthrope pourvu d’un cœur tendre. Combien, en outre, se sont laissé gagner par le syndrome du collectionneur, révérant plus que de raison des albums à demi décrépits, entassant pêle-mêle les talismans qui font partie du culte : ici un fétiche à l’oreille ébréchée, là l’épeire diadème ou le sceptre du roi transylvain ?
Mais Tintin, c’est avant toute chose une flopée de personnages hauts en couleur qui, aujourd’hui encore, ne cessent de nous interpeller : le capitaine aux trois quarts éthylique, grand pourfendeur de bachi-bouzouks et de boit-sans-soif ; le savant dur d’oreille, qui rêvasse ou papillonne parmi les athanors, cornues et autres récipients tarabiscotés de son laboratoire ; les frères siamois, ces barbouzes qui, faute d’avoir collé les poucettes à l’infâme desperado, s’emberlificotent dans une tirade tout empreinte de psittacisme ; le majordome stylé, lequel sert, d’une main sûre, picholines et daiquiri ; la prima donna stéatopyge, qui pleure sa verroterie tout en peaufinant ses appogiatures ; l’assureur maison, dont le baratin logorrhéique entre à grand-peine dans les phylactères usuels ; sans omettre le mâtin du héros — plus vraisemblablement un fox-terrier, attendu la taille de l’intéressé — qui, vaille que vaille, escorte son maître.
Merci mille fois, chers amis d’outre-Quiévrain, pour cet univers impitoyable, jusque sur le plan orthographique !

Voici quelques explications et les pièges à éviter : quelque : adverbe invariable ; carotte : invariable car la carotte existe dans la nature ; coolie : mot anglais datant de la colonisation de l’Inde ; faix : poids ou fardeau ; pithécanthrope : formé de deux radicaux grecs, homme-singe ; épeire diadème : araignée très commune en Europe ;
transylvain : de Transylvanie transformée en Syldavie dans Le Sceptre d’Ottokar ; bachi-bouzouks : soldats de l’empire ottoman, au pluriel ; boit-sans-soif : nom commun composé (traits d’union) invariable ; athanors : mot archaïsant pour « fours » ; poucettes : menottes en argot policier ; tout (empreinte) : adverbe, donc invariable ; psittacisme : répétition mécanique de mots que l’on ne comprend pas ; stéatopyge : « aux fesses grasses » à rapprocher de callipyge « aux belles fesses » ;
appoggiature : désigne une note de musique qui vient « s’appuyer » juste à côté de la note attendue, comme si cette dernière cible avait d’abord été manquée de peu avant d’être atteinte ; logorrhéique : la logorrhée est le flux verbal ininterrompu ; phylactères : nom masculin, bulles dans lesquelles les auteurs de bandes dessinées insèrent leurs textes ; mâtin : initialement gros chien de garde napolitain, par généralisation tout type de chien ; attendu : préposition, donc invariable ; Quiévrain, petite commune du Hainaut qui est à la frontière avec la Belgique. Nom utilisé dans l’expression outre-Quiévrain, comme outre-Rhin, outre-manche

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire